Macron : les moqueries de Valls virent au harcèlement

Macron : les moqueries de Valls virent au harcèlement Manuel Valls serait désormais extrêmement agressif envers Emmanuel Macron. L'animosité du Premier ministre pour son ministre de l'Economie, vu comme un perturbateur, va crescendo.

[Mis à jour le 21 janvier 2015 à 12h28] L'ambiance ne devrait pas être au beau fixe au Forum économique mondial de Davos, en tout cas côté français. Manuel Valls et Emmanuel Macron sont tous les deux dans la station suisse ce jeudi pour débattre des grands enjeux économiques du moment. Mais entre le Premier ministre et son ministre de l'Economie, rien ne va plus. Manuel Valls, qui a longtemps joué les électrons libres à gauche, est désormais pieds et poings liés par son poste de Premier ministre et ne supporterait plus les provocations du locataire de Bercy (la dernière en date portant sur la vie des entrepreneurs, qui serait "plus dure que celle d'un salarié"). Valls, qui souhaite en outre travailler son image d'un commandant à poigne, serait donc de plus en plus rude avec son ministre en coulisses. Depuis deux jours, de nombreux articles rapportent que le ministre de l'Economie est régulièrement chambré par le chef du gouvernement. Si bien que des rumeurs de démission d'Emmanuel Macron ont été évoquées, puis rapidement démenties.

Les dernières moqueries en date, rapportées par Le Monde, sont particulièrement violentes. Les petites phrases sont envoyées par Manuel Valls en réunion ministérielle, devant d'autres membres du gouvernement, voire sur les bancs de l'Assemblée nationale, en pleine séance. Et Manuel Valls interpellerait désormais le ministre de l'Economie par son patronyme, un "Macron" qui démontre son peu de considération. Le Monde cite par exemple un témoin qui rapporte que Manuel Valls se moque des ces "ministres qui communiquent beaucoup" ou encore fait la leçon à Emmanuel Macron sur ce qu'est une réforme de gauche : "Tu sais, Macron, une réforme de gauche..."

Quand Valls menace Macron de prendre la place de Le Guen

Lors des questions au gouvernement, loin du micro, Manuel Valls ironise sur le mot arbitrage à l'oreille de son ministre : "Arbitrage, tu sais ce que ça veut dire ? Arbitrage, ça veut dire que c'est décidé", lancerait-il comme pour lui signifier qu'il ne veut plus constater d'écart. Et Manuel Valls utiliserait même d'autres membres du gouvernement pour ses moqueries voire ses menaces. Ainsi en va-t-il du pauvre Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement : "Tu vois, Macron, c'est ce qui t'attend si tu continues : ministre des relations avec le Parlement !"

Au sein même du gouvernement, les petites blagues au sujet du jeune ministre ne sont pas l'apanage de Manuel Valls. Le Canard Enchaîné rapporte par exemple cette petite moquerie de Michel Sapin, en marge du conseil des ministres le 13 janvier : "L'avantage avec ton histoire de barbe, c'est que tu as fait parler de toi deux fois dans la presse. La première quand tu es apparu avec ta barbe de trois jours et la seconde alors que tu n'en as plus." Ambiance. Emmanuel Macron ne resterait pas toujours muet face à ces attaques désormais directes. Mais le ministre de l'Economie refuserait pour l'instant la confrontation. Jusqu'à quand ?

A Davos, une petite revanche

Emmanuel Macron n'a pas besoin de rétorquer quoi que ce soit à Manuel Valls. La grand-messe de Davos lui offre une jolie occasion de se jauger avec le Premier ministre. Et comme le rappelle Europe 1, "les grands patrons chinois, américains ou japonais ne connaissent pas le Premier ministre français. En revanche, tous ont entendu parler d'Emmanuel Macron". Il faut dire que le jeune ministre français est un habitué de Davos, son anglais est parfait, son ancienne carrière de banquier lui a permis de rencontrer beaucoup de personnalités du monde de la finance. En 2011, François Hollande l'avait convié auprès de lui pour qu'il joue les entremetteurs entre lui et plusieurs grands patrons. Et étonnament, cette année, Emmanuel Macron participe ce vendredi à un débat organisé par la BBC, dans lequel les invités parleront géopolotique et s'exprimeront sur la menace terroriste. Un terrain médiatique jusque là plutôt réservé à François Hollande ou à... Manuel Valls.