Alexandre Benalla : vers la prison ? Ce qu'il risque à son procès

Alexandre Benalla : vers la prison ? Ce qu'il risque à son procès BENALLA. Le procès en appel d'Alexandre Benalla s'est ouvert ce vendredi 9 juin devant la cour d'appel de Paris. En 2021, il avait été condamné en première instance à trois ans de prison dont un ferme, pour des violences perpétrées lors des manifestations du 1er-Mai en 2018. Que risque-t-il ?

[Mis à jour le 9 juin 2023 à 14h25] L'affaire Benalla avait secoué la société française il y a cinq ans. Ce vendredi 9 juin, elle revient sur le devant de la scène médiatique avec l'ouverture du procès en appel d'Alexandre Benalla devant la cour d'appel de Paris, indique Le Monde. L'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron est notamment poursuivi pour avoir commis des violences contre trois hommes et deux femmes en tentant de les interpeller en marge des manifestations du 1er-Mai en 2018 à Paris. Alexandre Benalla portait alors un casque de CRS et un brassard. Or, il n'était présent aux côtés des forces de l'ordre qu'en tant qu'"observateur" lors des manifestations du 1er-Mai. Alexandre Benalla était alors chargé de mission à l'Elysée, et coordonnait les déplacements officiels et privés du président Emmanuel Macron.

Outre ces faits pour lesquels il est poursuivi pour "violences en réunion", Alexandre Benalla est également accusé d'avoir porté illégalement une arme de poing en 2017. En cause, un selfie pris à l'époque sur lequel on le voit s'exhiber avec une arme à la main. Il est enfin visé par l'accusation des chefs de "faux, usage de faux en écriture et usage public sans droit d'un insigne" et d'usage "frauduleux de passeports diplomatiques". Il est en effet accusé d'avoir continué à utiliser deux passeports diplomatiques pour des voyages d'affaires en Afrique et en Israël, alors qu'il avait pourtant été licencié par l'Elysée.

"J'ai commis sans doute de nombreuses erreurs", dit Alexandre Benalla à l'ouverture du procès

Dans un premier temps, le coup d'envoi de ce procès en appel avait été fixé à la fin du mois de janvier 2023. Mais l'audience avait été reportée à la demande d'Alexandre Benalla, qui l'avait justifiée par des "difficultés personnelles et de santé". Dans un propos liminaire à l'ouverture du procès ce vendredi, il a déclaré devant la cour d'appel de Paris : "J'ai commis sans doute de nombreuses erreurs, pas par provocation, mais par maladresse. Des erreurs de jeunesse d'un homme qui se sentait acculé", rapporte Ouest-France. Alexandre Benalla a "regretté" les "nombreux dommages, directs ou indirects" des faits qui lui étaient reprochés lors des manifestations du 1er-Mai.

Alexandre Benalla a ensuite précisé travailler aujourd'hui en tant que "conseiller dans une ONG en Suisse", pays dans lequel il est installé depuis deux ans. Surtout, il a indiqué vouloir "limiter" son appel du jugement en première instance "aux seuls faits de violences volontaires" pour lesquels il est poursuivi dans le cadre de la manifestation du 1er-Mai en 2018. "J'ai cru agir dans le cadre de la loi", a-t-il assuré. Pour rappel, il avait écopé en première instance d'un an de prison ferme. Alexandre Benalla pourrait voir sa peine alourdie ou, au contraire, allégée dans le cadre de ce procès en appel.

L'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron a par ailleurs déclaré reconnaître plusieurs délits pour lesquels il avait été condamné en première instance, parmi lesquels ceux relatifs à l'usage de deux passeports diplomatiques alors qu'il avait été limogé de l'Elysée, et au selfie où on le voit s'exhiber avec une arme de poing. "Je n'ai pas ramené d'armes avec moi ce jour-là, mais j'ai fait la photo", a-t-il indiqué ce vendredi, reconnaissant un "manque de discernement", toujours selon Ouest-France. La fin du procès est fixée au 16 juin.

Alexandre Benalla condamné en première instance à trois ans de prison dont un ferme

Le 5 novembre 2021, Alexandre Benalla a été condamné en première instance pour ces faits à trois ans de prison, dont un ferme, par le tribunal correctionnel de Paris. Il s'est également vu interdit d'exercer toute fonction publique pendant 5 ans, ainsi que de porter une arme pendant dix ans. Il a aussi été condamné à une amende de 500 euros. Comme le rappelle Le Monde, Alexandre Benalla avait alors réfuté la quasi-totalité des accusations portées contre lui lors de ce procès, et avait indiqué avoir agi lors des manifestations du 1er-Mai "par réflexe" citoyen. Le tribunal correctionnel de Paris avait alors évoqué dans son jugement des "explications absurdes et irresponsables".

Quels sont les faits de violences reprochés à Alexandre Benalla ?

Le 1er mai 2018, Laurent Simonin, chef adjoint de l'état-major de la Direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC) de la préfecture de police, invite Alexandre Benalla, chargé de mission à l'Elysée, à participer à une manifestation aux côtés des unités d'intervention de police, en tant qu'observateur. Vers 20h, ce dernier se trouve donc en compagnie d'une unité de CRS place de la Contrescarpe, à Paris. Alors qu'un couple jette des projectiles en direction des CRS, Alexandre Benalla est filmé, muni d'un casque et d'un brassard de policier, attrapant la femme par le cou et la trainant à l'écart. Il réapparait ensuite sans son brassard et frappe l'homme à plusieurs reprises. Le journaliste Taha Bouhafs publie la vidéo sur les réseaux sociaux le jour même, prenant Alexandre Benalla pour un policier.

Dans les jours qui suivent, la vidéo est transmise de façon anonyme à l'IGPN, qui décide de ne pas donner suite au signalement. L'Elysée est également avertie des agissements d'Alexandre Benalla et le suspend de ses fonctions pour deux semaines. Le 18 juillet 2018, Le Monde, ayant identifié Alexandre Benalla sur la vidéo, dévoile son identité et son lien avec l'Elysée dans un article. L'affaire fait scandale. Dès le lendemain, le parquet ouvre une enquête préliminaire pour "violences par personne chargée d'une mission de service public", "usurpation de fonctions" et "usurpation de signes réservés à l'autorité publique".

Le 22 juillet 2018, Alexandre Benalla est mis en examen, en même temps qu'il est licencié de l'Elysée. Trois agents soupçonnés de lui avoir transmis illégalement des images de vidéosurveillance sont également suspendus et mis en examen, ainsi que Vincent Crase, ancien réserviste de la gendarmerie, chargé de la sécurité à LREM, qui était aux côtés d'Alexandre Benalla le 1er mai. Vincent Crase est également jugé en appel à Paris à partir de ce vendredi 9 juin 2023. Après l'explosion de l'affaire, de nouvelles vidéos montrant Alexandre Benalla le 1er mai se mettent à circuler. Le 27 juillet 2018, Libération publie une vidéo d'une manifestation au Jardin des plantes, à Paris. Alexandre Benalla et Vincent Crase y apparaissent encadrant un troisième homme, qu'ils tiennent à bout de bras et empêchent de s'enfuir. Le 31 juillet, des manifestants présents portent plainte. Le 29 novembre 2018, le parquet de Paris ouvre une seconde enquête sur Alexandre Benalla pour de nouveaux faits de violence survenus le 1er mai.

Quels sont les autres faits reprochés à Alexandre Benalla ?

Alexandre Benalla n'est donc pas uniquement jugé pour des faits supposés de violences qui lui sont reprochés. L'ancien employé de l'Elysée est également visé par une enquête liée à l'utilisation de deux passeports diplomatiques pour des voyages d'affaires en Afrique et en Israël alors qu'il avait été licencié par le Palais de l'Elysée. Par ailleurs, Alexandre Benalla est mis en cause pour port prohibé d'une arme de poing. Le 28 avril 2017, il s'exhibe sur un selfie avec une arme à la main, aux côtés d'une femme et de deux hommes. Une photo prise dans un restaurant de Poitiers (Vienne), à l'issue d'un meeting d'Emmanuel Macron.