Entre Rachida Dati et Dominique Desseigne, le conflit perdure

Entre Rachida Dati et Dominique Desseigne, le conflit perdure Dominique Desseigne a été reconnu par la justice comme le père de Zohra, la fille de Rachida Dati. L'homme d'affaires disposait d'une arme explosive contre l'ancienne ministre.

[Mis à jour le 8 janvier 2016 à 18h47] Rachida Dati aura finalement obtenu gain de cause dans l'affaire qui l'oppose à Dominique Desseigne. Ce dernier a été juridiquement reconnu comme le père de Zohra Dati en appel en ce début d'année 2016, sept ans après la naissance de la petite fille et près de trois ans après le début des poursuites de Rachida Dati. Le multi-millionnaire devra verser une pension de 2500 euros par mois pour subvenir aux besoins de la fille de l'ancienne ministre de la Justice. Une pension rétroactive dont le montant doit être payé à compter de décembre 2013.

Dominique Desseigne, patron des casinos Barrière et du Fouquet's, à la tête d'une fortune estimée à plusieurs centaines de millions d'euros,  n'a jamais directement réagi aux accusations et aux exigences de Rachida Dati. Mais depuis le début de la procédure, des proches se sont chargés de livrer sa version de l'affaire. Avec parfois un sens de l'élégance très relatif. Interrogé par VSD, l'un d'eux indiquait il y a quelques années que Desseigne avait "la désagréable impression d'être pris pour un pigeon". L'homme d'affaires, invité renommé du Fouquet's après l'élection de Nicolas Sarkozy, avait d'ailleurs assuré "qu'il ne se laisserait pas plumer comme un perdreau de l'année" selon des confidences révélées peu après la médiatisation de l'affaire, fin 2012.

Rachida Dati "entrelaçait les liaisons" selon Desseigne

Dans "M", le magazine du Monde, un portrait de Dominique Desseigne était dressé début novembre 2012, juste avant son assignation devant la chambre civile du tribunal de grande instance de Versailles. Ascension professionnelle, calvaire familial avec la perte de son ex-épouse Diane, amitiés à droite et notamment avec Nicolas Sarkozy... De nombreuses confidences étaient révélées dans cet article de deux pages, manifestement bien informé. Mais la principale information restait liée au tourbillon médiatique qui entourait déjà sa liaison avec Rachida Dati. Dominique Desseigne est-il le père de Zohra Dati, s'interrogeait en substance Le Monde ? S'il n'a pas donné de réponse explicite, le journal livrait en tout cas deux éléments clés, toujours d'actualité aujourd'hui : tout en reconnaissant une liaison avec Rachida Dati, Dominique Desseigne niait catégoriquement être le père de sa fille et il semblait alors prêt à tout pour avoir gain de cause devant la justice.

Selon, Dominique Desseigne, sa liaison avec l'ancienne garde des Sceaux ne serait qu'une "aventure". "Il a formellement dit à Rachida Dati qu'il ne voulait pas avoir d'enfant", écrivait le Monde en citant "un proche". C'est d'ailleurs pour cette raison que le couple aurait rompu. Surtout, Dominique Desseigne laissait entendre que Rachida Dati "entrelaçait les liaisons". Autrement dit que la ministre aurait cumulé les amants entre 2007et 2008. Son avocate, Me Michèle Cahen, a déjà explicitement invoqué la multiplicité des relations de l'ancienne ministre. Me Florence Rault, une autre avocate de l'homme d'affaires, aurait affirmé, en pleine audience, que du 24 au 26 avril 2008, date proche de la conception supposée de Zohra Dati, la ministre de la Justice était à l'étranger, à Madrid puis au Qatar. Une manière de dire qu'elle était loin de Dominique Desseigne, mais aussi d'insinuer qu'elle pouvait être avec un autre homme lors de ces déplacements.

Huit amants supposés

Dans son article de 2012, Le Monde listait en effet, hors citation, "huit" amours supposés : "un animateur télé", "un ministre", "un PDG", "l'un des frères de Nicolas Sarkozy", "l'héritier d'un empire de luxe", mais aussi "un Premier ministre espagnol" et "un procureur général qatari"... Parmi eux, on reconnaissait bien sûr Dominique Desseigne, mais aussi François Sarkozy, frère cadet de l'ancien chef de l'Etat. Lui aussi avait été visé par les "on-dit" dans les médias après la naissance de Zohra Dati en janvier 2009. Le patron d'EDF Henri Proglio, l'animateur Arthur et même l'ancien ministre des Sports Bernard Laporte avaient également été cités dans la presse, sans que rien ne soit jamais démontré.

L'ancien chef du gouvernement espagnol Jose Maria Aznar, avait quant à lui dû démentir la paternité de Zohra Dati, tant les bruits furent insistants. Le choix des avocates de Dominique Desseigne d'évoquer en audience les voyages officiels de Rachida Dati à Madrid et au Qatar ne semblent pas totalement innocents au regard de ces rumeurs...

Une longue procédure

Si elle a obtenu une pension (quoique moins élevée que les 6000 euros par mois demandés à l'origine), Rachida Dati ne sort donc pas totalement indemne médiatiquement de cet affrontement. Il faut dire que l'affaire a été longue à boucler. L'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, devenue maire du 7e arrondissement de Paris, avait entamé la procédure de reconnaissance de paternité visant le PDG du groupe Barrière dès le mois d'octobre 2012. Le tribunal civil de Versailles s'était prononcé une première fois le 4 décembre la même année. Les juges avaient alors ordonné une expertise génétique donnant déjà raison à l'ancienne ministre de la Justice qui réclamait un "test de paternité", certaine que Dominique Desseigne était le père de sa fille Zohra.

Le PDG du groupe de casinos Lucien Barrière ne s'est pourtant jamais soumis à ces tests ADN. En droit français aucun citoyen n'est obligé de se plier à ce genre de test, même si la justice en ordonne l'expertise. C'est en revanche l'argument qui sera retenu par le tribunal tribunal de Grande instance de Versailles dès le mois d'octobre 2014 : Dominique Desseaigne sera désigné une première fois comme le père biologique de Zohra Dati, le refus de l'homme d'affaires de se prêter à un test ADN pouvant être interprété comme un aveu de paternité selon les juges. Déjà, la pension alimentaire était fixée à 2 500 euros. Le jugement en appel qui a été rendu ce jeudi 7 janvier 2016, n'a fait que confirmer le verdict initial.