Cécile Duflot : avant le début de la primaire EELV, une lettre à Hollande dévoilée

Cécile Duflot : avant le début de la primaire EELV, une lettre à Hollande dévoilée Alors que les candidats à la primaire EELV participent à leur deuxième débat ce jeudi soir, une lettre envoyée par Cécile Duflot à François Hollande en 2013 a été rendue publique. Une véritable lettre de rupture.

[Mis à jour le 6 octobre 2016 à 14h21] Cécile Duflot avait accusé cet été François Hollande d'avoir menti à son sujet dans le livre "Conversations privées avec le président". Aujourd'hui, elle le prouve. Le chef de l'Etat avait déclaré aux journalistes Karim Rissouli et Antonin André que celle qui était alors ministre du Logement lui avait envoyé une lettre d'excuse après la polémique sur les Roms en septembre 2013. Pour comprendre, petit retour en arrière : Manuel Valls avait affirmé sur France Inter que "les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie", Cécile Duflot avait accusé le ministre de l'Intérieur d'avoir été "au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain". A en croire François Hollande, il a reçu quelques jours plus tard une lettre de l'écologiste "consciente d'avoir été trop loin". Mais Cécile Duflot a rendu public ce fameux message, à lire sur L'Obs, et sa teneur est bien différente.

C'est en réalité une véritable lettre d'avertissement et de rupture qu'a écrite Cécile Duflot sur un coup de colère. "Lorsque c'est d'un gouvernement de gauche que vient une parole qui accrédite une action basée sur la discrimination, on lance un processus dont personne ne peut imaginer l'issue mais dans la seule crainte que celle-ci soit funeste disqualifie définitivement cette tentation", prévenait la ministre du Logement. "Tu ne peux pas exiger de moi l'obéissance à une ligne qui s'imprimerait, sans jamais avoir été discutée, et qui est en opposition avec le cœur de mes – nos ? – convictions", affirmait-elle ensuite à France Hollande. Et effectivement, Cécile Duflot a fait le choix de quitter le gouvernement six mois plus tard, alors que Manuel Valls devenait Premier ministre.

Le fait que cette lettre soit rendu publique ce jeudi n'est probablement pas anodin. Les quatre candidats à la primaire EELV doivent participer à leur second débat à 18 heures. Et Cécile Duflot, qui a été ministre lors du quinquennat de François Hollande, ne veut pas être comptable de son bilan, ni tenue responsable de ses choix. Avec cette lettre, l'écologiste s'impose comme une véritable frondeuse et prouve qu'elle n'a pas été en conformité avec certaines décisions du chef de l'Etat et encore plus avec la ligne plus dure incarnée par Manuel Valls. Une façon pour Cécile Duflot de prouver que son expérience au gouvernement est plus un atout qu'un boulet, quelques heures avant de confronter à Yannick Jadot, Michèle Rivasi et Karima Deli.

Un premier débat qui met tout le monde d'accord

Lors du premier débat de la primaire EELV, le 27 septembre sur LCP, les quatre candidats n'ont montré que peu de différences dans leur discours. Même dans la forme, chacun a attendu son tour sans que le ton ne monte vraiment. "Est-ce que vous connaissez une famille politique où il y a tant d'harmonie ?", a même demandé Cécile Duflot. Les quatre écologistes étaient donc d'accord sur le passage au 32 heures, la sortie du nucléaire ou la légalisation du cannabis. Seules quelques différences se sont fait sentir entre les candidats : Cécile Duflot imagine un revenu universel à 1000 euros contre 524 euros pour Yannick Jadot, Karima Delli veut supprimer le poste de Premier ministre... Les sympathisants EELV seront donc plus appelés à choisir une personnalité qu'un projet pour cette primaire.