Jean-Marie Le Pen hospitalisé : les "chocs émotionnels" récents évoqués [DERNIERES INFOS]

Jean-Marie Le Pen hospitalisé : les "chocs émotionnels" récents évoqués [DERNIERES INFOS] Jean-Marie le Pen a été admis dans un hôpital parisien ce jeudi matin. Le "menhir" a lui-même confié à l'AFP avoir eu un souci cardiaque, mais assure qu'il va bien.

[Mis à jour le 16 avril 2015 à 16h26] Est-ce le résultat d'une séquence politiquement et personnellement douloureuse pour le président d'honneur du Front national ou les conséquences d'une maladie plus grave encore ? Jean-Marie Le Pen a été hospitalisé ce jeudi 16 avril 2015 dans la matinée selon une information de la chaîne iTélé, reprise entre autres par Le Point sur son site Internet. Le "Menhir", comme on le surnomme depuis de nombreuses années, a été transporté dans un hôpital parisien affirment les même sources. Jean-Marie Le Pen a lui-même tenu à s'expliquer sur cette hospitalisation auprès de l'AFP cet après-midi, expliquant qu'il s'agissait d'un "petit problème cardiaque". Mais il assure dans le même temps qu'il va "très bien". Le leader historique du FN, 86 ans, a subi une "batterie d'examens" selon la chaîne d'infos en continu qui a été la première à donner des nouvelles du patriarche de la famille Le Pen. Il était par ailleurs question de "problèmes de santé" dans un tweet envoyé par la rédaction de la chaîne peu avant 13 heures aujourd'hui.

Cette hospitalisation intervient en tout cas après l'éviction de Jean-Marie Le Pen, par sa propre fille et par les cadres du FN, de la candidature aux élections régionales 2015 pour la région Provence-Alpes-Cote-d'Azur. Alors qu'il se dirigeait vers un nouveau challenge politique, sans doute le dernier de près de 60 ans de vie politique, Jean-Marie Le Pen a été accablé par une séquence médiatique lors de laquelle il a multiplié les provocations. Sur BFMTV et RMC notamment, il avait réédité sa tirade sur le "détail de l'histoire" que constituent selon lui les chambres à gaz et pour laquelle il a déjà été condamné par le passé. Dans une interview au journal d'extrême droite Rivarol, donné juste après les départementales, Jean-Marie Le Pen multipliait également les déclarations racistes, antisémites et homophobes.

"Chocs émotionnels" subis par Jean-Marie Le Pen

Le plus proche entourage de Jean-Marie Le Pen ne s'est d'abord livré à aucun commentaire. Avant de couper court aux rumeurs lancées sur les réseaux sociaux et aux spéculations. Un journaliste de l'AFP avait contacté des proches de l'homme de 87 ans, qui se montrent rassurants quant à l'état de santé du leader historique du Front national : "Rien de grave" ont-ils fait savoir, parlant d'"examens médicaux mensuels de routine". Mais une autre source a indiqué à l'AFP qu'il ne s'agit pas d'"une hospitalisation habituelle" et qu'il resterait à l'hôpital au moins jusqu'à vendredi. Cette même source a mis cette hospitalisation en perspective avec les "chocs émotionnels" récents subis par Jean-Marie Le Pen.

Sur Twitter, les messages de soutien ou les messages à l'humour mal placé se multiplient. Tant que Jean-Marie Le Pen lui-même n'aura pas officiellement réagi, les rumeurs et les fantasmes continueront d'être alimentés sur le Web.

EN VIDEO - A Reuters, Jean-Marie Le Pen a également déclaré qu'il ne pensait pas que "le maréchal Pétain ait été un traître".

""Je ne pense pas que le maréchal Pétain ait été un traître", déclare Jean-Marie Le Pen"

Jean-Marie Le Pen blessé après sa mise à l'écart

Le scandale provoqué par ces déclarations a forcé Marine Le Pen à condamner immédiatement et publiquement les propos de son père. Poussée ou non par les cadres du parti peu amènes vis-à-vis du vieux fondateur du FN et adeptes de la stratégie de "dédiabolisation" (Florian Philippot en tête), elle a en tout cas obtenu le retrait de Jean-Marie Le Pen de sa candidature pour les régionales de décembre en Paca. Elle a par ailleurs affirmé sur TF1 avoir convoqué Jean-Marie Le Pen en conseil de discipline. Un véritable camouflet. Jean-Marie Le Pen doit normalement être entendu par un bureau exécutif le 27 avril prochain selon les dernières informations livrées sur cette affaire qui se situe entre le drame familiale et le scandale politique. Une exclusion du FN est envisagée, bien qu'explosive puisque concernant son fondateur et président d'honneur. Sur TF1, Marine Le Pen indiquait notamment, "avec chagrin", que son père n'avait plus la "sagesse nécessaire".

"Crise au FN, Marine Le Pen invitée du 20H : "Jean-Marie Le Pen n'a plus la sagesse nécessaire..."

Il semble évident que le président d'honneur du FN ait été profondément blessé par cette mise à l'écart et ces sous-entendus. S'il s'est contenté d'évoquer une certaine forme d'amertume et de crier, avec plus de virulence, au complot politique, on se souvient que la précédente crise, à l'été 2014, l'avait plongé dans une profonde mélancolie. A l'époque, une phrase sur une "fournée" d'artistes lui avait déjà valu l'ire de sa fille. L'Obs s'était alors chargé d'aller prendre des nouvelles du "vieux lion", retranché dans son hôtel particulier de Montretout, à Saint-Cloud, ancien lieu de rassemblement pour toute la famille, devenu quasi-désert. L'hebdo décrivait un homme amer, plongé dans la rancoeur et ruminant les trahisons successives de sa progéniture : Marie-Caroline, l'aînée et la plus prometteuse de ses trois filles, qui avait quitté le FN avec pertes et fracas en 1998 après la scission avec les mégretistes (et à laquelle il n'adresserait plus la parole) ; et maintenant Marine, qui le chassait de son propre parti, le traitant comme un vulgaire "militant de base". Et le tout sans compter la trahison de Pierrette, son ex-femme, partie  poser à moitié nue et déblatérer sur ses petits secrets intimes dans un magazine de charme dans les années 1980.

Jean-Marie Le Pen déjà hospitalisé en janvier

En janvier dernier, Jean-Marie Le Pen avait déjà été hospitalisé d'urgence, mais cette fois à cause d'un accident. Un incendie s'était déclaré dans son habitation de Rueil-Malmaison, obligeant le vieux dirigeant frontiste à quitter rapidement les lieux. En trébuchant dans la précipitation, Jean-Parie Le Pen s'était alors blessé au visage. L'incident avait été décrit comme sans gravité, le leader du FN s'exprimant au micro d'une radio très peu de temps après sa chute.

Mais depuis deux semaines, l'actualité autour du clan Le Pen semble étouffante et a pu peser dans l'hospitalisation de son chef. Dernier des soubresauts en date, l'annonce hier de la condamnation de l'Express, qui avait révélé que Samuel Maréchal n'était pas le père biologique de Marion Maréchal-Le Pen, mais que celle-ci était le fruit de l'union de Yann Le Pen, l'une des trois filles de la famille, avec le journaliste Roger Auque. L'homme était particulièrement connu pour avoir été l'un des "otages du Liban" dans les années 1980. Son parcours sulfureux l'aura aussi conduit à être mercenaire, diplomate ou à faire de la politique, dans les rangs de l'UMP (lire notre résumé du parcours de Roger Auque).

Cette semaine sort aussi un nouveau numéro de Charlie Hebdo, le 9e depuis la tuerie des frères Kouachi en janvier, avec une caricature de Marine Le Pen en femme de Cro-Magon. Le titre, "Comment j'ai mangé mon père", est une référence au film de Jamel Debbouze "Pourquoi j'ai pas mangé mon père" et aux péripéties qui secouent le FN depuis les départementales. Nue, poilue, Marine Le Pen est croquée par le dessinateur Luz avec un os dans la bouche et un oeil bleu dans le postérieur. Probablement l'oeil de verre de son père. Une caricature qui pourrait prendre tout son sens désormais.