Offshore Leaks : une liste d'évadés fiscaux avec les noms de 130 Français

Offshore Leaks : une liste d'évadés fiscaux avec les noms de 130 Français Le Monde et plusieurs médias étrangers publient le 4 avril une liste d'évadés fiscaux et de fraudeurs issue de données récoltées par un groupement de journalistes d'investigation.

[Mis à jour le 5 avril 2013 à 18h37] "Offshore Leaks" sera bientôt aussi connu de WikiLeaks. En novembre 2010, le site de Julian Assange publiait en vrac des milliers de documents diplomatiques ultraconfidentiels, provoquant un séisme sans précédent dans le monde. En marge de l'affaire Cahuzac, le Monde et environ trente autres médias étrangers publient une autre base de données qui devrait faire du bruit : baptisée "Offshore Leaks", elle répertorie plus de 2,5 millions de documents sur les paradis fiscaux. Au total ce sont plus de 120 000 sociétés "écrans" qui seraient identifiées dans ces documents. Les identités de 130 000 personnalités impliquées dans l'évasion ou la fraude fiscale pourraient ainsi être dévoilées. Celles-ci sont en effet liées de près ou de loin à des sociétés "offshore", autrement-dit des entreprises situées "au large" ou "hors des côtes", si l'on traduit ce terme anglais qui désigne généralement des sociétés basées à l'étranger pour des raisons fiscales.

Parmi les 130 000 personnalités qui vont du milliardaire à "Monsieur Tout-le-monde" en passant par des politiques véreux, la base contiendrait le nom de 130 Français selon le Monde, associé au projet. Pour l'instant peut de noms connus. Le Monde a déjà révélé que Jean-Jacques Augier, un proche de François Hollande, qui fût même le trésorier de sa campagne de 2012, en fait partie. Ce dernier a investi par deux fois aux îles Caïman, un paradis fiscal des Caraïbes duquel il voulait lancer deux sociétés en Chine : la première spécialisée dans l'édition et visant à installer un réseau de librairies dans le pays ; la seconde dans le tourisme avec cette fois l'implantation d'un tour opérateur.

Le propriétaire de la marque Celio, Elie de Rotschild

Dans son édition papier datée du 6 avril 2013, Le Monde révèle encore d'autres noms : principalement "des notables de province et des entrepreneurs", souligne le quotidien. La famille Grosman, propriétaire de la marque de vêtements Celio, est notamment citée. Un détail croustillant : pendant la campagne présidentielle, François Hollande s'est longtemps affiché comme un candidat "normal", s'habillant comme le Français moyen. Parmi sa panoplie, des costumes et des chemises de la marque Celio étaient régulièrement cités dans la presse. Décidemment, ces affaires de fraude fiscale semblent bien poursuivre de chef de l'Etat...

Les noms de Stéphane de Montauzan et d'Alain Mallart, ancien patron des sociétés Novalliance et GFI, sont aussi cités dans Le Monde. Mais un dernier nom, plus connu celui-là, émerge également du projet Offshore Leaks : celui de Rotschild. Elie de Rothschild, décédé en 2007 à 90 ans, aurait été à la tête selon le quotidien d'un véritable "empire offshore" dans les îles Cook. Un montage impressionnant de plusieurs sociétés agissant dans la plus grande opacité entre 1996 et 2003. Aujourd'hui, le banquier et baron Eric de Rothschild, le neveu d'Elie de Rothschild, affirme qu'il a perdu de vue son oncle au début des années 1980 et n'a pas été associé à ses aventures dans les paradis fiscaux.

D'où viennent les données du projet "OffshoreLeaks" ? C'est un consortium américain de journalistes ICIJ, autrement dit une organisation de 85 journalistes d'investigation issus de plusieurs médias et de plusieurs pays, qui a mené l'enquête. Ce sont des données issues de deux sociétés spécialisées dans "l'optimisation fiscale", à Singapour et dans les Îles Vierges britanniques, qui ont constitué le fichier de départ. Un fichier de 260 gigaoctets, soit beaucoup plus que les fichiers de WikiLeaks il y a deux ans et demi.

EN VIDEO - La fraude fiscale et sociale atteint chaque année de 30 à 40 milliards d'euros en France.

"La fraude fiscale en France"