Une liste autonome UDI-Modem en Auvergne-Rhône-Alpes, un coup de bluff ?

Une liste autonome UDI-Modem en Auvergne-Rhône-Alpes, un coup de bluff ? Les centristes feront liste commune Modem-UDI en région Auvergne-Rhône-Alpes pour les élections de décembre. Une décision qui pourrait avoir de lourdes conséquences en vue d'un accord national et global UMP-UDI.

[Mis à jour le 29 mai à 8h52] Une conférence de presse a été organisée jeudi 28 mai à Lyon par Frank Reynier et Patrick Mignola, qui poursuivent et consolident leur rapprochement. Les deux hommes ont déjà annoncé "le rassemblement du centre UDI et MoDem, ouvert à la société civile à la droite modérée". "Droite modérée" : voilà bien une étiquette qui ne sied guère, selon les deux centristes, au candidat investi par l'UMP pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez. Difficile d'imaginer une campagne dans laquelle le Modem Patrick Mignola et le numéro 3 de l'UMP feraient meetings communs... Le 28 mai, Franck Reynier a indiqué que l'union de l'UDI avec le MoDem sera durable : "Nous venons de nous marier, ce n’est pas pour divorcer dans deux mois".

L'entourage de Patrick Mignola, tête de liste Modem pour les régionales 2015 en Auvergne-Rhône-Alpes l'assure en tout cas à Linternaute.com : il y aura bien une liste autonome des centristes, qui réunira le Modem et l'UDI, dont les couleurs seront portées par Frank Reynier ou Patrick Mignola pour le scrutin. L'alliance au premier tour avec Laurent Wauquiez aurait donc été écartée, "l'erreur d'homme et de ligne politique" étant un obstacle trop grand au rassemblement de la droite et du centre. Une candidature commune Modem-UDI est par ailleurs unique sur l'ensemble du territoire, alors qu'un accord général se profile entre l'UMP et l'UDI pour les élections de décembre. Officiellement, et c'est le message qu'ont fait passer les deux hommes en conférence de presse, le Centre se donne jusqu'à septembre pour poursuivre les négociations avec Laurent Wauquiez. Au-delà des tergiversations, qui nous ont fait écrire ici même qu'une liste indépendante du centre serait une réalité, l'annonce d'une liste autonome s'apparente donc, manifestement, à un coup de bluff, une manière de mettre la pression sur les épaules de l'UMP.

Il y a quelques jours, l'UDI Franck Reynier faisait part d'une "volonté commune, celle que toute la famille centriste soit rassemblée et mobilisée dans un seul but, permettre l’alternance politique pour la région Rhône-Alpes Auvergne. [...] Les Centristes entendent proposer un projet qui leur ressemble, un projet fidèle aux valeurs défendues par le Centre". L'UDI a donc clairement fait le choix du Modem, une formation politique qui dénonce depuis des mois la "droitisation" d'une partie de l'UMP. Pour Laurnent Wauquiez, c'est d'ores et déjà un coup dur, car il faudra, pour le numéro 3 du parti de Nicolas Sarkozy, convaincre des centristes qui ne cachent pas leurs profondes divergences de vue avec le candidat UMP.

Union UDI-Modem

L'union entre le Modem et l'UDI dans la région Auvergne-Rhône-Alpes étant actée, reste à savoir quelle stratégie adopter, sans tergiverser, avec Laurent Wauquiez. Auprès de l'AFP, Franck Reynier avait assuré il y a plusieurs jours : "Nous étudions deux hypothèses : soit nous partons seuls au premier tour, soit avec l'UMP. Notre volonté est que les valeurs qui sont les nôtres soient représentées".

Jean-Christophe Lagarde et Nicolas Sarkozy ont encore du travail sur la planche pour que leurs partis respectifs se montrent aussi unis qu'ils l'avaient été lors des élections départementales. Le ralliement à la droite de la candidature de Chantal Jouanno en Île-de-France est un autre sujet non tranché, alors que l'UMP demande aux centristes d'intégrer la liste menée par Valérie Pécresse. Pour le patron de l'UDI, les choses sont claires : "Il ne peut pas y avoir d'accord global entre l'UDI et l'UMP pour les élections régionales si l'UDI ne conduit pas les listes en Bourgogne-Franche-Comté, dans le Centre et en Normandie". Manifestement, sur le terrain, les têtes de listes se montrent encore plus gourmands. Une candidature autonome en région Auvergne-Rhône-Alpes pourrait bien être un casus belli avec Nicolas Sarkozy.