Orsoni : qui est l'homme d'affaires "condamné à mort" en Corse ?

Orsoni : qui est l'homme d'affaires "condamné à mort" en Corse ? Ancien dirigeant du mouvement nationaliste corse MPA, homme d'affaires et président du club de foot de l'AC Ajaccio, Alain Orsoni est une figure locale qui se dit "condamné à mort" par la mafia. Qui est-il ?

Depuis l'assassinat de Jacques Nacer, le 14 novembre à Ajaccio, Alain Orsoni se dit "condamné à mort". Le président de la Chambre de Commerce et d'Industrie d'Ajaccio était un proche d'Alain Orsoni, tout comme l'avocat Antoine Sollacaro, abattu lui aussi, en octobre. Aujourd'hui, Alain Orsoni souhaite "quitter la France" et se défend d'être impliqué dans des affaires de mafia locale, affirmant n'avoir "aucun intérêt économique" en Corse. Mais pourquoi dans ce cas se sent-il menacé ? C'est d'abord le passé de cet ancien leader nationaliste qui intrigue. Et jusqu'au ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, qui a affirmé ce vendredi sur RTL : "Il sait des choses, alors qu'il parle".

Alain Orsoni, 58 ans, a été le dirigeant du Mouvement pour l'autodétermination (MPA), se réclamant du nationalisme corse. Le mouvement, créé en 1990, se dissoudra en 1999 à cause des dissensions internes. Plusieurs de ses anciens membres sont connus dans le monde des affaires, certains entretiennent - ou ont entretenu - des relations avec le Grand banditisme après leur combat révolutionnaire. Avant de prendre en main ce mouvement, Alain Orsoni s'était fait connaître dans les mouvements identitaires auprès notamment de Léo Battesti et d'Edmond Simeoni. Impliqué dans sa jeunesse dans l'occupation d'un domaine viticole qui avait mal tourné (2 gendarmes seront tués pendant l'assaut), il avait organisé sa première cavale et rejoint le FNLC naissant. En 1983, son frère, Guy Orsoni, est assassiné. Dans son ouvrage "Le Maquis ardent", Alain Orsoni raconte que le FNLC mettra en oeuvre un plan pour le venger, mais lui-même nie avoir participé aux représailles. Il sera tout de même condamné en 1984 pour "apologie de meurtre".

A la suite d'une scission avec le FLNC, Alain orsoni va fonder le MPA en 1990, mais soupçonné de participer à des affaires illégales, il quitte la France et s'installe au Nicaragua en 1996, où il monte d'autres business dans le secteur des jeux. En 2008, il rentre en Corse et devient le président du club de football de l'AC Ajaccio, pour mener une "vie apaisée". Pourtant, la même année, la police judiciaire déjoue une tentative d'assassinat contre lui. En 2009, Thierry Castola, fils de l'un des ses anciens associés en Amérique latine, est assassiné en Corse.

La vague d'homicides qui touche l'île depuis plusieurs mois (et qui a fait 17 victimes depuis janvier) est -elle liée, de près ou de loin, à Alain Orsoni ? La police, qui ne peut faire l'économie d'une telle hypothèse, semble s'intéresser de près aux anciennes activités de la Société méditerranéenne de sécurité (SMS), créée par un ancien membre du MPA d'Alain Orsoni, Antoine Nivaggioni, assassiné à Ajaccio en octobre 2010. L'entreprise, dirigée par d'anciens nationalistes, était chargée, entre autres choses, de la sécurité de l'Aéroport d'Ajaccio, avant que l'on découvre son implication dans une vaste fraude aux marché publics. Les trafics imputés à la société pourraient être à l'origine des règlements de compte que connaît l'île ces derniers mois. Le co-fondateur de la SMS, Yves Manunta, qui entretenait des rapports ambigus avec la police, a été accusé par Me Sollacaro d'être un "indicateur" lors du procès de l'entreprise en 2011. Yves Manunta a été assassiné en juillet. Antoine Sollacaro en octobre.

EN VIDEO : En 1992, Alain Orsoni était candidat aux élections régionales corses, à la tête du MPA.