Jésus de Nazareth : sur les traces de Jésus Christ Jésus et Marie-Madeleine

Marie-Madeleine est généralement associée à un personnage sulfureux, celui d'une prostituée repentie très proche de Jésus. En réalité, elle ne se réduirait pas à cette figure.

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Le Christ et la femme repentie. Rubens. © Ancienne Pinacothèque de Munich

Marie-Madeleine, riche GaliléenneMarie-Madeleine, figure féminine la plus sulfureuse des évangiles, semble résulter de l'amalgame de plusieurs femmes. La première est Marie de Magdala, une riche galiléenne guérie par Jésus, suffisamment fortunée pour aider financièrement le groupe des apôtres. Rien à voir donc avec une prostituée. Marie de Magdala se tient aux pieds de la croix, à la mort du Christ, et appartient au groupe de femmes qui constatent, au surlendemain de la crucifixion, que le corps de Jésus a disparu du tombeau. Surtout, selon Jean, c'est à elle qu'apparaît en premier Jésus ressuscité le matin de Pâques. C'est également elle qui reçoit la mission d'annoncer la résurrection du Christ aux autres disciples, ce qui fait d'elle "l'Apôtre des Apôtres". La phrase prêtée à Jésus au moment de sa rencontre avec Marie-Madeleleine, "Ne me touche pas", ou "Ne me retiens pas", peut laisser supposer une relation privilégiée avec Jésus. Mais la dizaine de versets qui la concerne ne permet guère d'aller plus loin.

Trois femmes en une

C'est de la confusion avec deux autres figures féminines des évangiles qu'est née la réputation sulfureuse de Marie-Madeleine. L'une d'entre elles est Marie de Béthanie, la sœur de Marthe et de Lazare, avide des paroles de Jésus, qui oint ses pieds de parfum et les essuie avec sa chevelure. L'autre est une prostituée, "la pécheresse anonyme", qui lave elle aussi les pieds de Jésus. A la fin du VIe siècle, le Pape Grégoire le Grand déclare que Marie de Magdala et ces deux femmes n'en forment qu'une : la fidèle disciple, l'amie et la prostituée sont ainsi réunies afin de promouvoir une figure charismatique de repentance, brandie en exemple à la gent féminine. Par la suite, la tradition chrétienne ne cessera de se réapproprier la figure de Marie-Madeleine pour l'adapter à ses besoins : elle devient patronne des ordres mendiants, icône guérisseuse des malades ou des femmes enceintes.

Les femmes dans les évangiles apocryphes

L'Eglise a retenu le nombre de douze apôtres, symbolisant les douze tribus d'Israël. Mais Jésus a été entouré d'autres disciples et notamment de femmes : des mécènes mais aussi des épouses se coupant de leur famille pour suivre Jésus, transgressant ainsi les coutumes sociales. Dans les premiers temps de la chrétienté, ces figures féminines ont été mises en avant par des communautés chrétiennes minoritaires, afin, peut-être, de s'affirmer face à l'Eglise romaine. A partir du IIe siècle, apparaissent ainsi des évangiles dits apocryphes, "cachés", non reconnus par l'Eglise, comme celui de Marie-Madeleine, qui placent les femmes au premier plan. Dans l'évangile de Thomas, Marie-Madeleine fait ainsi partie des apôtres et embrasse Jésus sur la bouche. "La pécheresse repentie" devient très tôt une égérie des Eglises gnostiques, formant un couple sacré avec Jésus. Mais aucun évangile, même apocryphe, n'évoque de descendance de Jésus.