Abdelaziz Bouteflika : éjecté du pouvoir, rumeurs de mort... Une drôle de fin de règne

Abdelaziz Bouteflika : éjecté du pouvoir, rumeurs de mort... Une drôle de fin de règne BOUTEFLIKA - Le pouvoir algérien en place est peut-être en train de vivre ses derniers instants après l'appel du chef de l'armée à déclarer Abdelaziz Bouteflika inapte à gouverner.

[Mis à jour le 26 mars 2019 à 22h16] Après un mois de mobilisations massives contre le prolongement du quatrième mandat d'Abdelaziz Bouteflika, le pouvoir algérien en place s'apprête peut-être à chuter. Ce mardi 26 mars, Ahmed Gaïd Sakah, chef d'État major des armées du pays, a appelé à la mise en application de l'article 102 de la Constitution, qui permettrait de destituer le président Abdelaziz Bouteflika en le déclarant inapte à exercer ses fonctions. Cette déclaration, faite lors d'un discours retransmis à la télévision, pourrait bien être un tournant majeur dans la crise politique dans laquelle l'Algérie est actuellement plongée. 

"Il faut adopter une solution qui garantit la satisfaction de toutes les revendications légitimes du peuple algérien et qui garantit le respect des dispositions de la Constitution et la continuité de la souveraineté de l'État, une solution de nature à être acceptée de tous", a déclaré Ahmed Gaïd Sakah, avant d'ajouter : "C'est une solution prévue par la constitution dans son article 102". L'article en question stipule que le Parlement peut destituer le président en exercice, à condition que le Conseil constitutionnel estime qu'il est incapable d'assurer sa fonction en raison "de maladie grave et durable". Ce serait alors au président du Conseil de la Nation, l'équivalent du Sénat, d'assurer l'intérim pendant une période maximale de 45 jours. C'est Abdelkader Bensalah qui assurerait ici cette fonction. Après cette période, l'empêchement du président doit être à nouveau constaté. Si la vacance définitive est déclarée, la dernière phase de la transition démarrerait. De nouvelles élections présidentielles seraient organisées et devraient être tenues sous 90 jours.

Les réactions à l'appel d'Ahmed Gaïd Sakah ne se sont pas fait attendre et de nombreux membres de la classe politique ont dénoncé un coup de force de l'armée. Yassine Aissiouane, secrétaire national à la communication RCD, parti de la coalition gouvernementale, a qualifié la position du chef d'état major de "tentative de coup d'État". L'opposant Rachid Nekkaz a appelé à rejeter cette solution qui serait celle de la continuité du système et a qualifié la décision de Gaid Salah de "coup d'État constitutionnel". Le Front des forces socialistes quant à lui assimilé l'appel à l'utilisation de l'article 102 à un coup de force contre la volonté populaire".

Le Conseil constitutionnel serait en accord avec l'armée

Le Conseil constitutionnel se serait d'ores et déjà prononcé pour la destitution du président algérien. Selon les informations d'ObservAlgérie et de Dzaïr TV, cette instance se serait déjà réunie en fin d'après-midi ce mardi 26 mars et aurait "statué à l'unanimité sur la vacance du poste de Président de la République". "Ils ont informé le Parlement du constat de la vacance du poste de Président de la République", écrit ObservAlgérie.
Cette décision intervient alors qu'ont récemment émergé des informations alarmantes sur l'état de santé d'Abdelaziz Bouteflika. Sur les réseaux sociaux, ces derniers jours, ont circulé des documents décrits comme des "rapports médicaux" évoquant la question d'un potentiel décès du président algérien en Suisse. Lundi 11 mars, Abdelaziz Bouteflika est pourtant apparu à la télévision algérienne, alors qu'il recevait la démission de son Premier ministre Ahmed Ouyahia. Il s'agissait de la première apparition publique chef de l'État algérien depuis avril 2018. Avant cela, il ne s'était pas adressé lui-même à son peuple depuis 2014. Ces images, dont la date fait l'objet de doutes (aucun élément concret ne permet d'affirmer qu'elles ont bien été filmées le 11 mars), attestent quoi qu'il en soit de l'état de santé fragile du chef de l'État, qui apparaît particulièrement affaibli.

Abdelaziz Bouteflika "à bout de souffle", "sous menace vitale permanente"

Il est désormais très clair que l'état de santé du président algérien est extrêmement précaire. Abdelaziz Bouteflika avait effectué un long séjour dans un hôpital parisien en 2013, suite à un AVC. Le 17 avril 2014, lors de sa première apparition publique après cet AVC, Abdelaziz Bouteflika était apparu en fauteuil roulant. Son dernier séjour de deux semaines dans un hôpital de Genève, en pleine manifestation contre sa candidature, date de seulement quelques semaines. Ce déplacement avait suscité de nombreuses rumeurs. La Tribune de Genève, avait écrit dans ses colonnes qu'Abdelaziz Bouteflika était "sous menace vitale permanente". Selon les journalistes, le chef de l'Etat algérien ne pourrait plus s'exprimer à cause d'une aphasie et présente des risques d'infection des poumons. Toujours selon ce média, Abdelaziz Bouteflika semble comprendre ce qu'on lui dit, mais est incapable de répondre de manière autonome. Ali Benouari, ancien ministre algérien des Finances et candidat à l'élection présidentielle de 2014, confiait récemment au Point qu'Abdelaziz Bouteflika était "à bout de souffle". "Il ne parle plus. Il est en permanence sous perfusion", avait-il déclaré.