François Hollande : volte-face idéologique sur la "jungle" de Calais

François Hollande : volte-face idéologique sur la "jungle" de Calais Le gouvernement assure aujourd'hui que l'évacuation du sud de la "jungle" de Calais est la meilleure solution pour remédier à l'urgence de la situation. François Hollande n'a pas toujours été de cet avis...

[Mis à jour le 23 février 2016 à 14h00] Le gouvernement a tranché : face à l'urgence, la meilleure solution est d'évacuer une partie de la "jungle" de Calais. La préfecture du Pas-de-Calais a pris en fin de semaine dernière un "arrêté d'expulsion d'office" des occupants de la "zone sud" du camp, sommés de quitter les lieux. Le tribunal administatif a précisé ce mardi matin que l'ultimatum n'expirera pas - comme initialement prévu - à 20 heures ce jour, mais le démantèlement est toujours à l'ordre du jour. Pour le ministre de l'Intérieur, l'évacuation se fera "de manière progressive, par la persuasion et dans le respect de la dignité des personnes". Bernard Cazeneuve sait que plusieurs associations sur place et qu'une partie de la gauche réprouvent l'expulsion des migrants. Il a tenu à assurer que serait privilégié "à chaque instant le dialogue, la persuasion et l'information des migrants [...] en tenant compte de chaque situation individuelle".

Comment l'opinion publique jugera-t-elle cette décision qui vient du sommet de l'Etat ? Certains y verront une forme de détermination pragmatique. Mais force est de constater qu'elle relève aussi, indéniablement, de l'inconstance la plus brute. Comme le rappelle Libération ce mardi, le chef de l'Etat n'a pas toujours été favorable au démantèlement d'une partie de la "jungle". En 2009, François Hollande accusait Nicolas Sarkozy de vouloir détruire des baraquements dans le même camp. "Dans un premier temps, ils seront moins nombreux. Mais ensuite les mêmes causes produiront les mêmes effets et nous verrons surgir d'autres campements", écrivait-il dans une tribune republiée par Slate, s'autorisant même quelques accents lyriques : "Cacher ces camps que je ne saurais voir, ces visages que je ne saurais regarder, ces ombres qui nous rappellent les guerres d'ailleurs, ces déchets et ces abris de fortune qui révèlent un malheur s'ajoutant à la crise que nous traversons. Au-delà de la jungle, le choix est entre la civilisation et la sauvagerie".

En vidéo - Où sont logés les migrants qui quittent la "jungle" de Calais ?

"Où sont logés les migrants qui acceptent de quitter Calais"

Crédit image - WITT/SIPA