Valls, Montebourg, Hamon : le pacte secret

Valls, Montebourg, Hamon : le pacte secret Manuel Valls est parvenu à prendre la place de Jean-Marc Ayrault. Le nouveau Premier ministre a convaincu François Hollande, promettant de "tenir la majorité", avec le soutien actif d'autres ministres.

La nomination de Manuel Valls comme Premier ministre n'est pas vraiment une surprise, mais l'ancien ministre de l'Intérieur n'est pas parvenu à Matignon par hasard. Depuis des semaines, l'homme ne cachait plus ses ambitions de remplacer Jean-Marc Ayrault. La gestion du dossier Leonarda, en novembre dernier, démontrait que l'homme fort de la place Beauvau n'avait aucun scrupule à se passer de l'aval de son premier ministre sur des questions sensibles et au combien médiatiques.

Manuel Valls avançait à visage découvert depuis des mois, sans dissimuler ses ambitions. La déroute des municipales lui offrait l'occasion de "proposer" ses services à François Hollande à la tête d'une nouvelle équipe gouvernementale, en sachant se montrer convainquant, quitte à jouer la carte du chantage. Manuel Valls aurait en effet menacé de démissionner si Ayrault était maintenu à Matignon, selon Le Parisien. Un vrai coup de force, qui n'aurait pas suffi à convaincre François Hollande s'il n'avait pas été soutenu par d'autres ministres...

Montebourg, Hamon, Le Foll, Le Drian...

François Hollande a longtemps refusé de confier les clés de Matignon à Manuel Valls, craignant qu'il ne divise les socialistes et ne se mette à dos tous les écologistes. Mais l'ancien ministre de l'Intérieur a présenté au président "des soutiens" en sa faveur : Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, deux cautions de la gauche du PS. Le ministre du Redressement productif, qui avait apporté son soutien à François Hollande lors de la primaire, aurait lui-aussi menacé de sortir de gouvernement si Jean-Marc Ayrault était reconduit.

Le trio Valls-Hamon-Montebourg s'est réellement rapproché à la fin de l'année 2013, par anticipation des élections de 2014 et des nécessaires "inflexions" à venir lors d'un prochain remaniement ministériel. Arnaud Montebourg a fait meeting commun avec Manuel Valls. Les deux hommes s'affichent régulièrement ensemble. Benoît Hamon, lui aussi, aurait compris l'intérêt tactique de devenir un membre actif de cette équipe et un soutien du ministre le plus populaire de France. En se positionnant comme indispensable, le jour venu, à un Manuel Valls souhaitant montrer qu'il fédère des personnalités de la gauche de la gauche. Manuel Valls, en formant son gouvernement, devrait penser à ces deux hommes. Benoît Hamon est d'ailleurs déjà annoncé au ministère de l'Education selon L'Express et Arnaud Montebourg n'est pas près de quitter le gouvernement.

Jean-Yves Le Drian, à qui Hollande aurait aussi proposé Matignon, serait également dans le cercle des soutiens politiques de Manuel Valls. En refusant le poste de Premier ministre, c'est le nom du ministre de l'Intérieur qu'il aurait glissé à l'oreille du président. Autre "Hollandais" historique, Stéphane Le Foll roulerait aussi pour Manuel Valls, selon RTL, qui cite également Marisol Tourraine comme l'un de ses soutiens.

"Remaniement: : le choix de Valls, un virage libéral qui divise"