Jean-Jacques Urvoas : l'homme de Valls, l'adversaire de Taubira

Jean-Jacques Urvoas : l'homme de Valls, l'adversaire de Taubira Le nouveau ministre de la justice, Jean-Jacques Urvoas, vient au secours de Manuel Valls. Il était jusqu'à ce matin rapporteur du projet de loi constitutionnel.

[Mis à jour le 27 janvier à 10h35] Il passera donc les 18 derniers mois du mandat de François Hollande comme garde des Sceaux. Lors des deux derniers remaniement, son nom avait circulé : Jean-Jacques Urvoas était l'un des prétendants à un porte-feuille régalien. Il aurait pu faire son entrée au gouvernement bien plus tôt, les rumeurs le donnaient notamment au ministère de l'Intérieur. Durant des semaines, des mois, le député du Finistère s'est contenté d'assumer le rôle de conseiller de l'ombre de Manuel Valls et de François Hollande, tout en acceptant de s'exposer au Parlement et dans les médias sur des sujets techniques et difficiles : d'abord rapporteur des projets de loi pour la transparence de la vie publique, à la suite du scandale Cahuzac, il devient rapporteur du projet de loi relatif au renseignement en 2015. En quelques années, celui qui est aussi président de la commission des lois constitutionnelles à l'Assemblée nationale, est devenu un expert des questions de sécurité. Mardi dernier, il est nommé rapporteur du projet de loi constitutionnel, qui porte la mesure de déchéance de nationalité pour les binationaux condamnés pour terrorisme.

Jean-Jacques Urvoas, qui avait beaucoup misé dans les années 2000 sur Dominique Strauss-Kahn, est surtout devenu un proche de Manuel Valls au fil des années. Le Premier ministre sait qu'il peut compter sur son tempérament, sa fidélité, et sa capacité à ne pas en dire trop à la presse. Il ne s'est pas exprimé sur la déchéance de nationalité, d'aucuns y décèlent d'ailleurs certaines réserves sur le sujet. Mais le député breton est un pro : homme de consensus qui préfère la négociation et le débat au bras de fer, il devrait savoir convaincre les parlementaires et rassurer l'exécutif. A vrai dire, Jean-Jacques Urvaos est même, depuis 2012, le plus important relais de Manuel Valls à l'Assemblée nationale.

Quand Urvoas affrontait Taubira

Le nouveau ministre a sans doute une vision plus "sécuritaire" de sa mission au poste de garde des Sceaux. Lors du vote de la loi renseignement, il s'était opposé à un amendement présenté par Christiane Taubira, visant à empêcher que les services de renseignement pénitentiaire n'aient trop de pouvoir et de capacités de contrôle - voire d'espionnage dans les cellules. Si l'amendement Taubira a été retoqué, c'est parce que Jean-Jacques Urvoas était parvenu à construire une coalition de circonstance entre les élus de la droite et certains socialistes.

Quelques conseillers de Christiane Taubira s'étaient à l'époque permis de s'épancher dans le Canard Enchaîné, taclant son carriérisme : "Il est le toutou de Valls", disait l'un d'eux dans l'édition du 22 avril 2015. Le député, lui, avait répliqué dans Libération, quelques jours plus tard : "J'ai le sentiment d'être cohérent, répond Urvoas. On plaque sur moi le prisme de Manuel Valls parce que c'est un copain. Je ne suis pas un affidé de Valls, je suis loyal".

"Christiane Taubira démissionne : la garde des Sceaux remplacée par Jean-Jacques Urvoas"

En vidéo - Jean-Jacques Urvoas était notre invité en 2015, il était alors en charge du projet de loi sur le renseignement :

"Jean-Jacques Urvoas - "Les services n'ont pas eu assez de moyens ""

 

Crédit image - WITT/SIPA