Un changement radical de la carte de France ce dimanche ? (Régionales 2015)

Un changement radical de la carte de France ce dimanche ? (Régionales 2015) Les Français élisent leurs conseillers régionaux pour les 6 prochaines années à partir de ce dimanche. Le paysage politique pourrait être radicalement changé.

[Mis à jour le 6 décembre 2015 à 18h50] Les élections régionales 2015 occasionneront-elles un séisme politique ? De nombreux observateurs le prédisent puisque le Front National pourrait s'emparre pour la première fois de 2 voire 3 régions à cette occasion. Cela représenterait un camouflet sévère pour les autres formations politiques. Au delà même des résultats du FN, la coloration de la carte de France politique devrait de toute façon être modifiée. Alors qu'en 2010, de très nombreuses régions étaient passées à gauche (seule l'Alsace demeurant "bleue" UMP), le rose devrait quasiment disparaître de l'Hexagone (à l'exception de la Bretagne). Durant plus de cinq ans, les rapports de force politique étaient équilibrés de la façon suivante, sur l'ensemble du territoire : 567 élus du PS, 94 élus PRG-DVG, 247 élus EEVL, 117 élus Front de gauche. La droite, c'est à dire l'UMP et les divers droite, pouvait compter sur 452 sièges, le Front national était parvenu à faire élire 112 conseillers régionaux. A l'époque, la droite au pouvoir n'avait pu que constater le "raz-de-marée" rose.

Ces élections régionales 2015 pourraient changer la donne. De manière générale depuis des décennies - c'est un constat empirique -, le parti qui dirige le pays enregistre toujours une défaite aux élections dites "intermédiaires", c'est à dire aux élections qui suivent les présidentielles et les législatives de début de mandat. Le Parti socialiste et la majorité ont ainsi été battus par l'opposition aux élections européennes, aux législatives partielles, aux élections municipales, puis aux élections départementales. C'est sous le mandat de François Hollande, par ailleurs, que le Front national compte le plus d'élus. Sa percée aux élections européennes et municipales pourrait être renforcée par de gros scores aux régionales.

Le niveau de la participation sera une donnée importante ce dimanche : elle devrait être plus élevée qu'en 2010, puisqu'à 17 heures, celle-ci s'est établie à 43,01% selon le ministère de l'Intérieur. C'est plus qu'en 2010 (39,29%), mais cette année-là, l'abstention avait atteint un niveau record. Les statistiques et les études sur l'abstention révèle que les abstentionnistes sont plus nombreux chez les sympathisants de gauche et les sympathisants de droite que chez les sympathisants FN. Impossible toutefois de considérer qu'une poussée de la participation aura un impact sur les résultats des élections au premier tour ce soir.

Élections régionales : des terres de bascule pour la droite à l'est et dans le centre

Parmi les régions où la droite espère s'imposer, on trouve plusieurs régions de l'est et du centre de la France, comme l'Alsace, Champagne-Ardenne, Lorraine, la Bourgogne, Franche-Comté et jusqu'à l'Auvergne, rattachée à la région Rhône-Alpes avant ces élections régionales. Le Centre Val de Loire et l'Ile-de-France, grande terre de conquête pour la droite cette année sont aussi vues comme des régions de "bascule" pour Nicolas Sarkozy est ses troupes.

Enfin, quelques régions de l'ouest sont concernées, comme la Normandie réunifiée ou les Pays de la Loire, chipées à la droite (et à un certain François Fillon) par la gauche par surprise en 2004. Mais c'est bien sur le littoral que la gauche espère conserver ses basions. La zone allant de Rennes et Nantes jusqu'à Toulouse et Montpellier en passant par Poitiers ou Limoge constitue depuis des années un arc important pour la gauche où celle-ci espère aujourd'hui limiter la casse. Mais cette zone a d'ores et déjà subi quelques coups de boutoirs de la droite, en particulier lors des dernières municipales. reste qu'en Bretagne, en Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes ou en Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, on nourrit encore chez les socialistes quelque espoir de résilience.

"Tout ce que vous devez savoir sur les élections régionales"

Élections régionales : des doutes à droite comme à gauche

La carte des régions, si rose de 2010 à 2015, pourrait donc radicalement changer de couleur si cette tendance se poursuit. Pour le parti de Nicolas Sarkozy, qui ambitionne de remporter au moins 9 régions sur les 13 de métropole, ces élections ont valeur de test. Un échec porterait un coup à son leader, qui n'est pas encore candidat à la primaire de la droite et du centre, mais casserait également l'élan dont l'opposition a besoin pour créer une dynamique d'alternance. D'autant que dans quelques mois, la désignation du candidat de la droite pour la course à l'Elysée pourrait bien raviver les divisions entre les hommes et entre les clans.

Les dernières indications sur ces élections régionales ont livré des analyses mitigées. Si la gauche semble en difficulté dans les rapports de force nationaux, aucune tendance nette ne s'est pourtant dégagée si ce n'est la poussée du Front national qui a semblée renforcée par les attentats de Paris. Quant à la vague bleue, celle-ci a semblé s'essouffler dans les dernières semaines de campagne, avec des mesures des intentions de vote en baisse et des régions où le match s'est révélé plus serré que dans les premières tendances. Avec des marges d'erreurs de trois points, les sondages par ailleurs ne sont pas parvenus à dégager une cartographie claire avant ce scrutin. Ce qui permet à ces élections régionales de réserver encore bien des surprises ce soir, lors de la publication des résultats.

Élections régionales : une nouvelle carte très provisoire ce soir

Ce qui semble certain, c'est que la couleur de la carte de France ce soir sera fondamentalement différente si l'on donne aux régions la couleur du parti arrivé en tête au 1er tour. Dans plusieurs régions, c'est en effet le parti de Marine Le Pen qui ambitionne de prendre le leadership de l'élection dès ce soir, ce qui lui permettrait de se proclamer encore une fois "premier parti de France". Dans d'autres territoires, le parti de Nicolas Sarkozy entend s'approprier les conseillers régionaux. Mais cette configuration, si elle reflète déjà une recomposition majeure, n'est que provisoire. L'enjeu sera de déterminer la capacité du FN de grossir son score au second tour là où il est arrivé en tête au premier, et donc de briser ce fameux "plafond de verre" qui le pénalise généralement dans les second rounds des scrutins. Il faudra aussi observer avec attention le report des voix de gauche, éparpillées au premier tour, mais potentiellement puissantes si elles venaient à se rassembler vers une seule et même liste dimanche prochain.