Les sociétés secrètes d'hier et d'aujourd'hui Les Muti
Afrique du Sud
Fondé au XXe siècle
En Afrique du Sud, on a volontiers affaire aux Sangomas pour se guérir de ses maux : si de nombreux sorciers se contentent de prescrire des remèdes à partir de plantes et parfois de chair animale, certains pensent que la chair humaine a aussi ses vertues. Muti, qui signifie en langue zoulou "médecine", désigne cette forme de sorcellerie.
Certains Sangomas n'hésitent pas à fabriquer des médicaments à base de cadavres et réclament pour cela le sacrifice d'enfants, réputés plus purs que les adultes. C'est qu'en effet les parties de corps humains sont douées de bien des bienfaits : les parties génitales auraient le pouvoir d'accroître la virilité ou la fertilité ; les yeux d'un enfant donneraient une vue perçante ; la graisse de l'estomac garantirait de bonnes récoltes. Par ailleurs, le traitement aurait davantage d'effet lorsque les prélèvements sont effectués sur des victimes vivantes, leurs cris éveillant les puissances surnaturelles. En Afrique du Sud, les disparitions étranges se sont pour cette raison multipliées ces dernières années.
Le sacrifice rituel est longtemps resté un sujet tabou, dont personne ne voulait s'occuper. Peur des représailles des sorciers, perçus comme très puissants par la majorité de la population ? Manque d'intérêt pour des disparitions qui peuvent passer inaperçues dans un pays où l'on enregistre 22 000 homicides par an ? Volonté de laisser dans l'ombre un aspect de la culture sud-africaine, traditionnel et barbare ?