Pour Philippe Poutou, Jean-Luc Mélenchon, c'est "moi je"
Dans une élection présidentielle où les forces de gauche sont données clairement éliminées dès le premier tour, pourquoi une alliance entre Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou est-elle inenvisageable ? Invité de l'émission politique de Linternaute.com, en partenariat avec le JDD, le Huffington Post et le Lab Europe 1, le porte-parole du NPA, candidat au scrutin d'avril 2017, reconnaît des points communs avec le PG : "Evidemment on se sent proche, mais la proximité c'est surtout celle des militants [...] qu'on côtoie au quotidien dans les syndicats, dans les associations, les collectifs de lutte". Reste "un désaccord profond" : "Mélenchon, c'est 'moi je'". "Pourquoi il faudrait faire à nouveau confiance dans un politicien qui a un passé très classique ?", explicite Philippe Poutou. "La vraie rupture, c'est de dire que la politique à doit être autre chose, c'est à nous de la faire, on n'a pas besoin de suivre un héros ou un sauveur, soit disant". Et de considérer qu'une alliance avec le leader de "la France insoumise" était tout simplement impossible : "On nous fait le coup à chaque élection, on nous ressort la menace de la droite...".
Dans ce cas, quid d'un rapprochement avec Lutte ouvrière ? "On aurait pu discuter ensemble, défendre un programme ensemble, et ça, c'est pas fait". Au fond, Philippe Poutou admet que les divisions de l'extrême gauche sont assez regrettables pour son camp : "C'est sûr qu'il y un problème. On a nos côtés cons, nos côtés boutiquiers ou sectaires qui font que... [...] qui existent, pas que dans l'extrême gauche. [...] Avec Nathalie Artaud, on se retrouve hors monde politicien professionnel, du côté de la population et des salariés". Et d'insister à nouveau : "Avec Mélenchon, on a un autre problème, c'est quelqu'un qui a gouverné, qui vient du Parti socialiste. S'allier, ce n'est pas crédible".
Un désaccord profond sur les migrants
Philippe Poutou s'étonne par ailleurs de l'inflexion de Jean-Luc Mélenchon sur la question migratoire ("Une fois que les gens sont là, que voulez-vous faire ? Le rejeter à la mer ? Non, c'est absolument impossible. Donc il vaudrait mieux qu'ils restent chez eux" avait-il déclaré dans Le Monde en août). Le porte-parole du NPA marque sa différence sur ce sujet : "Nous on est pour la liberté d'installation. Il y a les moyens de le faire". Ce positionnement de Jean-Luc Mélenchon sur l"immigration, qui a fait couler beaucoup d'encre, Philippe Poutou la regrette : "On se dit 'Eh merde, si la gauche de gauche, elle ne peut pas exprimer une totale solidarité avec les migrants'...".