Najat Vallaud-Belkacem : vie privée, mari, Maroc, islam... Elle dévoile ses secrets

Najat Vallaud-Belkacem : vie privée, mari, Maroc, islam... Elle dévoile ses secrets NAJAT VALLAUD BELKACEM - La ministre de l'Éducation raconte dans un livre autobiographique son enfance, sa vie privée, mais aussi son parcours qu'elle estime réussi en politique.

[Mis à jour le 28 février 2017 à 22h20] Durant tout le quinquennat, on a beaucoup entendu la ministre de l'Éducation nationale. Elle a enchaîné les interviews pour défendre les choix du gouvernement. Mais cette fois-ci c'est pour parler d'elle que Najat Vallaud-Balkacem a décidé d'écrire un livre. Son autobiographie, intitulée "La vie a plus d'imagination que toi", aux éditions Grasset, sort le 1er mars. Le titre de son ouvrage a été inspiré par sa mère qui lui répétait sans cesse cette phrase. À quelques semaines de quitter le gouvernement, elle a voulu raconter son histoire qu'elle estime comme étant un exemple de réussite personnelle et de mobilité sociale. Elle espère encourager les jeunes à se battre pour sortir des préjugés. Sans tabou, la ministre aborde tout ce qui la concerne dans ce livre : son enfance au Maroc, sa vie de couple avec Boris Vallaud, son attachement au parti socialiste ainsi que ses convictions à l'islam

Sur son enfance, Najat Vallaud-Belkacem écrit l'un des passages les plus émouvants du livre. Née à Beni Chiker, dans le nord-est du Maroc, elle se souvient d'une maison sans eau ni électricité, qu'elle partageait avec ses parents et ses six frères et soeurs. "Quand on n'a pas eu l'eau courante, pendant des années, on est un peu différent", avoue-t-elle, expliquant avoir du mal à concevoir que ses enfants comprennent un jour un tel passé. Car Najat Vallaud-Belkacem est née "sans soins et sans médicaments", allait "chaque matin [...] chercher de l'eau au puits" quand elle ne s'amusait pas avec "deux poules chétives". Débarquée en France à 5 ans, sans maîtriser le français, elle raconte aussi les effort et les sacrifices que sa famille a dû réaliser pour s'intégrer. "Il faut s'adapter", "s'accoutumer", ose même la jeune ministre, comme pour faire passer un message. "Mon père disait toujours : 'ne faites pas de vagues. On doit être une famille respectable'", rappelle-t-elle.

VIDEO - Najat Vallaud-Belkacem estime que son "parcours dit quelque chose de la France, pays capable d'accueillir en son sein des gens venus d'ailleurs, d'éduquer leurs enfants". 

"Le lourd passé de Najat Vallaud-Belkacem"

Islam : Najat Vallaud-Belkacem allait à la mosquée avec sa mère

Sur le Maroc, Najat Vallaud-Belkacem veut d'ailleurs mettre les choses au clair. Souvent pointée du doigt sur les réseaux sociaux pour une prétendue "double allégeance", elle le clame haut et fort : "ma place est pleinement en France". Evoquant une "folie et un mensonge qui ont aussi servi de munitions aux snipers de la droite, en temps de campagne", la ministre de l'Education ne nie pas son attachement à son pays d'origine ("je ferai découvrir ce pays et une part de leurs racines à mes enfants"), mais ajoute aussitôt qu'elle n'a plus de réel contact avec le Maroc depuis des années.

Sur l'islam aussi, le livre de Najat Vallaud-Belkacem sonne comme une mise au point. La ministre parle des "confusions actuelles, des tensions identitaires, liées à l'islam, liées à mon histoire". Sur son rapport personnel à la religion, tout juste se souvient-elle de l'école en arabe qu'elle fréquentait au Maroc et de ses passage à la mosquée avec sa mère. "C'était un islam paysan, pieux et archaïque", précise-t-elle. Sur un autre sujet, elle redit l'horreur ressentie lors des attentats de 2015, parlant d'une "douleur redoublée" quand elle a entendu des "assassins" dire qu'ils avaient "vengé Mahomet". Najat Vallaud-Belkacem confie s'être sentie "salie, ravagée trahie, honteuse", malgré elle, qui avait "grandi dans cette foi".

Sur le terrorisme, si elle soutient que les responsables musulmans doivent combattre le "cancer obscurantiste", elle juge "scandaleuse" l'injonction faite aux croyants de se désolidariser des attentats. Une injonction qui suppose que les musulmans sont dans une "complaisance généralisée [...] alors que c'est l'inverse". Et de révéler ce moment d'effroi, quand elle a "découvert [son] nom dans une revue clandestine de Daech". "A leurs yeux, bien sûr, je suis une double traîtresse. Féministe, laïque, française, libre… Et d'origine marocaine", écrit Najat Vallaud-Belkacem.

Najat Vallaud-Belkacem éperdument amoureuse

Sur sa famille d'ailleurs, Najat Vallaud-Belkacem insiste sur l'éducation qu'elle tente d'apporter à ses enfants, des jumeaux, Louis et Nour. A la devise "liberté, égalité et fraternité" qu'elle veut leur entendre répéter, elle dit ajouter le mot "laïcité". Et se réjouit de voir sa fille s'intéresser à l'histoire de Jésus, comme pour porter encore une fois l’estocade à ceux qui pensent que la ministre voudrait faire de la France "un pays musulman" (une intox démontée en 2015 par Le Monde).

La vie privée a d'ailleurs sa place dans l'ouvrage, dont des extraits sont publiés par 20 Minutes et Le Figaro. Najat Vallaud-Belkacem consacre quelques lignes particulièrement flatteuse à son mari, Boris Vallaud. Un homme issu d'"un milieu éloigné", mais qui, depuis leur rencontre à SciencesPo, n'a cessé de l'éblouir. "Il incarne les gens qui ne cherchent pas ou ne voient pas les différences", écrit la ministre dans un style enflammé. "Bien sûr, il s'est intéressé à ma famille, à notre histoire, à mon origine. Mais, comment dire, ça ne comptait pas", ajoute-t-elle après ces mots : "Boris, c'est la France, dans sa splendeur et son humanité ; universel, engagé, neutre". Une façon de prendre appui sur son parcours et sa vie privée pour faire passer un message politique, comme dans tout le reste du livre.