Nafissatou Diallo : finalement, c'est elle qui a gagné

Nafissatou Diallo : finalement, c'est elle qui a gagné Avec l'accord confidentiel conclu à New York et annulant un procès au civil, Nafissatou Diallo a libéré DSK de toute poursuite dans l'affaire du Sofitel. Mais elle semble pourtant gagnante sur tous les tableaux.

Pas de procès, pas de grand déballage et surtout aucun risque de condamnation. L'accord à l'amiable trouvé le 11 décembre 2012 avec Nafissatou Diallo permet à Dominique Strauss-Kahn d'éviter le pire dans l'affaire du Sofitel, après un an et demi de procédures. Pourtant, la victoire n'est peut-être pas là où l'on croit. En obtenant plusieurs millions d'euros de la part de DSK, avec la bénédiction du tribunal du Bronx qui a accepté de clore les poursuites, Nafissatou Diallo ressort comme la grande gagnante de ce cataclysme politique et médiatique mondial.

La première victoire est d'abord financière. Depuis qu'elle a été déboutée de sa plainte au pénal à New York, à l'été 2011, Nafissatou Diallo ne pouvait plus espérer au civil qu'une condamnation de DSK à des dommages et intérêts. L'accord trouvé entre les avocats de la plaignante et ceux de DSK prévoient selon toute vraisemblance plusieurs millions d'euros de dédommagements en sa faveur. Le Monde évoquait avant l'officialisation de l'accord un versement de 6 millions d'euros. Une somme qui n'a pas été confirmée par les deux parties prenantes, les conditions de l'accord à l'amiable étant restées confidentielles. Reste que l'affaire du Sofitel coûtera cher à DSK et que la femme de chambre devrait empocher une véritable fortune qui lui assurera une vie plus paisible et la mettra à l'abri des médias ces prochaines années.

Sur le plan médiatique justement, l'accord trouvé entre DSK et Nafissatou Diallo semble arranger les deux parties. Certes, DSK n'avait aucun intérêt à comparaître lors d'un procès où tous les détails de sa vie privée risquaient d'être révélés au grand jour. Mais il en est de même pour son accusatrice. Plusieurs mensonges de Nafissatou Diallo avaient déjà fait capoter le procès intenté contre DSK au pénal en 2011. De sa demande d'asile aux Etats-Unis en 2002 à des fraudes présumées pour obtenir un logement social en passant par ses approximations sur les faits qui se sont déroulés au Sofitel de New-York le 14 mai 2011, ou encore les sommes d'argent versées sur son compte avant l'affaire, bien des secrets compromettants risquaient d'être dévoilés lors du procès. Depuis qu'elle a accusé DSK d'agression sexuelle, Nafissatou Diallo vit par ailleurs sous la pression constante des médias. Elle a dû déménager et se cacher pour échapper pendant des mois aux paparazzi. Elle aussi avait tout intérêt à voir l'affaire s'arrêter discrètement et au plus tôt.

Enfin, si aucune condamnation judiciaire n'a été prononcée contre DSK, l'accord n'en a pas moins soulevé une vague d'indignation, tant en France qu'aux Etats-Unis, contre l'ancien patron du FMI. Dans l'esprit de bien des commentateurs, DSK, après avoir avoué une "relation inaproprié" sur TF1 l'année dernière, montre qu'il a des choses à se reprocher en accordant des millions à son accusatrice et en tentant ainsi de clore le dossier sans faire de vague. Un aveu de culpabilité en somme. En guise de commentaires, beaucoup de personnalités politiques, comme Dominique Voynet sur le plateau de L'Internaute, soulignent qu'il reste beaucoup à faire "en matière de droit des femmes" et de "reconnaissance de leur droit à vivre sans être harcelées". Une accusation implicite de cette ancienne gloire du PS, littéralement rayée du paysage politique depuis plus d'un an.

EN VIDEO - Un accord a été trouvé entre Dominique Strauss-Kahn et Nafissatou Diallo, à New York. Le montant des éventuels dommages et intérêts que va toucher la femme de chambre du Sofitel reste lui confidentiel.