Julie Gayet a-t-elle aidé Audrey Azoulay à devenir ministre de la Culture ?

Julie Gayet a-t-elle aidé Audrey Azoulay à devenir ministre de la Culture ? La nouvelle ministre de la Culture était jusque là conseillère à la Culture et à la Communication à l'Elysée. On la dit proche de la compagne de François Hollande.

[Mise à jour le 12 février 2015 à 14h52] "François Hollande apprécie son côté joyeux, qui le change un peu de ses conseillers plus technos". Voilà ce que confiait un ami de la nouvelle ministre de la Culture à L'Express l'an dernier. Nommée fin 2014 conseillère auprès du président en charge de la Culture et de la Communication, Audrey Azoulay, 44 ans, a un CV long comme le bras : ENA, Sciences Po, master en sciences de gestion, d'abord magistrate à la Cour des comptes, elle a passé huit ans au Centre national de la cinématographie (CNC) comme directrice adjointe de l'audiovisuel. Elle est aussi, selon L'Express, une "proche de Julie Gayet". Elle vient d'être nommée ministre de la Culture, en remplacement de Fleur Pellerin, à la suite du remaniement ministériel de février 2016.

L'Express s'interroge sans détour : "L'actuelle compagne du chef de l'Etat a-t-elle plaidé la cause d'Audrey Azoulay auprès du Président ?", ajoutant que leur "proximité fait jaser". Et pour cause, même au ministère de la Culture, les collaborateurs de Fleur Pellerin s'étonnent encore. D'autres fins connaisseurs des arcanes du pouvoir se montrent moins naïfs. L'Obs publie la confidence d'un "ancien des cabinets ministériels de la hollandie" qui y voit clairement l'influence de la comédienne et productrice. "C'est une histoire de courtisans. Gayet l'avait dans le nez. Et Azoulay lui a savonné la planche".

L'influence de Julie Gayet, réelle ou fantasmée ? 

Le départ soudain de Fleur Pellerin a en tout cas suscité une certaine émotion, au-delà de la rue de Valois. L'ancien membre du gouvernement Frédéric Cuvillier s'est même permis de publier un message de soutien à l'ex-ministre, dans lequel il semble glisser un sous-entendu : "J'adresse toute mon amitié à Fleur Pellerin si sincère et engagée mais pas assez proche des proches du Président". 

Fleur Pellerin, ovationnée lors de la passation de pouvoirs au ministère de la Culture ce vendredi 12 février, a été, de l'avis de nombreux professionnels de la culture, une bonne ministre, qui maîtrisait bien ses dossiers. Ses erreurs de communication - son aveu de n'avoir jamais lu un ouvrage du Nobel Patrick Modiano, son silence après la mort de Michel Tournier, son manque d'implication sur l'affaire Saal - ont certes pesé, mais ce n'est vraisemblablement pour cette seule raison qu'elle a été si sèchement remerciée. Un conseiller ministériel cité par Le Parisien estime que Fleur Pellerin est "une victime collatérale du renouvellement. Il fallait libérer des places. Elle n'a pas brillé, elle s'est fait virer. C'est un peu violent, surtout qu'elle est remplacée par une conseillère du président".

Est-ce à dire qu'Audrey Azoulay savait depuis longtemps qu'elle allait devenir ministre ? Et quand bien même, François Hollande avait-il vraiment besoin de Julie Gayet pour s'être convaincu de la pertinence de cette nomination ? Les médias ne prêtent-ils pas trop d'importance à la compagne du président dans les choix faits par celui-ci ? Les récents ouvrages publiés sur la comédienne et productrice ("Passions d'Etat" d'Yves Azéroual, et "Julie Gayet, Une inter­mit­tente à l'Élysée", de Soazig Quémé­ner et François Aubel, éditions du Moment) révèlent en tout cas qu'elle est devenue une personnalité qui compte dans la sphère culturelle parisienne. En tant que femme d'affaires - elle s'occupe de plusieurs sociétés de production - elle est en contact presque permanent avec acteurs, producteurs, réalisateurs, investisseurs privés, institutionnels, etc. Un réseau très diversifié et impressionnant, qui lui a permis de faire rencontrer certains professionnels du milieu au président.

Un choix de François Hollande

Mais Julie Gayet aurait aussi certains avis tranchés sur la bonne ou mauvaise gestion d'institutions culturelles. Elle aurait ainsi "décon­seillé " au chef de l'Etat de consi­dé­rer la candi­da­ture de Claire Chazal à la prési­dence de la Réunion des musées natio­naux-Grand Palais. A-t-elle soufflé le nom d'Audrey Azoulay à l'oreille de François Hollande ? Lors de son discours d'investiture, l'ex-ministre de la Culture a, elle, tenu à remercier, elle, le Premier ministre : "J'ai une gratitude immense, indicible envers Manuel Valls d'avoir proposé mon nom au Président de la République", a-t-elle affirmé.

L'Obs assure que le "choix (d'Audrey Azoulay) est signé François Hollande, qui l'a fait contre l'avis de son Premier ministre". L'hebdomadaire s'appuie encore sur le témoignage d'un ex-membre de cabinet ministériel : "Valls a énormément soutenu (Fleur Pellerin). Elle s'était rapprochée de lui ces derniers temps. En nommant sa conseillère à sa place, Hollande reprend la Culture".

Azoulay, déjà présente à l'Elysée

L'hebdomadaire écrivait au sujet de la nouvelle ministre de la Culture, en 2015, qu'elle bénéficiait d'un "tempérament énergique" et d'une "excellente connaissance du monde du cinéma". Depuis son arrivée à l'Elysée, les accointances avec le chef de l'Etat se sont développées, de manière informelle, dans les couloirs du Palais d'abord, puisque c'est elle qui supervisait les projections ciné du dimanche soir, mais aussi dans le champ professionnel, puisqu'elle organisait des sorties avec le président, comme la visite de galeries parisiennes ou de soirées théâtre (L'Express cite encore la rencontre du président avec Bernard-Henri Lévy pour sa dernière pièce).

Crédit image - SIPA/WITT / Simon Decleves/SIPA