Août
2007 Discours
de Nicolas Sarkozy à l'université d'été du Medef
| Université
d'été du Medef, Jouy-en-Josas, le 30 août 2007 - Intégralité du discours de Nicolas
Sarkozy sur la relance économique. | Seul le prononcé
fait foi : Mesdames
et Messieurs, C'est une joie pour moi de vous retrouver à l'occasion
de cette université d'été du Medef. C'est un moment important puisque c'est la
première fois que je suis amené à prendre la parole devant les chefs d'entreprises
de France depuis que j'ai été élu Président de la République.
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Nicolas Sarkozy prononçant son discours à l'université
d'été du Medef © L'Internaute Magazine |
| En répondant à votre invitation,
j'ai voulu exprimer mon souhait que toute la Nation soit rassemblée derrière ses
entreprises. J'ai voulu dire à tous nos concitoyens que notre pays a besoin de
ses entreprises et de ses entrepreneurs. Je veux vous dire publiquement mon amitié
et mon admiration pour le formidable travail que vous accomplissez tous les jours
au service de l'économie de notre pays. Je sais ce que vous doit l'immense effort
de modernisation accompli par les entreprises françaises au cours des vingt dernières
années. Je veux dire aussi mon estime à Laurence Parisot qui vous représente
avec tant d'enthousiasme, d'intelligence et d'énergie et qui fait tout pour réconcilier
les Français avec leurs entreprises. Je veux la remercier de son invitation qui
me donne l'occasion de m'exprimer sur la situation économique de notre pays et
sur la manière dont j'entends y faire face alors que les turbulences financières
menacent la croissance mondiale. Je veux le faire sans détours. Je veux
le faire avec franchise. Je veux vous dire que je n'ai pas changé en devenant
Président de la République. Je ne suis pas devenu adepte de la pensée unique.
Comment espérer changer quoi que ce soit si l'on n'a pas le courage de bousculer
les idées reçues ? Comment croire que l'on est capable de sortir de l'immobilisme
si l'on n'a même pas la volonté de s'extraire du conformisme ?
"Comment réformer si l'on ne veut pas
prendre le risque de la rupture ? Le mot rupture ne m'a jamais fait peur" |
Comment réformer si l'on ne veut pas prendre le risque de la rupture
? Le mot rupture ne m'a jamais fait peur. Je n'ai pas peur de dire que je veux
la rupture avec les habitudes de pensée, avec les idées, avec les comportements
du passé qui nous empêchent d'avancer, de prendre notre avenir à bras le corps,
de renouer avec la croissance. Je veux la rupture avec l'idéologie de la fin du
travail, avec cette idée fausse que pour donner du travail à tout le monde, il
faut partager le travail, avec cette politique de dévalorisation du travail qui
depuis 30 ans s'efforce par tous les moyens d'empêcher les Français de travailler,
qui démoralise et qui appauvrit les travailleurs de notre pays. Je veux la rupture
avec cette façon absurde de penser qui oppose les entreprises aux ménages, les
entrepreneurs aux salariés, le secteur privé au secteur public. Je veux la rupture
avec ce conformisme intellectuel qui nous oblige à penser que l'économique et
le social sont antinomiques. Je veux la rupture avec le malthusianisme, avec le
conservatisme, avec l'immobilisme, parce qu'il n'y a pas de révolution économique
qui ne commence par une révolution dans les esprits. Il n'y a pas de dynamisme
économique, il n'y a pas de croissance qui ne trouve son origine dans les mentalités,
dans les valeurs, dans les croyances. Nos blocages sont d'abord dans
les têtes. Ils sont dans les préjugés, dans les a priori, dans le manque d'audace,
dans le manque de courage. Cette rupture je la crois nécessaire. Cette rupture
je m'y suis engagé. Cette rupture les Français l'ont approuvée. Cette rupture
je la ferai.Je ne laisserai personne y faire obstacle. Je ne laisserai personne
l'édulcorer. Je ne laisserai personne la dénaturer. Cette rupture je la conduirai
dans le dialogue, dans la concertation, dans la négociation, mais je la conduirai
jusqu'au bout. Je veux parler le langage de la vérité. La vérité c'est
que c'est le travail de tous qui fait la richesse de chacun. La vérité c'est que
lorsque les entreprises ont des difficultés, lorsqu'elles ne sont pas efficaces,
lorsqu'elles ne sont pas compétitives, ce sont les ménages qui s'appauvrissent,
c'est le chômage qui augmente, c'est l'exclusion qui s'aggrave.La vérité c'est
que lorsque la productivité diminue c'est le pouvoir d'achat qui diminue.
La vérité c'est que les entreprises ont tout intérêt à ce que l'Etat
soit efficace et que l'Etat a tout intérêt à ce que les entreprises soient compétitives.
La vérité c'est que la productivité des services publics et la qualité des infrastructures
augmentent la compétitivité des entreprises. La vérité c'est que l'on
ne peut pas durablement dépenser plus que l'on produit. La vérité c'est que tout
se tient, que la compétitivité est globale, que la productivité est globale et
qu'il n'y a de véritable croissance économique que lorsque tous les secteurs s'entraînent
les uns les autres, que lorsque toute la société innove, que lorsque tout le monde
est tendu vers l'avenir, que lorsque tout le monde investit.
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Nicolas Sarkozy prononçant son discours à l'université
d'été du Medef © L'Internaute Magazine |
| Il nous manque un point de croissance
pour résoudre nos problèmes, pour que l'avenir redevienne une promesse au lieu
d'être une menace, pour que les enfants aient de nouveau le sentiment qu'ils vivent
mieux que leurs parents.Ce point de croissance, il ne viendra pas tout seul.
On demande toujours au Gouvernement ses prévisions de croissance. On ferait
mieux de lui demander ce qu'il compte faire pour qu'il y ait le plus de croissance
possible. Je ne suis pas venu commenter la conjoncture. Je ne suis pas venu faire
des prévisions. Je suis venu vous dire que je n'avais pas l'intention
d'attendre les bras croisés que la conjoncture internationale s'améliore. On me
dit qu'il faut en faire moins parce que la conjoncture se ralentit. Mais je suis
venu vous dire qu'au contraire ce ralentissement m'incite à en faire plus.
Moins la croissance nous est donnée, plus il faut faire d'efforts pour aller
la chercher. Je sais que la croissance ne se décrète pas. Mais elle ne tombe pas
non plus du ciel. Je ne suis pas partisan du laissez-faire. Je ne crois pas que
la seule politique possible quand la croissance ralentit, c'est d'augmenter les
impôts pour compenser la perte de recettes. La croissance qui nous manque,
je veux aller la chercher. Il nous faut aller la chercher non à l'extérieur de
nous-mêmes mais en nous-mêmes. Il ne faut pas attendre que la conjoncture internationale
nous l'apporte. Il nous faut la fabriquer avec nos talents, avec nos imaginations,
avec notre audace, avec notre courage. Cette croissance, nous la gagnerons en
travaillant, en créant, en investissant, en prenant des risques, en nous réformant,
en mettant en uvre une politique globale, en agissant sur tous les leviers, aussi
bien en direction des entrepreneurs que des ménages, des entreprises que des administrations.
Mais pour réussir à entraîner les Français, il faut créer la confiance. Mais
il ne faut pas qu'ils aient le sentiment que l'on se moque d'eux. Expliquer qu'il
n'y a pas de problème de pouvoir d'achat en France, c'est se moquer du monde.
Expliquer que l'Euro n'a pas fait monter les prix, c'est se moquer du monde. .
"Expliquer que l'Euro n'a
pas fait monter les prix, c'est se moquer du monde" | Je ne
veux plus qu'on se moque des Français avec des indices des prix qui ne veulent
rien dire, qui ne mesurent pas le coût de la vie, qui n'ont aucun rapport avec
la réalité vécue par les ménages. C'est la crédibilité de la parole de l'Etat
qui est en jeu. Il ne peut pas y avoir de confiance s'il n'y a pas de vérité.
Je veux que l'on dise la vérité aux Français. Je veux que l'on prenne au sérieux
la question du pouvoir d'achat. J'ai voulu dès le début de l'été faire
voter le paquet fiscal pour créer un choc de confiance. Car sans la confiance
des Français il n'y aura pas de réformes ni de croissance. Etait-ce une politique
de la demande par opposition à une politique de l'offre ? Etait-ce une politique
visant à encourager la consommation au lieu de la production ? Ce
débat, à mes yeux, je vous le dis comme je le pense, n'a aucun sens. Quand on
améliore la rémunération du travail à travers les heures supplémentaires, quand
on encourage l'accession à la propriété à travers le crédit d'impôt sur les intérêts
d'emprunt, quand on cherche à faire revenir les talents grâce au bouclier fiscal
à 50%, quand on encourage l'investissement dans les PME en l'exonérant de l'ISF,
qui peut dire que c'est une politique de la demande plutôt qu'une politique de
l'offre ? Qui peut dire qu'on encourage la consommation davantage que la production
? Qui peut dire qu'inciter les Français à travailler davantage pour gagner plus
ce n'est pas aussi une politique de l'offre ?
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Nicolas Sarkozy prononçant son discours à l'université
d'été du Medef © L'Internaute Magazine |
| La politique que je veux conduire
est une politique de l'offre et de la demande. C'est une politique de la compétitivité
et du pouvoir d'achat, parce que dans mon esprit le pouvoir et la compétitivité
son indissociables. Je veux aller beaucoup plus loin sur la concurrence pour faire
baisser les prix à la consommation en intégrant toutes les marges arrières dans
le calcul du seuil de revente à perte. Un dispositif particulier sera étudié pour
les produits agricoles. Je veux aller beaucoup plus loin dans l'assouplissement
des 35 heures pour redonner des marges de manuvre plus importantes à la politique
salariale. Je veux engager avec les partenaires sociaux une discussion sur la
possibilité de donner une plus grande place aux accords de branches et d'entreprises.
Je veux aller beaucoup plus loin dans l'allègement de la taxation du travail
pour rendre du pouvoir d'achat aux travailleurs. Je veux taxer le pollueur plutôt
que le travailleur. Je veux aller plus loin dans la remise à plat de nos prélèvements
obligatoires. Je veux aller plus loin dans la réforme fiscale. Il
faut dire la vérité aux Français : si l'on taxe trop le travail, il se délocalise,
si l'on taxe trop le capital, il s'en va. Dans le monde tel qu'il est, taxer directement
les facteurs de production, taxer directement le travail et le capital c'est se
condamner à moins d'emplois, à moins de production, à moins de croissance, à moins
de pouvoir d'achat. Il faut avoir le courage de le dire : la question de la taxe
professionnelle, la question de la taxe sur les salaires, la question de l'assiette
des cotisations sociales doivent être posées. Il faut avoir le courage de le dire
: nous ne pouvons pas continuer à taxer aussi massivement le travail, l'investissement
et la production de richesse plutôt que la richesse produite.
"Il faut dire la vérité aux Français : si
l'on taxe trop le travail, il se délocalise, si l'on taxe trop le capital, il
s'en va" | On me dit : la réforme fiscale c'est politiquement
risqué. Mais le plus risqué c'est de ne rien faire. On me dit : la réforme de
l'Etat c'est dangereux. Mais c'est dans la maîtrise des dépenses publiques et
l'amélioration de la productivité des services publics qu'on trouvera le plus
de pouvoir d'achat à rendre aux Français et de réserve de compétitivité pour nos
entreprises. Je n'ai pas peur de la réforme de l'Etat parce que je crois
que notre pays ne peut pas se passer d'un Etat fort et que l'Etat ne peut pas
être fort s'il croule sous les dettes, s'il est étouffé par le poids de la bureaucratie,
s'il n'a plus les moyens d'investir, s'il est paralysé par les dépenses du passé.
Je me suis fixé pour objectif que l'Etat consomme moins et investisse davantage.
C'est dans cette perspective que je me suis engagé à ne pas renouveler un emploi
de fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Je n'y ai pas renoncé. Mais c'est
la réforme qui permettra de diminuer le nombre de postes et non l'inverse. En
décidant de ne pas remplacer un départ à la retraite sur trois en 2008, on progresse
vers l'objectif tout en se donnant le temps de réformer. A aller trop
vite on risquait de tout compromettre.En procédant avec détermination mais avec
méthode, en cherchant à faire des économies intelligentes plutôt que du rationnement
qui aurait une fois de plus désorganisé l'Etat, suscité le conflit et en fin de
compte aurait coûté beaucoup plus cher que ce qu'il aurait rapporté, on a inscrit
la réforme de l'Etat dans la durée.
"Je me suis fixé pour
objectif que l'Etat consomme moins et investisse davantage" |
Cette réforme je veux la faire avec les fonctionnaires.Par le passé
on a trop souvent voulu réformer sans eux et même contre eux. On a vu le résultat.
Après tant d'échecs, après tant de reculs, tant de renoncements, il est temps
de changer de méthode. Il est temps de comprendre que la réforme est l'affaire
de tous, que les efforts comme les bénéfices doivent être partagés. La
réforme pour être acceptée doit être juste. Elle doit être équitable. D'ores et
déjà l'autonomie des universités a été votée. Elle va tout changer. D'ores et
déjà la loi cadre sur le service minimum dans les transports a été adoptée. Elle
va permettre que les usagers ne soient plus pris en otage. Ce n'est qu'un
début. La comptabilité publique et les impôts seront fusionnés. La DST et les
renseignements généraux sont rapprochés. Toutes les structures seront simplifiées.
Tous les organismes inutiles seront supprimés. Le nombre des directeurs d'administrations
centrales sera divisé par deux. Toutes les politiques publiques seront passées
en revue. Je veux aller beaucoup plus loin dans la culture du résultat et de la
responsabilité. L'Etat n'est pas une entreprise, mais il ne peut pas
attendre des entreprises qu'elles soient performantes et innovantes et ne pas
montrer lui-même l'exemple. L'Etat n'est pas une entreprise, mais il doit être
géré avec le même souci d'économie, d'efficacité, de rigueur que n'importe quelle
entreprise qui doit faire face à la pression de la concurrence et à celle de ses
actionnaires. Je veux placer
au coeur de la réforme de l'Etat la lutte contre le gaspillage et contre la fraude.
L'Etat n'a pas le droit de gaspiller un seul Euro, parce que l'argent public c'est
celui de tous les Français qui travaillent dur pour gagner leur vie.L'Etat ne
peut pas non plus tolérer la fraude, car c'est encore le travailleur qui paye
pour le fraudeur. J'irai aussi loin que possible dans la lutte contre la fraude.
Un dispositif sera mis en place rapidement. Naturellement au coeur de la lutte
contre la fraude il y a la lutte contre le travail au noir et la lutte contre
la contrefaçon. L'enjeu de la réforme de l'Etat ce n'est pas seulement
la réduction des déficits et le désendettement. C'est aussi le pouvoir d'achat
des Français. C'est aussi plus de moyens disponibles pour l'éducation, pour la
recherche, pour l'innovation. Si nous perdons la bataille de l'intelligence alors
nous perdrons la guerre économique. Si nous perdons la bataille de l'intelligence
nous perdrons tout. La croissance de demain elle est dans la révolution
numérique, dans les biotechnologies, dans les énergies propres. Elle est dans
les mains de nos chercheurs, de nos ingénieurs, de nos techniciens. Dans l'économie
globale c'est celui qui travaille plus, qui investit plus que les autres et avant
les autres qui gagne. Notre prospérité future dépend de notre capacité à réduire
les dépenses du passé pour accroître nos dépenses d'avenir. C'est pourquoi
j'ai décidé que toutes les dépenses de recherche seraient désormais prises en
compte dans le calcul du crédit d'impôt recherche, de tripler son taux, et d'appliquer
une majoration de 50% la première année. Je veux aussi que les procédures soient
simplifiées. Je ne peux pas accepter qu'il faille 6 mois à l'administration fiscale
pour dire si un programme de recherche est ou non éligible. Je ne peux pas accepter
non plus que la procédure soit tellement compliquée et tellement aléatoire qu'elle
décourage les entreprises d'y recourir ou qu'elle les place en insécurité juridique.
"J'ai décidé que toutes les
dépenses de recherche seraient désormais prises en compte dans le calcul
du crédit d'impôt recherche" | Je veux en finir avec cette
situation ubuesque où les mesures prises pour aider les entreprises deviennent
pour elles des sources de difficultés et de risques supplémentaires du fait des
pratiques de l'administration fiscale. Comme si l'administration cherchait à reprendre
d'une main ce que le législateur a donné de l'autre. Si les rentes de
situation sont des obstacles à l'expansion, l'opacité des règlements, l'arbitraire
bureaucratique, l'incertitude des jurisprudences le sont aussi. Comment faire
un calcul économique quand on ne sait pas à l'avance comment la réglementation
va s'appliquer ? Quand on ne sait pas ce que l'on peut raisonnablement attendre
des juges, des fonctionnaires ? Quand tout acte de commerce peut faire l'objet
d'un contentieux à l'issue imprévisible ? Quand le risque financier lié à l'incertitude
juridique se double de plus en plus d'un risque pénal ? Je compte beaucoup
sur les travaux de la Commission que j'ai demandé à Jacques Attali de présider
pour inventorier tous les obstacles à la croissance qui sont dans nos règlementations
et proposer des solutions. Je pense notamment à l'ouverture des magasins le dimanche
sur laquelle je souhaite avancer rapidement. D'ores et déjà, j'ai décidé aussi
d'ouvrir le chantier de l'insécurité juridique. C'est l'objet des discussions
que le Gouvernement a engagé avec les partenaires sociaux sur le contrat de travail.
Je veux vous redire à quel point je suis favorable à ce que soit ouverte la possibilité
d'une séparation à l'amiable dont les conditions pourraient être fixées à l'avance.
Je veux redire qu'à mes yeux l'objectif de cette négociation sur le contrat de
travail c'est plus de liberté et de prévisibilité pour l'employeur et au bout
du compte plus de protection pour le salarié. C'est la sécurisation juridique
de l'employeur et la sécurisation du parcours professionnel du salarié. C'est
dans cet esprit que je souhaite que la fusion des réseaux opérationnels de l'ANPE
et de l'Unedic soit décidée d'ici la fin de l'année, en liaison avec les partenaires
sociaux, qui ont su créer l'assurance-chômage et la gérer depuis un demi-siècle.
Dans mon esprit, la définition des règles de ce régime doit continuer à leur
appartenir.Pour moi, la fusion opérationnelle a d'abord pour but d'offrir un meilleur
service aux demandeurs d'emploi, avec un interlocuteur unique et un accompagnement
renforcé pour trouver du travail. Je veux des chômeurs mieux indemnisés, mieux
accompagnés. Mais la contrepartie c'est qu'aucun ne puisse refuser plusieurs offres
d'emploi correspondant à ses qualifications sans être sanctionné.
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Nicolas Sarkozy prononçant son discours à l'université
d'été du Medef © L'Internaute Magazine |
| La question de savoir qui sera
responsable de ces sanctions sera discutée. Je souhaite que les partenaires sociaux
aient toute leur place dans ce nouveau service public de l'emploi. Aujourd'hui
ils ne sont pas assez associés aux politiques de l'emploi, à l'exception de l'assurance
chômage, dont ils sont les seuls responsables. Je souhaite qu'ils le soient davantage.
De cela aussi nous devons débattre avec eux. Je n'ai pas changé d'avis
: je crois toujours qu'il faut que les salariés soient mieux protégés des aléas
de la vie économique parce qu'eux aussi ont besoin d'un minimum d'assurance sur
l'avenir pour pouvoir fonder une famille, pour pouvoir investir, pour pouvoir
devenir propriétaires. Mais je crois aussi qu'il faut que l'économie
vive, que des emplois se créent pendant que d'autres disparaissent, que l'entreprise
puisse s'adapter sans cesse aux conditions de la concurrence, aux révolutions
technologiques, à la demande. Je crois que le grand défi de notre époque, c'est
de trouver le bon équilibre entre la protection et le risque. Je veux
rendre aux Français le goût du risque, le goût d'entreprendre. Mais comment y
parvenir si le droit, au lieu de circonscrire le risque le rend ingérable ?
Comment y parvenir si au risque financier s'ajoute systématiquement le risque
pénal ? Si la moindre erreur de gestion peut vous conduire en prison ? Il est
temps de se poser quelques questions de bon sens. Par exemple de se demander pourquoi
doubler systématiquement les procédures civiles par des procédures pénales ? Pourquoi
recourir au droit pénal quand on peut régler les litiges autrement ? J'ai
demandé au garde des sceaux de se saisir de ce dossier et de me faire rapidement
des propositions.
"Aux spéculateurs je veux opposer les producteurs,
les inventeurs, les créateurs" | A un capitalisme purement
financier, à ses dérives, à ses excès je veux opposer un capitalisme d'entrepreneurs.
Aux spéculateurs je veux opposer les producteurs, les inventeurs, les créateurs.
On ne peut pas à la fois dénoncer sans cesse le capitalisme financier et
la dictature des marchés, et continuer de décourager les entrepreneurs, de les
démoraliser, de leur livrer une guerre fiscale, règlementaire, judiciaire sans
merci, de les empêcher par tous les moyens de réussir. On ne peut pas
à la fois se scandaliser des licenciements boursiers, du cynisme des fonds d'investissements,
des délocalisations et affaiblir par tous les moyens le capitalisme familial,
ne pas donner aux PME les moyens de se développer, ou d'exporter. On ne peut pas
se plaindre sans arrêt de l'obsession du profit à court terme et laisse tomber
la production, laisser tomber l'industrie, ou permettre à la spéculation de se
financer plus facilement que l'investissement. On ne peut pas déplorer sans
arrêt la perte de sens moral dans le capitalisme financier et ne pas encourager
un capitalisme d'entrepreneurs qui repose sur les valeurs du travail, de l'effort,
du courage, de l'imagination, de l'initiative. Je veux en finir avec l'idéologie
qui met l'entrepreneur au ban de la société. Je veux mettre l'entrepreneur au
cur de mon projet économique. Je veux promouvoir l'esprit d'entreprise, je veux
qu'il redevienne une valeur. Je veux donner à l'entrepreneur les moyens d'entreprendre.
Je veux que l'aide aux entreprises se concentre sur les PME qui grandissent.
Je veux que l'Etat soit à leur côté pour conquérir des marchés à l'international,
pour exporter. Je veux que la France se dote d'un "Small Business Act" sur le
modèle américain qui permette de réserver une partie des marchés publics aux PME.
Je me battrai pour convaincre nos partenaires européens. Je me battrai à Bruxelles.
Je me battrai à l'OMC. J'irai jusqu'au bout parce que c'est une idée juste et
parce qu'il n'y a pas de raison que ce qui est autorisé pour les Américains soit
interdit pour les autres. L'idée d'une politique industrielle ne me fait
pas peur. Je ne laisserai pas notre industrie à la merci de tous les dumpings
et de tous les spéculateurs. Je veux que la France ait une politique énergétique
qui lui permettre de garantir sa sécurité d'approvisionnement, son indépendance
et sa compétitivité. Je veux que la France recueille tout le bénéfice des efforts
qu'elle a accomplis dans le domaine de l'énergie depuis plus d'un demi-siècle.
Je veux quelle puisse jouer un rôle central sur le marché européen.
"Je ne laisserai pas notre industrie à la
merci de tous les dumpings et de tous les spéculateurs" | Elle
a acquis une maîtrise de l'énergie nucléaire qui est un atout considérable. Elle
a une compétence reconnue, des entreprises magnifiques. Il faut leur donner les
moyens de se développer. C'est dans cet esprit que j'ai proposé à Suez de fusionner
ses activités énergétiques avec Gaz de France et de constituer un grand groupe
de gaz et d'électricité à la dimension du marché européen dont l'Etat sera le
principal actionnaire. Cela suppose que Suez fasse un choix stratégique en se
spécialisant dans l'énergie. Il appartient maintenant à ses actionnaires d'en
décider. D'autres choix stratégiques sont à faire en matière d'énergie.
Celui du nucléaire. Celui des énergies renouvelables. La France doit y investir
massivement. Mais je le dis aussi, je n'accepterai pas qu'au nom d'une fausse
conception de la concurrence les tarifs de l'électricité et du gaz augmentent
plus vite que les coûts. Nous n'avons pas fait tant d'efforts, tant d'investissements
pour aligner nos prix sur nos concurrents européens les moins performants en pénalisant
le pouvoir d'achat des Français et notre compétitivité. Vous allez voir
qu'en retroussant nos manches, avec un peu de courage, de volonté et d'ardeur,
avec le talent et l'intelligence des Français nous allons faire de la croissance,
et que grâce à cette croissance nous aurons le plein emploi, nous aurons l'augmentation
du pouvoir d'achat et nous aurons la réduction des déficits. Mais nous n'y parviendrons
que si tout le monde joue le jeu. Si l'Etat donne l'exemple, vous aussi vous devez
être exemplaires. Vous pouvez compter sur moi pour que l'Etat joue le jeu, pour
qu'il allège vos charges, vos contraintes, pour qu'il libère le travail. Mais
vous aussi vous devez jouer le jeu. Vous devez investir, vous devez respecter
l'obligation de négocier sur les salaires. Vous devez faire un effort sur les
salaires chaque fois que c'est possible. Le mot salaire ne doit pas être un gros
mot. C'est le prix du rétablissement de la confiance avec les salariés. Les
banques aussi doivent jouer le jeu. Je le dit solennellement : jouer le jeu pour
les banques c'est ne pas prêter plus aux spéculateurs qu'aux entreprises et aux
ménages. C'est ne pas resserrer le crédit à l'économie pour compenser les risques
excessifs qu'elles ont prises sur les marchés financiers.
| En
savoir plus | |
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| Les partenaires
sociaux doivent jouer le jeu : jouer le jeu pour les partenaires sociaux c'est
être responsable. Les juges doivent jouer le jeu : jouer le jeu pour les
juges c'est ne pas se laisser tenter par le Gouvernement des juges, c'est ne pas
se laisser aller à devenir les arbitres de la politique et à juger de la manière
dont les chefs d'entreprises font leur métier. Nous ne parviendrons à obtenir
la croissance que si nous jouons collectivement le jeu de la mondialisation. Mais
il ne faut pas être naïf ! Qui dans le monde joue le jeu du libre échange
? Qui joue le jeu de la réciprocité ? Qui joue le jeu de la concurrence loyale
? Jouer le jeu ? Oui mais pas tout seul. Regardons en face la réalité
du marché : nous parlons d'une mondialisation qui n'existe déjà plus, si elle
a jamais existé. Nous parlons d'une mondialisation qui serait l'extension de la
concurrence parfaite à l'échelle planétaire. Alors parlons d'une mondialisation
qui serait le triomphe de l'économie de marché et de la démocratie partout dans
le monde. Nous parlons d'une mondialisation qui serait une promesse de paix et
de prospérité. Après la chute du mur de Berlin on a même cru pouvoir annoncer
la fin de l'histoire. Regardons la réalité du monde. Le monde est-il magique que
celui d'hier ? Nous parlons d'une mondialisation où tout serait transparent,
où tout serait ouvert, où le dumping monétaire n'existerait pas davantage que
le dumping social, le dumping écologique ou le dumping fiscal. Regardons
le monde : qui joue le jeu, honnêtement, loyalement, sans chercher à faire prévaloir
ses intérêts par tous les moyens ? Regardons le monde et posons-nous la
question : devons-nous être naïfs au point d'être les seuls à ne pas défendre
nos intérêts quand tous les autres défendent les leurs ? Je parle d'abord
pour l'Europe. Si les Français ont voté non à la Constitution européenne et beaucoup
d'autres peuples l'auraient fait si on leur avait posé la question, c'est d'abord
parce qu'ils avaient le sentiment que l'Europe, au lieu de les protéger, les exposait
à tous les périls. C'est parce qu'ils avaient le sentiment qu'elle ne les rendait
pas plus fort mais au contraire plus vulnérables. Si l'Europe renonce à
se défendre, si elle renonce à se protéger, quand tous les autres se défendent
et se protègent, si elle renonce à agir et se contente de subir quand tous les
autres font le contraire. Si l'Euro ne cesse de s'apprécier quand le dollar, le
yuan ou le yen ne cessent de se déprécier. Si elle impose à ses entreprises des
règles pour lutter contre la pollution et contre le réchauffement climatique quand
les autres n'en imposent aucune. Si elle reste grande ouverte aux produits qui
sont fabriqués grâce au travail des enfants ou des prisonniers. Si les
règles de la concurrence y sont plus dures que partout ailleurs. Si c'est la seule
région du monde où il est impossible de conduire des politiques industrielles,
des politiques commerciales ou des politiques de change, alors l'Europe sera condamné.
Si nous ne sommes pas capables de doter l'Europe d'un gouvernement économique.
Si nous ne sommes pas capables de mettre l'Euro au service de l'économie européenne.
Si nous ne sommes pas capables d'instaurer une véritable préférence communautaire.
"L'Europe
se construit d'abord pour protéger les Européens" | Si l'Europe
n'est pas capable de reconnaître que la concurrence est un moyen et non pas une
fin en soi et d'en tirer les conséquences, alors l'Europe deviendra la proie des
prédateurs du monde entier et la victime expiatoire d'une mondialisation qui ne
fait d'abord le bonheur que de ceux qui n'ont aucun état d'âme à en jouer le jeu
de leurs intérêts. Sur cette idée que l'Europe se construit d'abord pour
protéger les Européens, pour leur permettre de se battre dans la mondialisation
à armes égales avec tous leurs concurrents, pour exprimer une volonté d'agir ensemble
et non un renoncement collectif, j'irai jusqu'au bout. Je ne baisserai
pas les bras. On me dit : c'est impossible. Mais le Traité simplifié aussi
c'était impossible ! Sauver Alstom aussi c'était impossible. On me dit
que ce n'est pas la peine de se battre parce que la France est minoritaire. Mais
qu'est-ce que la politique sinon de tout faire pour transformer une minorité en
majorité. Sinon de tout mettre en uvre pour faire partager une conviction par
le plus grand nombre. Sinon, ça sert à quoi de faire de la politique ? Sinon,
c'est quoi la démocratie ? On me disait : sur la politique de l'Euro, la
France est isolée. Elle ne doit pas parler du cours de l'Euro parce que la Banque
Centrale Européenne est indépendante. Comme si la monnaie ce n'était pas l'affaire
de tous. Comme si la monnaie c'était un sujet qui ne concernait pas la politique,
qui n'avait aucune incidence sur la vie des gens, sur la croissance, sur l'emploi.
Et regardez ce qui est en train de se passer. Regardez comment les évènements
sont en train de me donner de raison d'avoir ouvert ce débat. Si nous voulons
que l'Europe vive, il ne faut pas avoir peur de dire ce que l'on pense, il ne
faut pas avoir peur des idées, il ne faut pas avoir peur du débat. Si nous
voulons que l'Europe redevienne une zone de croissance, il faut que nous acceptions
de regarder le monde tel qu'il est et d'en parler. Il faut que nous sortions des
dogmes. Je veux remettre de la politique en Europe. Voyez-vous, l'économie
ce n'est antinomique de la politique. Partout dans le monde l'économie
et la politique sont liées, l'économie et la politique ne se confondent pas, mais
elles coopèrent.
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Nicolas Sarkozy prononçant son discours à l'université
d'été du Medef © L'Internaute Magazine |
| Depuis que le capitalisme existe,
la croissance est toujours le fruit d'une coopération réussie entre la puissance
publique et l'initiative privée, d'une coordination efficace entre l'intérêt général
et l'intérêt particulier. Pourquoi l'Europe serait-elle condamnée à être
la seule région du monde où les choses ne se passeraient pas ainsi ? Pourquoi
la France serait-elle condamnée à être l'un des pays où les relations entre l'Etat,
la société civile et les entreprises sont les plus compliquées ? Changer
tout cela, voilà l'objectif que je me fixe pour les cinq années à venir. Mais
ne vous y trompez pas : la politique économique n'est pas une branche à part de
la politique. Elle relève d'un projet de société, d'une conception de la
civilisation, d'une certaine idée de l'homme, de sa liberté, de sa responsabilité,
de sa dignité. C'est dire s'il nous faut collectivement être ambitieux,
s'il nous faut voir large et loin. C'est dire dans ce moment où la civilisation
mondiale se trouve bouleversée par tant de révolutions, où tout est en chemin,
la tâche qui nous attend après tant d'hésitations, est immense. Je sais
que cela ne vous fait pas peur. Je sais qu'en conjuguant vos énergies, vos talents,
vos imaginations, la France peut regarder son avenir avec confiance. Je
sais que je peux compter sur vous. Je sais que cela ne vous
fait pas peur. Je sais qu'en conjuguant vos énergies, vos talents, vos imaginations,
la France peut regarder son avenir avec confiance. Je
sais que je peux compter sur vous. Vous pouvez compter sur moi.
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