Marcel Campion prend sa retraite de forain... mais vise encore la mairie de Paris

Marcel Campion prend sa retraite de forain... mais vise encore la mairie de Paris CAMPION - Le forain Marcel Campion a décidé de stopper ses activités foraines. Les propos homophobes qu'il a tenus il y a quelques jours avaient provoqué un tollé qui avait amené la ministre de la Culture à réagir.

[Mis à jour le 27 septembre 2018 à 11h40] Marcel Campion arrête. Plus d'une semaine après avoir suscité un vent d'indignations provoqué par sa diatribe homophobe, en réunion publique, l'homme de la grande roue de Paris a publié un communiqué pour expliquer qu'il cessait le métier qui a été le sien durant plusieurs décennies. "Afin de ne pas nuire ni à ma famille ni à ma profession foraine, j'ai décidé de cesser mes activités foraines personnelles et aussi de démissionner de mes activités au sein de l'association du Monde Festif organisatrice de l'événement 'La magie de Noël' aux Tuileries pour les fêtes de fin d'année", fait-il savoir dans un communiqué ce jeudi matin. Le forain met aussi en vente sa grande roue, qu'il avait dû déplacer, la municipalité de Paris n'ayant pas renouvelé sa concession pour la place de la Concorde.

Pour autant, Marcel Campion entend bien rester à Paris pour mener la campagne des élections municipales dans laquelle il s'est lancé. Convaincu d'avoir été mal compris, il a ajouté, dans son communiqué : "Quant à mes propos consciencieusement exploités, que le parcours de ma vie prouve que je ne suis pas homophobe et que je réitère mes excuses aux personnes que cela aurait pu blesser".

Marcel Campion dépassé par ses propos homophobes

Le "roi des forains" a semblé mesurer, lundi dernier, à quel point les propos homophobes qu'il avait tenus publiquement, pouvaient lui coûter très cher. Le forain avait publié un communiqué, pour tenter d'atténuer la polémique. Il se justifiait, expliquait qu'il avait tenu ces propos "dans l'élan d'une réunion au cours de laquelle (il s)'en prenai(t) en particulier aux dernières décisions de Bruno Julliard, premier adjoint à la mairie de Paris à l'époque, contre les forains", avant de faire un premier mea culpa : "Pris isolément et au pied de la lettre, je mesure à quel point ces propos peuvent être interprétables et donc blessants".

La révélation de ses ubuesques déclarations par Le Journal du Dimanche, avait créé un tollé. Anne Hidalgo, la maire de Paris, avait publiquement demandé que la justice soit saisie, parlant de "propos inadmissibles". Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a considéré que Marcel Campion tombait dans "l'homophobie la plus crasse". Le principal intéressé, Bruno Julliard, avait lui-aussi réagi. "Certaines injures, par celui qui les prononce, deviennent des décorations... Mais l'homophobie doit être combattue sans relâche, parce qu'elle opprime, stigmatise et tue chaque jour. Ces propos abjects ainsi que leur auteur seront poursuivis en justice".

La ministre de la Culture avait d'ailleurs réagi à la polémique auprès du journal Le Monde. Elle laissait entendre que la convention obtenue par Marcel Campion pourrait très rapidement être annulée : "Les propos ignominieux tenus par M. Campion doivent évidemment être condamnés. Mais au-delà, ces mots qui tombent sous le coup de la loi nous interrogent sur la pertinence de confier à celui qui les a proférés l'occupation d'un espace public et d'un haut lieu de la culture", a-t-elle prévenu. Le forain n'aura pas attendu la décision finale de la ministre pour se retirer du métier.

Condamnation judiciaire... et économique ?

Marcel Campion risque une lourde peine. La justice prévoit, pour injure publique une amende de 12 000 euros. Mais lorsque l'injure est sexiste, raciste, handiphobe ou homophobe, alors la peine encourue est bien plus importante : un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende. Une condamnation pourrait aussi empêcher le forain de se porter candidat aux élections municipales à Paris, ou, du moins, considérablement affaiblir sa campagne. Selon un récent sondage effectué par Le Journal du Dimanche, Marcel Campion est actuellement crédité de près de 2% des suffrages pour ce scrutin, qui n'aura lieu que dans deux ans.

Rappelons que Marcel Campion a tenu, entre autres, ces propos : "Bruno Julliard, c'est le plus beau. C'est lui qui commande toute la ville. Il arrive des syndicats des étudiants. Comme il était un peu de la jaquette, il a rencontré Delanoë, ils ont fait leur folie ensemble et paf, il est premier adjoint. Et avec Anne Hidalgo, il est super parce qu'en même temps il lui a amené tous les homos de la terre. C'est à dire que toute la ville maintenant est gouvernée par des homos. [...] Moi, j'ai rien contre les homos, d'habitude, je dis les 'pédés', mais on m'a dit hier qu'il fallait plus que je dise ça. Donc je ne dis plus les pédés, je dis les homos. J'ai rien contre eux, sauf qu'ils sont un peu pervers".