François Hollande : pourquoi vous ne l'aimez pas

François Hollande : pourquoi vous ne l'aimez pas La cote de popularité de François Hollande atteint un plus bas catastrophique avant une intervention sur TF1 très attendue. Comment le président de la République s'est-il retrouvé dans un tel gouffre ? Explications en 5 motifs de rejet et en vidéo.

Il aura face à lui trois journalistes et quatre Français triés sur le volet. Mais à l'heure d'une interview très attendue dans l'émission "Face aux Français" sur TF1, François Hollande se trouve de nouveau dans la difficulté, avec des sondages qui lui donnent une impopularité record. Après les 13 % d'opinions favorables que lui donnait un ensemble d'enquêtes ces derniers jours, c'est à 12 % qu'il est tombé ce matin, dans un sondage YouGov pour le HuffingtonPost. Une cote de popularité, que Linternaute.com avait anticipée dès son classement d'octobre (12,45 % de satisfaits) et qui est désormais si basse qu'elle frôle le ridicule. Les raisons de cette impopularité sont multiples et reprises dans le sondage de YouGov. En premier lieu, c'est l'échec dans la lutte contre le chômage qui est cité par les personnes interrogées. La réforme des rythmes scolaires fait aussi partie des griefs contre le président de la République. Mais au-delà de ces questions de fond, l'impopularité du chef de l'Etat est liée à 5 problèmes qu'il va devoir résoudre.

1- François Hollande a échoué économiquement

François Hollande n'a effectivement pas redressé la situation économique du pays. Avec une courbe du chômage toujours en progression malgré sa promesse emblématique d'inverser, avant la fin 2013, une croissance en berne et un budget déficitaire, François Hollande a échoué à redresser le pays en deux ans, comme il l'avait promis. Un échec qui se ressent particulièrement dans la population, plombée au quotidien par la problématique de l'emploi, la baisse du pouvoir d'achat et la nécessité de se serrer toujours plus la ceinture pour faire des économies. Sans réelle amélioration de cette situation, c'est l'ensemble du quinquennat de François Hollande qui sera analysé comme un fiasco en 2017, date de la présidentielle, avec des conséquences politiques désastreuses pour la gauche.

"François Hollande : les cinq raisons d'une impopularité record"

2- François Hollande n'a pas l'étoffe d'un chef

Seconde tare de François Hollande : il ne sait pas tenir sa majorité. Alors qu'une alliance entre le PS et les Verts laissait espérer, en 2012, une gouvernance proche de celle de la gauche plurielle, François Hollande n'a pas réussi à s'imposer comme le patron d'une majorité, il faut le dire, turbulente. Les Verts ont claqué la porte du gouvernement il y a quelques mois, lassés d'attendre des mesures pour l'environnement qui sont finalement arrivées quelques mois plus tard avec la loi sur la transition énergétique. Mais les projets contestés de Notre-Dame-des-Landes et du barrage de Sivens continuent de plomber l'ambiance entre Verts et socialiste. Pire, la fronde des députés socialistes sur les mesures d'économies budgétaires a grandi en un an, amenant une trentaine de députés à s'abstenir lors du vote du budget à la rentrée. Elle aura même gagné jusqu'au gouvernement avec le départ du trio Montebourg-Hamon-Filippetti après un débat de plusieurs mois, pas toujours feutré, sur la ligne sociale-libérale imprimée par Manuel Valls. En laissant les membres de son propre gouvernement s'écharper jusqu'à ce que Manuel Valls exige des sanctions, François Hollande n'aurait pas joué le rôle du chef qu'il est censé incarner. Le "capitaine de pédalo" se serait montré trop "mou". Des mots très durs mais et résonnent quand il s'agit du président socialiste.

3- François Hollande hésite et tergiverse trop

Et c'est l'un des griefs les plus souvent répétés au sujet du chef de l'Etat. François Hollande tergiverse, contourne, esquive les problèmes au lieu de les aborder de front selon plusieurs de ses contempteurs. Ce qui l'amène à changer trop souvent d'avis, d'orientation voire de ligne, en fonction des aléas et de la grogne des Français. De la politique générale à la réforme particulière, les exemples sont nombreux : promettre une guerre contre le monde de la finance, avant de se rallier à une politique pro-business ; miser sur la fiscalité en début de quinquennat, avec en ligne de mire une grande réforme fiscale, avant de faire machine arrière, effrayé par le "ras-le-bol fiscal" ; permettre une avancée pour les couples homosexuels sur le mariage pour tous sans trancher clairement la question de la PMA ; maintenir l'écotaxe puis y mettre fin devant la grogne des routiers et des "bonnets rouges" ; exiger des contreparties des entreprises au pacte de responsabilité puis caresser les patrons dans le sens du poil (sans d'ailleurs les convaincre vraiment) ; promettre la fermeture de Fessenheim un jour puis hésiter le lendemain face à l'impact en terme d'emploi et de continuité du service public de l'énergie... Ces hésitations auront conduit François Hollande a ne pas tenir plusieurs promesses prises lors de la campagne ou même au début de son mandat comme il a été lui même contraint de l'avouer.

 

"Au fil des discours, François Hollande distille son mea culpa depuis des mois"

4- François Hollande n'incarne pas la fonction de président

Outre l'indécision et le manque de poigne nécessaire à un chef pour gérer ses troupes, François Hollande doit gérer, depuis le début du quinquennat, une incompréhension des Français sur son image. En voulant jouer, au début du quinquennat, le président "normal", dans une inspiration scandinave, il a oublié la tradition et les réflexes profondément monarchistes des Français qui restent très attachés au prestige de leur dirigeant suprême. La spontanéité du chef de l'Etat, son humour (voir la vidéo ci-dessous) et son profil "bonhomme", ont vite rappelé aux Français ses vieux surnoms de "Monsieur petites blagues", "Fraise des bois", ou "Flamby". Les voyages en train, les photographies trop décontractées lors de ses premières vacances avec Valérie Trierweiler, les images du chef de l'Etat sous des trombes d'eau lors de plusieurs déplacements, les costumes mal ajustés et même la cravate de travers et les mimiques du président ont fini par en faire un objet de moqueries à défaut de le rendre plus humain. La publication en une de magazine de photographies clairement moqueuses vis-à-vis du président de la République en est même devenue un sport national. François Hollande n'a pas endossé les habits de président et doit désormais rattraper un retard considérable pour les endosser.

"Hollande et l'humour, une vieille idylle"

5- François Hollande a mal géré l'exposition de sa vie privée

En arrivant à l'Elysée sans être marié, François Hollande inaugurait une séquence inédite de la Ve République. Pour la première fois, un célibataire arrivait au château et la "Première dame" n'était pas son épouse "légitime". De quoi attirer les critiques des Français les plus attachés à la tradition et accusant le chef de l'Etat de faire vivre sa compagne "aux frais de l'Etat". Très vite, ces critiques isolées se sont transformées en une haine tenace contre le couple présidentiel. Le tweet anti-Royal de Valérie Trierweiler en juin 2012 a joué le rôle d'étincelle, François Hollande étant soupçonné, en coulisses, d'être totalement dépassé par ses problèmes de couple. Mais la bombe va exploser bien plus tard, début 2014, quand la relation de François Hollande avec Julie Gayet sera révélée. La suite, on la connait : scandale, départ de Valérie Trierweiler, spéculations incessantes sur la vie privée du chef de l'Etat et sur ceux qui le visitent le soir ou le matin à l'Elysée, livre vengeur de son ex-compagne... Le bruit médiatique va aller jusqu'à brouiller totalement son discours politique.

"En direct avec les Français J-3 : Hollande, à la recherche du président"