Corinne Lepage : "Le projet de l'EPR a beaucoup de plomb dans l'aile"

Corinne Lepage : "Le projet de l'EPR a beaucoup de plomb dans l'aile" La présidente de Cap21–Le Rassemblement citoyen était l'invitée de Linternaute.com, 20 Minutes et Ouest-France ce mardi.

Alors que l'Autorité de sûreté nucléaire a lourdement remis en cause la conception de l'EPR de Flamanville, émettant de sérieux doutes sur la résistance de la cuve du réacteur, Corinne Lepage estime sur le plateau de #DirectPolitique que "le projet de l'EPR a beaucoup de plomb dans l'aile". La présidente du Rassemblement citoyen affirme d'ailleurs que c'est l'ensemble du projet qui est compromis et même au-delà, celui de toute la filière nucléaire, augurant une catastrophe industrielle à venir. "Ce réacteur est un peu le pilote pour d'autres réacteurs chinois et des réacteurs anglais", estime-t-elle indiquant que "les Chinois ont annoncé hier qu'ils suspendaient toute opération concernant les deux EPR dans lesquels Areva est en joint-venture".

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"La philosophie générale de Ségolène Royal est la bonne"

Chargée d'une mission sur "la transition économique" par Ségolène Royal, qui rendra ses conclusions début mai, Corinne Lepage a loué l'esprit de la ministre de l'Ecologie sur notre plateau. "La philosophie générale de Ségolène Royal est la bonne. C'est à dire sortir l'écologie de l'image hideuse que certains lui ont donné", indique l'ancienne ministre d'Alain Juppé, qui pointe la responsabilité des Verts.

Si elle adhère à la "philosophie générale", Corinne Lepage ne soutient pas pour autant la position de Ségolène Royal sur la circulation alternée en cas de pic de pollution. Alors que la ministre de l'Ecologie a freiné lors d'un bras de fer avec la maire de Paris Anne Hidalgo il y a quelques semaines, l'auteure de la loi Air de 1996 estime que "la circulation alternée était indispensable" et que "ça devrait être quelque chose d’automatique quand on atteint des seuils de pollution".

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Des distances avec les "écolos pro-Hollande"

Pro-Hollande ou pro-gouvernement Corinne Lepage ? Dans #DirectPolitique, la présidente fondatrice de Cap21 a nettement pris ses distances avec les "verts-roses", autrement dit ces écologistes de tous bords qui se sont réunis au début du mois d'avril et affirmé que l'écologie pouvait être "responsable". Si elle faisait parti de la réunion avec Jean-Luc Bennahmias ou Jean-Vincent Placé, Corinne Lepage rappelle ne pas en être à l'origine et affirme en substance qu'elle a été détournée de son principe. "Cette réunion sur la responsabilité des écologistes s'est transformée en 'est ce que les Verts doivent aller au gouvernement ou pas ?'", regrette-t-elle. "Cette initiative, je ne l’ai pas soutenue au départ, je suis pour un travail avec la société civile", ajoute l'ancienne ministre. "Visiblement ce n’est pas ça qui intéresse ceux qui s’en occupent. Et ils ont bien tort, car c'est ça qui est utile."

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Autoroutes - "Des actions à la fin du mois de mai"

Partie prenante d'un projet visant à réclamer aux sociétés d'autoroutes "un remboursement de 20 % des péages" pour les usagers des "anciennes autoroutes, totalement amorties", Corinne Lepage a annoncé la création d'un "groupe d’avocats et de professeurs de droit qui vont lancer les actions à la fin du mois de mai". "Nous avons redemandé aux sociétés d’autoroute une médiation […]. Nous n’avons même pas eu de réponse. C’est le mépris absolu", précise l'intéressée qui indique que plus de 52 000 plaignants ont demandé des indemnités à ce jour (voir le site Actioncivile.org).

"Corinne Lepage : Autoroutes - "Des actions à la fin du mois du mois de mai""

COP21 : "J'espère qu'on aura un accord"

Interrogée sur la conférence climatique qui aura lieu à Paris en fin d'année, Corinne Lepage s'est montrée relativement optimiste sur les chances de trouver un accord international. "Mis à part quelques climato-sceptiques, tout le monde est d’accord pour dire qu’il y a urgence", estime celle qui était ministre au moment des négociations préalables au protocole de Kyoto. Mais la mise en application et les modalités seront complexes annonce-t-elle. "Tous les pays ne passent pas par la case par laquelle nous sommes passés nous", précise la présidente de Cap21. "Ce n’est pas forcément les Etats qui seront moteurs [...]. Je pense que la réponse est déjà en route mais au niveau des entreprises et des citoyens."

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"La professionnalisation de la politique est en train de tuer la démocratie"

Corinne Lepage a publié en janvier "Les Mains propres : plaidoyer pour la société civile au pouvoir" (éditions Autrement). Un livre dans lequel elle commence par fustiger une classe politique fermée, parfois corrompue et une logique de partis destructrice, avec la complicité des médias. "Je pense que ce n’est pas en taisant les choses qu’on règle les problèmes", répond-elle quand on la taxe de participer au "tous pourris" et au climat délétère actuel. "Il faut changer l’accession au politique", lance ainsi l'ancienne députée européenne, en livrant quelques pistes.

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Corinne Lepage dans #DirectPolitique

L'année 2015 sera l'année de l'écologie. En affichant ses ambitions dès janvier, François Hollande, dont le pas a rapidement été emboité par Manuel Valls, a donné des gages aux défenseurs de la nature et du climat, plutôt sceptiques après un début de quinquennat bien peu tourné vers les causes environnementales. Alors que la 21e conférence climat (ou Conférence des parties à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques) aura lieu à Paris en fin d'année, le chef de l'Etat et son gouvernement ont donc pris date et sont d'ores et déjà appelés aux actes. En ce début d'année 2015, les difficultés, pourtant, s'accumulent : la loi sur la transition énergétique n'a toujours pas franchi la ligne d'arrivée et pourrait n'être adoptée qu'en mai ou juin, les polémiques sur le diesel et la concentration en particules se font de plus en plus fortes depuis les pics de pollution du mois de mars, les projets contestés aux quatre coins du pays, de l'aéroport Notre-Dame-des-Landes au barrage de Sivens, viennent régulièrement provoquer des sursauts de tensions entre les écologistes et le gouvernement. Enfin, la question du nucléaire est débattue avec une acuité toujours plus importante à mesure que l'échéance de décembre approche. Dernier soubresaut en date, alors que l'avenir de la centrale de Fessenheim reste flou : les nouvelles difficultés sur le chantier de l'EPR de Flamanville, dont la sureté pose question avant même le démarrage des réacteurs et dont le retard et les surcoûts sont en train d'atteindre des sommets.

La France est-elle prête pour le grand rendez-vous mondial de la fin d'année et pour les ambitions qui ont été affichées depuis des mois ? La transition vers une énergie décarbonée est-elle réellement engagée ? La France, championne du nucléaire, peut-elle vraiment basculer sur les renouvelables, à quel terme et pour quel coût ? Plus politiquement, les ambitions environnementales du gouvernement sont-elles suffisantes, à la fois pour la COP 2015 et pour l'avenir ? L'écologie y est-elle suffisamment représentée, y compris en hommes et en femmes sensibles aux causes environnementales ? Corinne Lepage, présidente de CAP21 - Le Rassemblement Citoyen, ancienne députée européenne et ancienne ministre de l'Environnement, était l'invitée de #DirectPolitique, l'émission politique de Linternaute.com, 20 Minutes et Ouest-France ce mardi 21 avril 2015 à 8h30.

Corinne Lepage

Le parcours de Corinne Lepage, atypique dans le monde politique, est avant tout celui d'une avocate au service de l'écologie. Diplômée de SciencesPo et d'un doctorat en droit, elle débute son engagement en défendant, avec son époux Christian Huglo, les grandes causes environnementales devant les tribunaux. Corinne Lepage sera notamment l'avocate médiatique des affaires de l'Amoco Cadiz ou, beaucoup plus récemment, de l'Erika. Politiquement, Corinne Lepage s'engage réellement au début des années 1990, mais choisit de mener son combat en dehors du parti des Verts. Après avoir été adjointe à la mairie de Cabourg, elle crée, avec Jean-Louis Borloo et Brice Lalonde, Génération écologie, un mouvement qui présentera des candidats (dont Corinne Lepage elle-même) aux législatives  et européennes de 1993. Malgré l'échec électoral, elle est repérée par Jacques Chirac et Alain Juppé, qui en feront leur ministre de l'Environnement en 1995. Elle sera à l'origine de mesures pionnières dans le domaine de la surveillance de la qualité de l'air et des limitations de circulation en cas de pics de pollution.

Corinne Lepage devient rapidement dans l'opinion l'"écolo de droite", même si elle n'a jamais apprécié ce raccourci. Loin d'adhérer au RPR, elle créera même un nouveau mouvement, "Citoyenneté, action, participation pour le XXIe siècle" (CAP 21) en 1996. Après la dissolution de 1997, commence un long combat politique passant par des législatives et des régionales. Toujours, Corinne Lepage revendiquera son indépendance et celle de son mouvement. Vis-à-vis des Verts, mais aussi de l'UMP et de la gauche. Elle rejoint finalement François Bayrou en 2007 pour une expérience de trois ans au Modem, dont elle sera vice-présidente avant de claquer la porte en 2010, dénonçant l'isolement du parti et de son chef.  Députée européenne entre 2009 et 2014, elle a renouvelé en 2013 son mouvement désormais baptisé "Cap 21-Le Rassemblement citoyen". Corinne Lepage est l'auteure de plus d'une vingtaine d'ouvrages sur l'écologie, le nucléaire, mais aussi la lutte contre la corruption, le lobbying et la défense des libertés individuelles.

En janvier 2015, elle a été chargée par Ségolène Royal d'une mission sur la "transition économique" afin de soutenir les acteurs de "l'économie verte". En mars, elle faisait partie de ce groupe d'écologistes de tous horizons (avec Denis Baupin, François de Rugy, Jean-Vincent Placé et Jean-Luc Bennahmias notamment) qui se sont réunis et souhaitent s'organiser pour aider la majorité.

Chaque mardi, Linternaute.com, 1er site d'actualités de France, 20 Minutes, 1er quotidien gratuit et Ouest-France, 1er quotidien français payant, reçoivent une personnalité du monde politique pour un entretien de 40 minutes avec les journalistes des rédactions et les internautes.

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