Hollande, Royal, Villepin... Les secrets de la promotion Voltaire Ségolène Royal, une étudiante "agressive"

Durant sa scolarité à l'ENA, Ségolène Royal a été affublée du surnom "Miss glaçon" par certains "camarades", dont un certain François Hollande.

ségolène royal
Ségolène Royal © Philippe Grangeaud / Solfé Communications

"Durant la majeure partie de la scolarité, Ségolène Royal se tient éloignée du groupe Caréna (1). Comme beaucoup de ses condisciples, elle semble obsédée par le classement final. Dans ses rapports avec ses camarades, Ségolène se montre souvent tendue, parfois agressive. Elle cherche peu à nouer des liens amicaux avec les uns ou les autres mais demande souvent à des élèves qu'elle a connus à Sciences Po de lui prêter main forte pour préparer les épreuves où elle rencontre le plus de difficultés, notamment les matières scientifiques. En cours ou dans les travaux collectifs, elle se fait remarquer par ses réponses définitives. Ses échanges avec les autres prennent d'ailleurs souvent la forme d'un rapport de force. Lorsqu'elle travaille en groupe, elle peut apostropher avec virulence un camarade sur le thème : "Tu n'as pas fait ce qui était demandé" ou "Tu n'es pas capable de faire ça ou quoi ?" Il lui arrive de s'accrocher avec des élèves défendant un avis différent du sien, laissant à ses interlocuteurs le sentiment qu'elle les considère comme de parfaits imbéciles. Quel que soit le sujet, Ségolène supporte difficilement la contradiction. Sa phrase fétiche : "Tu dis ça parce que je suis une fille." Une réplique qui hérisse ses contradicteurs.
Quelques garçons du Caréna, dont François Hollande, la surnomment "Miss glaçon". Affichant un féminisme exacerbé, Ségolène peut ramener n'importe quel débat à la différenciation entre les sexes. La jeune Lorraine
possède des convictions profondément ancrées. "À mi-chemin entre une communarde pétroleuse et une bénitière versaillaise", selon la formule d'un voltairien. Ses interventions dénotent une volonté de changer les choses, de ne jamais les accepter telles qu'elles sont.

"Ségolène est capable de hausser le ton lors d'une simple discussion sur le système fiscal, furieuse que les femmes soient victimes d'inégalités"

Ségolène est capable de hausser le ton lors d'une simple discussion sur le système fiscal, furieuse que les femmes soient victimes d'inégalités dans ce domaine. Beaucoup de ses camarades voient dans son agressivité un besoin de régler ses comptes avec les hommes. Une voltairienne émet tout de même quelques doutes quant à la nature de son féminisme : "Ségolène passait son temps à écrire à droite et à gauche en s'appuyant sur l'argument féministe pour revendiquer des choses pour elle-même." Une seconde ajoute : "Elle était toujours dans la compétition, pas dans l'entraide ou la solidarité féminine.""

"L'ingénue de la promo"

"Quelques-uns la considèrent comme "charmante mais pas très gentille", d'autres la trouvent "côtoyable" une fois que l'on a dépassé son côté donneuse de leçon. Si beaucoup ont du mal à s'habituer à son caractère, Ségolène ne fait pas non plus l'unanimité contre elle. Ceux qui ont sympathisé avec elle la trouvent même plutôt avenante, sympathique,
souriante. Lorsqu'elle oublie un peu la scolarité, Ségolène peut même s'esclaffer pour une bonne blague. Mais, la plupart du temps, elle discute du travail.

Ségolène Royal "prend souvent la parole pour dire des trucs complètement décalés".

D'autres camarades qui l'apprécient la considèrent un peu comme "l'ingénue de la promo". Celle qui "prend souvent la parole pour dire des trucs complètement décalés". Comme cette fois où Ségolène explique dans un couloir du laboratoire de langues
qu'elle souhaiterait mettre en oeuvre un système d'enseignement de l'anglais auprès des populations vivant à la campagne, avec des professeurs qui viendraient par bus à leur rencontre.

À l'approche des épreuves, elle révise souvent au sein d'un groupe de travail réuni autour de Gonthier Friederici, qui compte également Sylvie Hubac et Jean-Marie Cambacérès. Ségolène reçoit parfois quelques camarades pour travailler dans l'appartement qu'elle partage avec son
petit ami, Guillaume. À de rares occasions, elle s'autorise une sortie amicale. Avec un petit groupe de voltairiens, elle se rend une fois au cinéma pour aller voir le film de science-fiction Soleil Vert. Elle participe aussi à quelques loisirs ponctuels au sein de l'école, comme un week-end de ski à Chamonix."

Son style vestimentaire

"Ségolène ne cherche guère à se mettre en valeur physiquement, adoptant un style vestimentaire "un peu baba cool". Elle porte de longues jupes, se fait des nattes dans les cheveux, arbore de grosses lunettes qui lui font des yeux de taupe. Elle est alors d'une beauté bien moins sophistiquée que celle qui sera la sienne plusieurs décennies plus tard. Mais elle est mignonne, très mignonne. Parfois, elle vient à l'ENA avec une salopette moulante ou une jolie robe bleue. Dans ces cas-là, plusieurs garçons la regardent différemment."

(1) Syndicat à l'ENA, fondé, entre autres, par François Hollande.