Homosexualité au FN : un sujet politique délicat et tabou

Homosexualité au FN : un sujet politique délicat et tabou Pas facile d'être gay au sein du FN. Les révélations de Closer sur l'homosexualité de Florian Philippot indignent la classe politique unanimement. Au FN, le sujet divise sur un terrain plus politique.

[Mise à jour le 12 décembre 2014 à 17h28] L'homosexualité de Florian Philippot rendue publique par Closer suscite l'indignation des responsables politiques de tous bords. Mais au delà des méthodes clairement condamnables du magazine people, le FN devra sans doute désormais politiquement clarifier ses positions sur la place de l'homosexualité dans la société. Marine Le Pen a déjà affirmé que la loi Taubira sur le mariage pour tous devra être abrogée si elle arrive aux responsabilités. Florian Philippot, interrogé sur le sujet sur i>télé le 15 octobre dernier, assurait que "sur le fond, il y a l'idée de remplacer ce mariage par un pacs amélioré, avec des droits supplémentaires" ajoutant "les questions sociétales ne sont pas les premières des priorités". Un an, plus tôt, sur France Culture, il justifiait l'absence de Marine Le Pen, et la sienne, dans les cortèges de la Manif pour tous : "Nos électeurs sont 50-50" sur le mariage homosexuel.

Mais, plus profondément, le clivage dépasse la loi Taubira. L'homosexualité a très longtemps été un tabou, voire une orientation assez dévalorisée au sein du FN. Lorsque le parti attaque la loi de la garde des Sceaux, ce sont des mots à portée plus larges et plus normatives qu'il emploie. Ainsi, dans sa motion de début 2013, le bureau politique "condamne l'insolence et le mépris avec lesquels ce gouvernement entend imposer une modification aussi radicale des règles fondatrices et plurimillénaires de notre société et de notre civilisation". Le Point rapportait en janvier 2013 que lors d'un bureau politique en début d'année, les tensions internes sur le sujet étaient manifestes, parlant d'une "petite bombe" qui avait fait quelques dégâts. "Il y a autour de cette table beaucoup d'homosexuels. Ces choix relèvent de la vie privée et de la conscience de chacun, mais ne doivent pas influer sur la position du Front national", avait assuré Bruno Gollnisch selon l'hebdomadaire. Des propos qui avaient poussé deux personnes à quitter les lieux. Le Point relayaient alors les paroles d'un "dirigeant" qui se prononçait sur l'homosexualité de proches de Marine Le Pen : "S'il y a eu des réticences à prendre une position claire au sujet du mariage homo, c'est également à cause d'eux".

Jean-Marie Le Pen, toujours président d'honneur du FN, a plusieurs fois eu des propos polémiques sur l'homosexualité, même si cela remonte à longtemps. Dans un papier pour Atlantico, le sociologue Sylvain Crépon rappelle qu'en 1995, à l'université d'été du parti, le leader frontiste avait des mots à la tribune : "Je confesse qu'il doit y avoir des homosexuels au FN, mais il n'y a pas de folles. Les folles, on les envoie se faire voir ailleurs". Et dans "L'heure de vérité", en février 1984, le propos était clairement homophobe : "L'homosexualité n'est pas un délit, mais constitue une anomalie biologique et sociale".

En vidéo - Florian Philippot est l'un des lieutenants de Marine Le Pen les plus actifs dans les médias, interrogé sur presque tous les sujets d'actualité. Il était au micro de LCI pour commenter le retour de Nicolas Sarkozy :

"UMP : pour Philippot, "ce score affaiblit Sarkozy""