Chômage : plus de 5 000 euros d'indemnités, c'est trop ?

Chômage : plus de 5 000 euros d'indemnités, c'est trop ? Alors que le niveau du chômage en France vient de battre un nouveau record, la baisse des indemnités les plus hautes est une solution évoquée. Faut-il baisser les plus fortes allocations chômage ?

A l'heure où l'Etat a besoin de réaliser des économies, la dégradation des comptes de l'assurance chômage est un vrai sujet de préoccupation. Les derniers chiffres concernant l'évolution de l'emploi en France sont une nouvelle fois peu reluisants. En avril, le pays a enregistré une hausse considérable du nombre de demandeurs d'emploi : ils sont 40 000 de plus par rapport au mois dernier. Désormais, il y a donc 3 264 000 chômeurs en France. Or, et c'est le cercle vicieux du chômage, plus il y a de demandeurs d'emploi et plus l'Etat dépense d'argent en indemnités et frais de formation.

Chaque année, la France dépense 50 milliards d'euros en aides et accompagnement de retour à l'emploi à destination des chômeurs. Les indemnités représentent à elles seuls autour de 38 milliards d'euros, elles devraient même passer à 39 milliards en 2014 selon les chiffres de l'Unédic. Or le défiicit du financement de l'assurance chômage devrait être de 18,5 milliards d'euros en 2013. Comment faire face à la dégradation des comptes de l'assurance chômage ? Le gouvernement est obligé de se poser la question. Il a même déjà dû se résoudre à prendre en compte les considérations de la Cour des comptes sur le sujet. 

Parmi les propositions les plus en vue : la diminution des indemnités les plus élevées est sérieusement envisageable. François Hollande a déjà fait savoir qu'il réunirait les partenaires sociaux fin juin pour, entre autres, renégocier le régime de l'assurance chômage. La politique d'indemnisation des demandeurs d'emploi sera, à coup sûr, modifiée dans les prochains mois. Le président et son gouvernement savent que le système français est le plus "protecteur" d'Europe - dixit la Cour des comptes -, qui insiste sur le fait qu'il "voit son efficacité se dégrader, son équité se fragiliser". Dans ce contexte, le gouvernement sera probablement enclin à faire de "l'équité" le principal argument pour justifier une baisse des plus hautes indemnités.

5 000 euros par mois d'allocation chômage, c'est possible ?

Concrètement, les situations des demandeurs d'emploi sont très différentes les unes des autres. Ainsi, la Cour des comptes souligne que "pour un cadre de moins de 50 ans dont la rémunération mensuelle brute était de 10 000 euros [...] l'indemnité s'élève à 5 012,40 euros net, soit un montant considérablement plus important que celui auquel peut prétendre une personne dans une situation similaire en Allemagne (environ 2 200 euros)". Une somme considérable, surtout si on la compare avec les 980 euros brut d'indemnités que touche, en moyenne, l'ensemble des chômeurs.
Rappelons aussi qu'un tiers des demandeurs d'emploi n'a pas le droit au chômage.
Autre donnée à prendre en compte et qui devrait peser dans les prochaines négociations : le taux de remplacement, c'est à dire le montant de l'allocation chômage perçue en fonction du montant l'ancien salaire touché, est en moyenne de 69 % de l'ancienne rémunération salariale.
En clair, cela signifie que les cadres qui touchaient auparavant 10 000 bruts et qui reçoivent 5 000 euros d'indemnités chômage sont, proportionnellement, moins bien indemnisés que les autres chômeurs. 

La question de "l'équité" est donc bien plus complexe qu'elle n'apparaît de prime abord. Rendre le système français passe-t-il donc par un plafonnage ou une dégressivité plus poussée des allocations les plus élevées ? La proposition est sur la table. Elle sera examinée à l'aune de ses effets en termes de justice sociale, mais aussi en termes d'incitation à la reprise d'emploi.

EN VIDEO : Malgré les mauvais chiffres, François Hollande a maintenu son objectif d'inversion de la courbe du chômage fin 2013 :

"Hollande garde l'objectif d'inversion de la courbe du chômage"