Remaniement du 20 juillet 2023 : Attal, Bergé, Rousseau... Les nouveaux ministres

Remaniement du 20 juillet 2023 : Attal, Bergé, Rousseau... Les nouveaux ministres Le remaniement a été officialisé par un communiqué de l'Elysée le jeudi 20 juillet 2023. Huit nouveaux ministres ont rejoint le gouvernement, tandis que trois autres ont changé de portefeuille. Le nouveau casting ne semble pas faire l'unanimité.

Alors que de simples "ajustements" étaient annoncés, le remaniement s'est avéré plus profond et plus politique que prévu. Huit nouveaux ministres ont intégré le gouvernement Borne 3 et trois autres ont changé de portefeuille, tandis que huit autres ont quitté l'exécutif. Mais sur tous ces changements seuls quelques-uns ont retenu l'attention, à commencer par la nomination de Gabriel Attal à l'Education nationale, en remplacement de Pap Ndiaye qui était promis à un départ. L'arrivée d'Aurélien Rousseau, ancien directeur de cabinet à Matignon, à la Santé et celle de l'ex-présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale, Aurore Bergé, aux Solidarités ont aussi été remarquées.

Force est de constater qu'avec ce remaniement, l'exécutif n'a pas joué la carte de l'ouverture. La quasi-totalité des nouveaux ministres vient de la majorité et beaucoup arrivent directement de l'Assemblée nationale. Une façon de resserrer les liens critiquée par l'opposition. Laquelle voit dans le vivier apparemment réduit des personnes souhaitant devenir ministre un désaveu et un manque de confiance dans le gouvernement. Aussi, avec de nouveaux ministres peu connus du grand public l'opposition a regretté une remaniement sans changement : "On va remplacer des inconnus par d'autres inconnus", a taclé le député Les Républicains Pierre-Henri Dumont sur France 2.

Quels ministres ont été évincés lors du remaniement ?

Des ministres qui étaient sur la sellette ont bien été écartés du gouvernement à l'occasion du remaniement : Pap Ndiaye et François Braun ont effectivement été remplacés aux ministères de l'Education nationale et de la Santé.

Parmi les autres sortants qui étaient annoncés : Marlène Schiappa (Economie sociale et solidaire) qui a payé le fiasco du fonds Marianne, Olivier Klein (Ville et Logement) jugé trop transparent, mais aussi Jean-Christophe Combe (Solidarités), Jean-François Carenco (Outre-mer) et Isabelle Rome (Egalité homme-femme). Enfin Geneviève Darrieusecq a souhaité quitté le gouvernement.

D'autres rumeurs n'ont, elles, pas été confirmées. Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique est toujours en poste, de même que Franck Riester (Relations avec le Parlement), Olivier Véran (porte-parolat), Catherine Colonna (Affaires étrangères).

Qui sont les nouveaux ministres du gouvernement Borne ?

La liste des éventuels entrants au gouvernement s'est précisée à l'approche du remaniement. L'une des premières nominations a été une surprise avec l'arrivée d'Aurélien Rousseau, ancien directeur de cabinet de Matignon, à la Santé. Tous les autres entrants au gouvernement sont des élus de la majorité, des députés pour la plupart. Des profils plus politiques qui correspondent aux critères de l'exécutif après le bilan des ministres issus de la société civile. Aurore Bergé, ancienne présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée, a ouvert le bal en étant nommée ministre des Solidarités.

Ont suivi Sabrina Agresti-Roubache, élue marseillaise proche du couple Macron et Patrice Vergriete, maire de Dunkerque pour remplacer Olivier Klein à la Ville et au Logement. Le député girondin Thomas Cazenave devient ministre des Comptes publics et prend la relève de Gabriel Attal, tandis que le député MoDem Philippe Vigier récupère le portefeuille des Outremer. Fadila Khattabi, elle, s'installe au ministère des Personnes handicapéesLa porte-parole de Renaissance et députée Prisca Thévenot devient secrétaire d'Etat en charge du Service national universel. 

Enfin, les trois derniers noms ne sont pas ceux d'entrants mais de ministres promus ou changeant de portefeuille. Comme annoncé, Gabriel Attal reprend l'Education nationale, tandis que Bérangère Couillard hérite de l'Egalité homme-femme et que Sarah El Haïry est nommé à la Biodiversité.

Les réactions aux nominations des ministres

Les nouveaux ministres ne semblent pas entamer leur mandat avec la confiance de la classe politique, exception faite de la majorité présidentielle. Encore que la nomination de certains n'a pas suscité une vague d'engouement dans les rangs de la macronie. Des membres de la majorité ont par exemple soufflé lors de la nomination d'Aurore Bergé à la tête d'un ministère : une décision prise plus pour satisfaire des ambitions personnelles maintes fois répétées qu'en rapport avec les compétences, jugent certains dans différents médias.

Les Français ne sont pas unanimes non plus sur le casting du nouveau gouvernement. Dans le monde de la santé, l'arrivée d'Aurélien Braun ne semble pas ravir tout le monde. Si Christophe Prudhomme, urgentiste et porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France a estimé qu'avec le ministre "une menace imminente plane sur l'avenir de l'hôpital public", pour d'autres comme Jérôme Marty à la tête de l'Union française pour une médecine libre, Aurélien Rousseau pourrait aider l'hôpital.

Même accueil mitigé pour Gabriel Attal à l'Education nationale. Beaucoup lui ont reproché sa scolarisation exclusivement passée dans le privé, des reproches auxquels le ministre a répondu sans s'excuser : "Oui, j'ai été à l'école privée, et je n'ai pas à renier ou à m'excuser pour ce choix que mes parents ont fait à l'époque. [...] Le combat c'est de garantir que toute l'école puisse apporter à tous les parents l'essentiel de ce qu'ils attendent pour les enfants." Les principaux syndicats d'enseignants ne se montrent pas ravi de la nomination, mais laisse une chance au ministre de montrer s'il peut redresser l'école ou la détériorer davantage. 

Pas de nouveau Premier ministre, Borne maintenue

Promise à un départ en début d'année 2023, Elisabeth Borne a finalement reçu les gages d'Emmanuel Macron ce 17 juillet. La Première ministre restera donc bien à son poste, après le remaniement. Rien n'indique que les relations entre le chef de l'Etat et la cheffe du gouvernement se sont apaisées, mais Elisabeth Borne a prouvé qu'elle était en mesure de faire ce qu'on attendait d'elle : "L'objectif des cent jours a été tenu et le calme est revenu. Le 14 juillet a été un succès."

Pour les soutiens de la Première ministre, le maintien d'Elisabeth Borne à Matignon est une "justice pour le travail accompli dans l'ombre avec méthode et abnégation" puisque "les 100 jours ont été productifs", selon le député Sacha Houlié, membre de la majorité situé sur l'aile gauche de la macronie. Après le retour au calme loin d'être garanti à la suite de la réforme des retraites et de la mort de Nahel, un changement de Premier ministre aurait été interprété comme une sanction et un signe de fébrilité.

Se posait aussi la question du successeur potentiel d'Elisabeth Borne. Personne ne semblait en mesure de faire mieux dans les conditions actuelles. Reste que la Première ministre elle-même continuera d'avancer avec les mêmes difficultés à la rentrée : une majorité relative et une popularité en berne.