Portrait
Juin 2007
Gordon Brown : du 11 au 10 Downing Street
Le nouveau Premier ministre britannique, Gordon Brown, est un habitué du pouvoir et de Downing Street. Son parcours. Des quartiers pauvres au Parlement Les rénovateurs s'entendent Longtemps, Brown aura été le "grand frère" de Blair avec qui il partage un bureau à Westminster lors de la longue traversée d'opposition des travaillistes. Les deux jeunes partagent également une même volonté : rénover le Labour vieillissant, réduire le rôle des syndicats et moderniser la doctrine pour attirer les classes moyennes. Brown et Blair gravissent ensemble les échelons du parti et entrent au cabinet. Mais en 1994, à la mort du leader du Labour, John Smith, l'Ecossais qui fait figure de favori à la succession doit se retirer au profit du moderniste Blair, plus télégénique et, surtout, Anglais. Le 31 mai 1994, ils se mettent d'accord au cours d'un dîner, qui fera couler beaucoup d'encre, au Restaurant "Granita", dans le quartier d'Islington à Londres. Selon plusieurs témoins, un pacte aurait été conclu. Gordon Brown laissait à Blair la tête du parti. Et en échange, Blair laissait les mains libres à Brown aux Finances, puis devait s'éclipser en sa faveur au cours de son second mandat. Le premier ne tiendra pas sa parole, alimentant la frustration du second.
Les Lennon-McCartney du Labour
En 1997, Tony Blair emménage au 10 Downing Street, tandis que Gordon Brown, nommé Chancelier de l'Echiquier (ministre des Finances), s'installe de l'autre côté de la rue, au n°11. Celui que la presse rebaptise "Flash Gordon" fait des merveilles pour l'économie britannique, devenue l'une des plus dynamiques d'Europe. La croissance est soutenue, le plein-emploi est quasiment atteint, l'inflation extraordinairement faible. Adulé par la City, Gordon Brown est aussi un authentique homme de gauche comme en témoigne l'instauration d'un salaire minimum pour les jeunes et sa défense des services publics auxquels voulait s'attaquer Tony Blair.
Succéder au charismatique Tony Blair, génie de la communication politique, ne va pas être chose aisée. Si depuis quelques années, grâce notamment à son mariage avec Sarah Macauley (qui met un terme à la rumeur selon laquelle il serait homosexuel) et à la naissance de ses deux enfants, Gordon Brown a adopté un style moins austère et plus souriant, il faut s'attendre à un Premier ministre moins "people". Autant Tony Blair aime jouer de son charme, multipliant les plaisanteries dans ses discours, autant Gordon Brown a tout de l'Ecossais maussade qui compte avant tout sur son punch. D'un point de vue politique, Brown ne devrait pas révolutionner l'héritage blairiste, étant lui-même le grand artisan de la "troisième voie". Dès son arrivée au 10 Downing Street, ses priorités seront l'éducation, le logement (au coût très élevé au Royaume-Uni) et la santé. Fort est à parier qu'il sera un interlocuteur intransigeant au sein des instances de l'Union européenne. Au sujet du traité simplifié européen, il a entonné son credo anti-Bruxelles, très porteur dans l'eurosceptique Grande-Bretagne. Sur les grands dossiers internationaux, Irak, Afghanistan, terrorisme, Gordon Brown devrait conserver la ligne de son prédécesseur. Ce dimanche à Manchester, l'actuel chancelier de l'Echiquier est ainsi devenu, à 56 ans, le nouveau leader du New Labour. Mercredi 27 juin, après que Tony Blair aura présenté sa démission à la reine à Buckingham Palace, il prendra la tête du gouvernement britannique.
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