Jean-Vincent Placé : une peine très légère, après des excuses très appuyées

Jean-Vincent Placé : une peine très légère, après des excuses très appuyées JEAN-VINCENT PLACE - L'ancien secrétaire d'Etat a été condamné à trois mois de prison avec sursis et une amende de 1000 euros. Il risquait jusqu'à 4 ans de prison, pour des violences exercées dans un club parisien, le 4 avril.

[Mis à jour le 10 septembre 2018 à 14h25] Jean-Vincent Placé a été condamné ce lundi 10 septembre 2018, à une peine de trois mois d'incarcération avec sursis et à une amende de 1000 euros, pour violences et outrage. Il était poursuivi pour "violences volontaires sans incapacité commises sous l'emprise de l'ivresse", "outrage sur personne dépositaire de l'autorité publique" et "injures publiques envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée". L'incident pour lequel il était jugé date de la nuit du 4 au 5 avril 2018, pour des faits survenus au bar de la rue Princesse, dans le VIe arrondissement de Paris. Il risquait une peine bien plus conséquente : jusqu'à quatre ans d'emprisonnement. Le procureur avait toutefois requis une peine de 6 mois de prison avec sursis, assortie de deux ans de mise à l'épreuve et une obligation de soins.

Au printemps dernier, quelques semaines après les faits, Jean-Vincent Placé avait accordé une interview à Paris Match, pour revenir sur l'incident et faire un immense mea culpa public. Dans les colonnes de l'hebdomadaire, il avouait son "alcoolisme", en disant "assumer le mot". "J'ai réalisé que, dans les derniers mois, j'avais bu excessivement en diverses circonstances", confiait-il, allant jusqu'à verser quelques larmes en évoquant son enfance difficile lors de son arrivée en France à sept ans. L'ancien secrétaire d'Etat avait aussi assuré, dans le magazine, n'avoir pas proféré d'insultes racistes. "Une chose est de boire trop, une autre d'être pris pour un pervers et un raciste. Je n'ai jamais insulté cette jeune femme. Elle l'a confirmé lors de la confrontation", expliquait-il, faisant référence à la version du videur.

Jean-Vincent Placé : "J'ai honte, je vais me soigner"

L'intéressé en profitait pour livrer sa vérité : "Je n'ai jamais proféré d'insultes racistes. Encore moins avec ce videur qui se fait appeler Vladimir et se prétend serbe. Lui m'a mis une gifle, mes lunettes sont tombées, elles se sont cassées en deux. L'outrage aux policiers est à replacer dans ce contexte d'énervement". Quoi qu'il en soit, Jean-Vincent Placé le disait sans ambages : "J'ai honte, je vais me soigner". Il a également tenu à s'excuser auprès de ses proches. "Je mesure bien la honte et l'indignité d'avoir été en état d'ébriété, d'avoir eu un comportement déplacé et inconvenant. J'en paierai les conséquences. Je le dois à ma famille auprès de laquelle je m'excuse aussi", avait-il affirmé.

La soirée agitée de Jean-Vincent Placé : rappel des faits présumés

Mercredi 4 avril au soir, Jean-Vincent Placé se trouvait avec un ami sénateur à La Piscine, un bar du VIe arrondissement de Paris. Visiblement ivre, l'homme politique d'origine coréenne aurait d'abord importuné plusieurs jeunes femmes, dont une à qui il aurait proposé de danser avec son accompagnateur contre une rémunération. Selon le magazine Le Point, l'ancien sénateur de l'Essonne, manifestement remonté après le refus catégorique de la jeune femme, lui aurait alors tenu le bras et l'aurait poussée vers son ami, le tout en lui lançant un "sale pute, tu ne mérites que ça".

La victime serait allée se plaindre auprès de l'agent de sécurité de l'établissement, qui a raconté sa version des faits à RTL. Selon lui, Jean-Vincent Placé "était en train de draguer une mineure de 17-18 ans en lui disant 'tiens, danse avec mon pote sénateur, je te paye si tu veux'. (...) La petite était choquée", témoigne-t-il. Et d'ajouter : "Je l'ai pris par le col, je l'ai sorti, et là [il m'a dit] 'me touche pas, tu sais pas combien ça coûte ma veste, c'est le prix de ce que tu peux gagner dans ton pays'. (...) C'est ignoble".

La soirée de Jean-Vincent Placé a dérapé

Lors de l'intervention du premier policier arrivé sur les lieux, Jean-Vincent Placé serait sorti de ses gonds et aurait lancé, au portier du bar ou au policier - les versions divergent : "Nous ne sommes pas au Maghreb ici. Tu ne sais pas qui je suis. Je vais te renvoyer en Afrique moi tu vas voir", aurait-il dit, selon un témoignage. Il aurait ensuite menacé son interlocuteur de faire jouer ses "connaissances" pour le "renvoyer dans son pays", écrit le Point. A force "d'emmerder le monde" selon les propos d'un témoin rapportés par Libération, Jean-Vincent Placé aurait fini par se prendre "gifle de légionnaire".

Visiblement peu échaudé par cette remontrance, il aurait lancé au responsable de sécurité du bar : "Tu veux que je te mette un coup de boule ?". Finalement exfiltré de l'établissement par les services de police, l'homme de 50 ans aurait tenté de pénétrer à nouveau dans le bar. "Espèce de tocard, qu'est-ce que t'as ?", aurait-il alors dit au policier qui l'en empêchait. "Ils arrivent quand les connards ?", aurait ensuite déclaré Jean-Vincent Placé en attendant l'arrivée de renfort policier.

Le président de l'Union des démocrates et des écologistes aurait exigé la venue d'un haut gradé, alors qu'il s'était présenté comme un "ministre français" selon le Parisien (il ne fait plus partie du gouvernement depuis mai 2017). Lors de son transport vers l'hôtel de police, Jean-Vincent Placé aurait soutenu, selon Le Point, avoir reçu un coup de poing de la part d'un individu se trouvant dans le bar et se revendiquant de l'extrême-droite, sans que la police ne constate de trace d'une éventuelle agression sur son visage. L'hebdomadaire ajoute que l'ami qui accompagnait Jean-Vincent Placé lors de cette soirée est un sénateur du groupe Union centriste. 

Il aurait été "très respectueux" et aurait tout de suite confié aux policiers que son ami avait "trop bu". Des précisions ont été apportées sur la garde à vue de Jean-Vincent Placé. On sait désormais qu'il a été confronté avec la jeune femme qu'il aurait insultée, face au refus de celle-ci de procéder à une danse contre rémunération.

Jean-Vincent Placé : des antécédents avec la presse à scandale

Ce n'est pas la première fois que Jean-Vincent Placé fait la une de l'actualité en dehors du terrain politique. En 2013, il avait été contraint de régler plus de 18 000 euros d'amendes impayées, qui faisaient suite à une centaine d'infractions routières. C'est la région Ile-de-France, dont il a été vice-président, qui avait exigé de lui qu'il régularise sa situation. S'il avait déclaré "assumer" cette erreur, il avait indiqué, pour sa défense, ne pas être "un homme de chiffres".

L'ancien sénateur de l'Essonne s'est aussi fait remarquer plus récemment, en 2016, au Masters de tennis de Paris-Bercy. Alors dans le public, il avait perturbé le bon déroulement du match en bavardant et l'un des deux joueurs, Stan Wawrinka, ne s'était pas privé pour le recadrer. "Oh ! Ça te dérange pas qu'on joue un match ? Non mais sérieux, il est minuit, si tu n'as pas envie de voir, tu rentres !", lui avait alors lancé le joueur suisse depuis le court.

Enfin, Jean-Vincent Placé avait également fait parler de lui en septembre dernier, mais cette fois bien malgré lui. L'ancien sénateur avait été victime d'une tentative de vol à l'arraché, deux hommes ayant tenté de lui dérober sa montre et l'ayant frappé au niveau du cou et de la lèvre. Après cette agression violente, il avait annoncé vouloir prendre du recul et ne s'était pas présenté aux sénatoriales.

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Jean-Vincent Placé, bio express

Né en 1968 à Séoul et adopté par une famille française, Jean-Vincent Placé a fait ses premières armes politiques dans les syndicats étudiants. Initialement rallié aux idées des Radicaux de gauche, il se rapproche des Verts en 2001, suite au décès de Michel Crépeau, dont il était le chef de cabinet. Lors des législatives de 2007, le Parti socialiste propose de le soutenir dans la 5e circonscription de l'Essonne : il refusera, par solidarité avec les Verts qui réclamaient alors plus de sièges. Il fonde Natureparif en 2007, une agence régionale pour la protection de la biodiversité en Ile-de-France, il en est aujourd'hui le premier vice-président.

Secrétaire national adjoint des Verts en décembre 2008, il est depuis juin 2009 membre du bureau exécutif d'Europe Écologie et a rejoint en 2011 le Palais du Luxembourg, élu sénateur de l'Essonne. En 2012, il est devenu président du groupe des écologistes au Sénat. En 2014, en désaccord avec son parti, il dénonce notamment l'alliance conclue entre EELV et le Front de gauche pour les élections régionales. Il quitte le parti et participe à la fondation d'un mouvement écologiste de centre gauche, connu sous le nom : Écologistes ! En février 2016, sous le gouvernement de Manuel Valls, il est nommé secrétaire d'État chargé de la réforme de l'État. Il est aujourd'hui président de l'Union des démocrates et des écologistes (UDE).

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Jean-Vincent Placé a été en couple avec Cécile Duflot en 2006, alors que celle-ci était à la tête de Verts. Il a ensuite partagé la vie d'une autre femme écologiste, la députée EELV de l'Essonne Eva Sas. Papa d'une petite fille née en novembre 2013, il se séparera de sa conjointe l'année suivante. On en sait peu sur la vie privée de l'ancien secrétaire d'Etat, si ce n'est qu'il se présente comme un féru d'histoire de France, amateur de tennis ainsi que d'œnologie.

Côté formation et vie professionnelle, Jean-Vincent Placé a été formé à Caen et est diplômé d'une maîtrise d'économie industrielle, mais aussi de droit bancaire. Il a été brièvement auditeur financier avant d'entrer en politique en, tant qu'attaché parlementaire au service de Michel Crépeau, ancien député-maire de la Rochelle, dirigeant des radicaux de gauche à la fin des années 19870 et ancien ministre de François Mitterrand.

Jean-Vincent Placé et Nabilla

En mars 2017, Jean-Vincent Placé, alors secrétaire d'État à la Réforme de l'État et à la Simplification, s'affichait avec la starlette de téléréalité Nabilla sur les réseaux sociaux. La rencontre, fortuite, avait eu lieu au Palais de Tokyo, en pleine campagne présidentielle. Au sein du restaurant "Monsieur Bleu", où se trouvait aussi Nabilla et son compagnon Thomas Vergara, Jean-Vincent Placé avait engagé la conversation, témoignant de son admiration pour l'ancienne vedette des "Anges de la téléréalité". L'ancien sénateur qualifiait la star de "fraîche" et "généreuse", insistant à plusieurs reprises sur sa sincérité.

C'est Thomas Vergara qui postera les clichés de ce drôle de moment sur les réseaux sociaux. Plusieurs observateurs remarqueront que le secrétaire d'Etat a agrippé le bras de la jeune femme, qui semblera avoir bien du mal à s'en libérer. "Il ne la lâche plus", s'amusera alors le compagnon de Nabilla. Sur Snapchat, où il a posté le court extrait, Thomas Vergara précisera que Jean-Vincent Placé aurait dit "je te kif" (sic) à Nabilla.

Jean-Vincent Placé aurait été fortement alcoolisé au moment des faits, son taux d'alcoolémie aurait atteint les 1,16 g ou 2,32 g, selon les sources. Plusieurs twittos ont d'ailleurs remarqué un étrange retweet qu'a effectué Jean-Vincent Placé il y a quelques jours et qui prend un sens différend aujourd'hui. L'auteur du tweet en question évoque son abstention pour la consommation d'alcool, dont elle ressent les bénéfices pour sa santé mais qui l'"emmerde prodigieusement".