François Hollande, ce comique : ses meilleures blagues (les vraies et les fausses)

François Hollande, ce comique : ses meilleures blagues (les vraies et les fausses) Après la petite blague de François Hollande sur Nicolas Sarkozy, l'ancien ministre de l'Education Luc Chatel a réactivé ses critiques contre le chef de l'Etat. Hollande, un comique ? Certaines vannes qu'on lui prête sont authentiques, d'autres moins.

"En France, on a un comique qui a fait 51 %". Voici la petite phrase qui fait parler le monde politique ce matin. Son auteur : Luc Chatel, l'ancien ministre de l'Education de Nicolas Sarkozy. Sa cible : François Hollande, qu'il compare à Beppe Grillo, un comique italien auteur d'une percée aux dernières législatives. Depuis quelques jours, l'UMP s'efforce en effet de remettre au goût du jour l'image de "Monsieur petites blagues" qu'endossait, parfois avec complicité, le chef de l'Etat par le passé. C'est une petite phrase lâchée à un enfant lors de l'ouverture du Salon de l'agriculture qui a réactivé soudainement cette comparaison. Alors que le bambin s'étonnait de ne pas voir Nicolas Sarkozy Porte de Versailles, François Hollande avait répondu malicieusement : "Tu ne le verras plus". Une boutade qui avait provoqué l'hilarité des personnes présentes, mais pas des membres de l'UMP qui ont tous attaqué le chef de l'Etat sur son manque de "hauteur".

Peut-on être au plus haut niveau de responsabilités et se laisser aller régulièrement à la gaudriole ? Oui, si l'on en croit le prix Press club Humour et Politique remis chaque année à la personnalité politique la plus drôle. Non, selon certains dirigeants qui s'indignent des plaisanteries du président de la République. François Hollande a donc tenté de prendre un air plus sérieux lors de la campagne présidentielle de 2012, mais son naturel serait souvent revenu au galop. Lors de la campagne d'ailleurs, Jean-Pierre Gouignart, présenté comme un ancien collaborateur du maire de Tulle et ancien préfet, faisait son beurre de son ouvrage "Les meilleures Blagues de François Hollande", compilant près de 200 moqueries du candidat.

Les fausses blagues de François Hollande

Parmi elles, beaucoup de vannes sur Nicolas Sarkozy évidemment ("Quelle est la différence entre Nicolas Sarkozy et la température ? Au printemps, la température est censée remonter..."), mais aussi sur Jean-Luc Mélenchon ("Jean-Luc Mélenchon entre dans un bar avec un cochon sous le bras. 'Pas de ça ici !' lance le barman. 'Ca va, ça va !' répond le cochon. 'Il est candidat à la présidence !'"), Marine Le Pen ("Quelle différence y a-t-il entre Marine Le Pen et un yaourt ? Au bout d'un certain temps, le yaourt développe une forme de culture"), Jean-François Copé ("Comment appelle-t-on un politicien avec un Q.I de 12 ? En faisant le numéro de Jean-François Copé") ou encore sur l'UMP ("Comment appelle-t-on la maladie qui consiste à gesticuler toute la journée, parler pour ne rien dire et mentir tout le temps ? l'UMP"). Même ses camarades et ancien rivaux socialistes en prenaient pour leur grade comme le déjà honni DSK ("Que dit DSK à Anne Sinclair juste après l'amour ? Je serai à la maison dans vingt minutes, chérie !") ou Martine Aubry ("Que fait Martine Aubry avec ses robes usagées ? Elle les met !").

Le hic : toutes ces blagues n'étaient pas de François Hollande. Connues de longue date pour certaines, pompées dans des recueils ou sur Internet pour d'autres, elles ont été faussement attribuées au leader socialiste. C'est en réalité un humoriste qui se cachait derrière l'identité de Jean-Pierre Gouignart. Son éditeur, Les éditions de l'Opportun en profitaient néanmoins pour sortir une appli pour smartphone intitulée "Les 100 meilleures blagues de François Hollande"...

Les vraies blagues de François Hollande

Reste qu'avant comme après la présidentielle, Hollande se fait régulièrement pincer pour excès d'humour. En 1990, lors d'une interview, il affirmait déjà que l'humour et la politique faisaient souvent "bon ménage". A la même époque, il rappelait que lors de sa scolarité à Neuilly, il avait croisé Christian Clavier et Gérard Jugnot. Des rencontres qui lui auraient donné de son propre aveu un côté "très café-théâtre".

En 2008, alors que personne ne l'imaginait à l'Elysée, Hollande marquait les esprits en affirmant que Nicolas Sarkozy, de plus en plus en difficulté, était passé "de la présidence bling-bling à la présidence couac-couac". En campagne, il a pu parfois transformer ses meetings en véritables "one man shows" provoquant des éclats de rires dans l'auditoire. A Toulon en mars 2011, il se moquait par exemple des candidats UMP pour la campagne des cantonales, qui n'osaient plus selon lui afficher ni le nom de Nicolas Sarkozy, ni le logo de l'UMP sur leurs affiches. "Où est la droite ? Je parcours toute la France dans un seul but, chercher un candidat de droite", ironisera-t-il, décrivant son tour de France avec, dans chaque ville, cette même question : "Vous avez de la droite vous ?" Au sommet de son art, il évoquera même son déplacement à Neuilly où il aurait déclaré : "Vous connaissez bien les Sarkozy, si ce n'est le père au moins le fils, à défaut du Saint esprit"... Rires à gorges déployées dans la salle.

En août 2011, François Hollande aura encore beaucoup d'occasions de se moquer de son rival. Quand par exemple quelqu'un l'interroge un jour sur la nouvelle taxe de Nicolas Sarkozy pour les plus riches, lui demandant si celle-ci ne lui coupe pas l'herbe sous le pied, il répond : "L'herbe est haute et je crains que sa tondeuse soit à puissance limitée !" Quelques jours plus tard, lors des Universités d'été du PS à La Rochelle, c'est un véritable sketch qu'il va donner en commentant le manifeste de plusieurs grandes fortunes réclamant de payer plus d'impôts. "Il ne faut jamais désespérer de l'être humain, même quand il a de l'argent", déclarera un Hollande goguenard, avant de poursuivre : "Nicolas Sarkozy pour l'instant n'a pas cédé, il tient bon [...]. Nos riches protestent : 'Nous voulons payer d'avantage' ! Mais qu'ils nous attendent, nous arrivons !"

Les blagues d'un chef d'Etat

Depuis qu'il est en fonction, François Hollande est sans doute moins blagueur, mais chaque petite phrase est rapportée par la presse et commentée par ses adversaires qui y voient une faille. Lors de sa grande conférence de presse du 13 novembre 2012 à l'Elysée, de nombreux traits d'humour ponctueront les questions les plus graves. En décembre 2012, interrogé sur la revente de la marque Orangina à des Japonais, Hollande se sortira par une pirouette d'une interrogation ardue : "Dès que le gouvernement japonais va être constitué, je viendrai à sa rencontre pour essayer de faire ce que je peux... En secouant beaucoup !" Récemment, lors d'un match de football entre la France et l'Allemagne auquel il assistait en compagnie d'Angela Merkel, Hollande lançait à la cantonade : "Il faut s'en méfier... De l'équipe d'Allemagne, pas de la chancelière". Plus récemment encore, lors de l'annonce de la démission de Benoît XVI, il suscitera déjà les critiques en annonçant que la France ne "présentera pas de candidat"...

Mais qu'on ne s'y trompe pas. L'humour en politique n'a pas de parti. En mars 2010, en marge de l'union des partis de gauche pour les régionales, un certain Luc Chatel, lui aussi d'humeur guillerette, avait lancé à des journalistes : "Une touche de rose, vert, rouge : c'est le retour de la gouache plurielle".

EN VIDEO - Même lors des événements les plus officiels, François Hollande se laisse aller à des traits d'humour comme dernièrement lors des célébrations du 50e anniversaire de l'amitié franco-allemande, où lui et Angela Merkel ont découvert le tutoiement.

"Merkel/Hollande, "le courant passe" même sans électricité"