Tony Blair payé 46 fois moins que le PDG de Vodafone, Thierry Breton rémunéré 6 fois moins à Bercy qu'à la tête de France Télécom... A première vue le constat est sans appel : gouverner un pays est bien moins lucratif que diriger une multinationale !
Des chefs de gouvernement payés 10 fois moins que les grands PDG
Selon PRNews wire, "la plupart des Premiers ministres (européens, NDLR) sont payés entre 10 et 20 % des salaires prévus par le secteur privé pour des emplois d'une même envergure". En Grande-Bretagne, le ratio tomberait même entre 5 % et 10 % pour Tony Blair. Le Premier ministre Dominique de Villepin reçoit 240 000 euros par an quand le PDG de L'Oréal, Lindsay Owen Jones, a perçu 6,6 millions d'euros au titre de sa rémunération salariale en 2004 (22,631 millions d'euros au total avec les stock options). La rémunération des élus et des dirigeants politiques (parlementaires, ministres...) se rapproche donc davantage de celle des cadres et professions libérales du secteur privé :
20 100 € le salaire de Dominique de Villepin :
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plus qu'un PDG
d'une entreprise de plus de 100 salariés
(17.800 )
- moins qu'un animateur TV vedette
(60.000 )
13 300 € le salaire d'un ministre :
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plus qu'un PDG d'une entreprise de 50 à 100 salariés
(8.900 )
- moins qu'un notaire (15 600 €) ou
qu'un chirurgien (14.200 €)
5 030 € une indemnité parlementaire :
- plus qu'un pilote d'avion
débutant
(4.250 €)
- moins qu'un chirurgien dentiste
(6.170 )
- autant qu'un moniteur de ski en saison (5250 €)
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Cumuls et avantages en nature
Mais au-delà des chiffres bruts de leurs rémunérations, les "serviteurs de l'Etat" bénéficient de nombreux avantages financiers et matériels : transport gratuit,
indemnités de frais de mission qui peuvent doubler le salaire, logements de fonction dans des hôtels particuliers parisiens pour les ministres, prêts immobiliers... Un député-maire ou un ministre-conseiller général peut même cumuler des avantages liés à ses différents mandats.
Pour éviter les abus, des plafonds ont donc été prévus par la loi : ainsi depuis 1992, les indemnités d'un parlementaire liées à un mandat local sont limitées à 2 663,17 euros par mois. Pour un ministre, les rémunérations et les indemnités des fonctions locales ne peuvent excéder 1,5 fois son traitement ministériel. Par ailleurs, depuis 2000, la loi interdit à un député ou un sénateur de cumuler son mandat parlementaire avec celui de représentant au Parlement européen ou de plus d'un mandat local.
Le logement de fonction des ministres est aussi plus strictement encadré depuis "l'Affaire Gaymard". En mars 2005, les révélations sur le logement du ministre de l'Economie (un duplex de 600 m² loué aux frais de l'Etat 14 000 euros par mois) entraînaient la démission d'Hervé Gaymard. Jean-Pierre Raffarin décidait alors que la prise en charge par l'Etat d'un logement ne pourrait excéder une superficie de 80 m² plus 20 m² par enfant à charge pour les ministres ne disposant pas d'un logement de fonction dans les locaux de leur ministère.
La politique, une "profession" atypique
Si en politique, la comparaison public/privé est si délicate, c'est avant tout en raison du statut atypique des élus : avec l'avènement de régimes parlementaires démocratiques, la représentation locale ou nationale a cessé d'être le privilège d'une aristocratie rentière. Avocats, universitaires, ingénieurs, entrepreneurs, ouvriers, tous les citoyens ont pu accéder aux mandats électoraux. Mais comment subvenir à ses besoins, si l'on doit renoncer à exercer son métier pour servir l'Etat ? Pour éviter aux élus d'être confrontés à ce dilemme et les prémunir contre la corruption, un régime d'indemnités, des aides matérielles, et une "allocation d'aide au retour à l'emploi" ont donc été progressivement codifiés par le Parlement. En réaction aux révélations sur les subventions occultes, contre la culture des "fonds secrets", et les réminiscences d'un faste monarchique, les démocraties visent ainsi à élaborer un "statut" de l'homme public guidé par des exigences de transparence et d'équité.
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