Hamas : la bande de Gaza, le Fatah... 3 clés pour comprendre

Hamas : la bande de Gaza, le Fatah... 3 clés pour comprendre L'intervention d'Israël dans la bande de Gaza jette de nouveau la lumière sur le Hamas. Création et relations avec le Fatah, domination à Gaza et confrontations avec Israël, influences chiites avec le Hezbollah et sunnites. Trois points clés pour comprendre.

[Mis à jour le 21 juillet 2014 à 14h56] C'est une hypothèse, pas encore une certitude. Selon plusieurs spécialistes de la question israélo-palestinienne, le Hamas pourrait avoir jeté des bombes sur Israël pour tester le "dôme de fer", le système de protection anti-missile de l'Etat d'Israël, à la demande de l'Iran. Au-delà du drame des trois étudiants israéliens tués fin juin, après leur enlèvement, la raison militaire et stratégique de la violente riposte de Tsahal, l'armée israélienne, dans la bande de Gaza résiderait donc dans un simple test. Cette thèse, si elle se confirmait, replacerait clairement l'organisation palestinienne dans un mystérieux jeu d'influences entre chiites et sunnites dans la région. Organisation islamiste, le Hamas, rival du Fatah de Mahmoud Abbas, est en effet depuis toujours tiraillé entre les deux branches de l'Islam. Explications en 3 points.

1-Le Hamas et le Fatah. Le Hamas, "Mouvement de résistance islamique", a été créé en 1987, en marge du Fatah, le mouvement de "libération nationale" créé en 1959 par Yasser Arafat. Là où la majorité des dirigeants du Fatah acceptent aujourd'hui le retour aux frontières de 1967, précédent la guerre de Six jours, le Hamas refuse toute forme de concession aux Israéliens, se développe en marge des institutions publiques et rejette les accords d'Oslo de 1993. Autre différence avec le Fatah qui se définit comme révolutionnaire et surtout "laïque" : le Hamas est avant tout un mouvement religieux, qui s'est donné comme objectif de détruire l'Etat d'Israël et de créer un Etat islamique unifié sur le territoire de l'ancienne Palestine.

C'est en 2006 que la véritable scission a lieu entre les deux mouvements palestiniens. Après la mort de son chef historique, Ahmed Yassine, en 2004, tué par une attaque de l'armée israélienne, le Hamas change de cap et s'implique dans la vie politique palestinienne. A la suite de sa victoire lors des élections législatives de 2006, une violente opposition va s'installer avec le Fatah, ce que certains appellent alors la "guerre civile palestinienne". S'en suit une partition des territoires palestiniens. La Cisjordanie restera sous la direction du Fatah tandis que le Hamas va s'installer plus profondément dans la bande de Gaza.

2- Le Hamas dans la bande de Gaza

Cette installation du Hamas dans la bande de Gaza, où il était depuis longtemps très populaire, coïncide avec le désengagement d'Israël de ce territoire palestinien en bordure de l'Egypte. Dès lors, le Hamas s'installe toujours un peu plus dans la radicalité et la clandestinité quand l'autorité palestinienne, principalement sous influences du Fatah, tente un dialogue, bien que très tendu, avec les autorités israéliennes. A la frontière entre la bande de Gaza et Israël, un soldat israélien, Gilad Shalit, est kidnappé le 25 juin 2006. Très médiatisé, cet enlèvement provoque la riposte d'Israël qui mène l'opération "Pluies d'été" dans la bande de Gaza. Gilad Shalit, lui, ne sera libéré qu'en 2011.

Sous la direction du Hamas, la bande de Gaza va être soumise à un blocus d'Israël et de l'Egypte à partir de septembre 2007. Les brigades du Hamas n'auront de cesse, dès lors, d'intensifier leur résistance par des actes terroristes : lancement de roquettes sur l'Etat d'Israël depuis la bande de Gaza, attentats suicides et tentatives d'incursions via des tunnels à la frontière... Plusieurs interventions militaires d'Israël sous la forme de bombardements, de raids ou encore d'interventions terrestres seront menées en représailles, notamment en 2008-2009 (la guerre de Gaza), en 2012 et désormais en 2014.

"Israël et les territoires palestiniens"

3- Le Hamas, mouvement sunnite soutenu par les chiites

Créé par trois militants proches des frères musulmans (Mohammed Taha, Ahmed Yassin et Abdel Aziz al-Rantissi), le Hamas est à l'origine une organisation sunnite. Mais très vite dans son histoire, il est influencé par l'axe chiite (Iran-Syrie-Hezbollah) qui tente d'unifier la résistance arabe contre Israël au Moyen-Orient. Le Hamas est ainsi soutenu matériellement et financièrement par l'Iran, seul pays à majorité chiite de la zone, par le Hezbollah, organisation chiite très active au Liban (elle aussi soutenue par Téhéran) et dans une moindre mesure par la Syrie de Bachar el-Assad (issu lui-même d'une minorité chiite, les alaouites).

Pour autant, les velléités pan-arabiques de l'axe chiite étaient combattues au sein du Hamas ces dernières années. Après s'être sensiblement rapproché de puissances sunnites (Egypte, Turquie et surtout Qatar), le Hamas a clairement pris ses distances avec son cousin le Hezbollah quand celui-ci s'est engagé aux côté de Bachar el-Assad dans le conflit syrien. Khaled Mechaal, le chef du bureau politique du Hamas, ira même jusqu'à quitter la capitale syrienne Damas, où il était jusqu'à présent en exil, pour la capitale qatari Doha. Dans la bande de Gaza, on rapportera également les arrestations de plusieurs dignitaires chiites. Mais tandis que plusieurs dirigeants sunnites exhortaient le Hamas à soutenir les rebelles syriens contre Bachar el-Assad, les brigades armée du Hamas, Ezzedine al-Qassam, militaient pour une confiance renouvelée vis-à-vis du Hezbollah et pour l'Iran, seuls à même selon eux de financer et d'armer la lutte contre Israël.

500 morts dans la bande de Gaza

L'intervention israélienne dans la bande de Gaza, justifiée cette fois par le gouvernement de Benjamin Natanyahu par l'enlèvement puis la mort de trois étudiants israéliens, a fait à ce jour plus de 500 morts côté Palestiniens, en majorité des civils. Une vingtaine d'Israéliens sont morts, en majorité des militaires. Ce nouveau conflit, entamée le 7 juillet 2014, est considéré comme le plus sanglant à Gaza depuis l'offensive de 2008.