Message de sang : la vidéo d'Hervé Gourdel très recherchée

Message de sang : la vidéo d'Hervé Gourdel très recherchée "Message de sang", la vidéo de la décapitation d'Hervé Gourdel, a été très recherchée sur le Web. L'otage français a été froidement assassiné hier par des djihadistes. Un coup de com' morbide mais réussi ?

Les internautes français ont semble-t-il été nombreux mercredi soir à rechercher la vidéo de la décapitation d'Hervé Gourdel par les djihadistes affiliés à l'Etat islamique. Ce jeudi matin, Google Trends, qui affiche les principales tendances de recherches sur le Web en France, faisaitt remonter le mot clé "message de sang" parmi les plus recherchés, entre "Ligue 1", "BlackBerry" et "Hervé Gourdel". "Message de sang pour le gouvernement français" : c'est en effet le titre de la vidéo postée par les djihadistes et montrant l'exécution de l'otage. Abjectes et extrêmement violentes, les images ont donc suscité une forme d'intérêt, sans qu'on connaisse précisément la raison exacte de cet "engouement". Besoin d'information, dégoût, voyeurisme malsain ? Une chose est sûre : en postant la vidéo de leur assassinat sur le Web, les djihadistes ont en tout cas frappé l'opinion en France et réussi leur coup de com' morbide.

Le contenu est pourtant insoutenable : en un peu moins de 5 minutes se succèdent à l'image un avion militaire, le profil de François Hollande lors d'un discours à l'Elysée, un écran noir sur lequel est inscrit "Message de sang pour le gouvernement français" avec sa traduction en arabe, puis Hervé Gourdel, agenouillé, tête baissée, devant quatre de ses ravisseurs armés et masqués. L'otage français prend brièvement la parole. "Hollande tu as suivi le bourricot Obama". Puis il s'adresse à sa famille : "Françoise, Erwann, Anouk, mes parents, je vous aime". Les islamistes se lancent ensuite dans un discours dans lequel ils condamnent les attaques de la France "criminelle" en Irak et promettent qu'"aujourd'hui, elle va voir la Loi de Dieu appliquée sur Terre". L'un des ravisseurs prête ensuite allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi, chef de l'Etat islamique en Irak, avant d'exécuter l'otage. La vidéo s'achève sur les images atroces des bourreaux brandissant la tête de leur victime.

"Message de sang" dans les "top recherches"

capture google
Les "tendances de recherches du moment" affichées par Google le 25 septembre. © Capture Google Trends

Vidéo d'Hervé Gourdel : traquée mais toujours présente

Les images de l'exécution d'Hervé Gourdel ont commencé à être diffusées vers 17 heures hier, sur un site de téléchargement en langue arabe, disparu depuis. Elles ont ensuite été relayées sur "SITE Intelligence group", un site Internet qui se dit spécialisé dans "l'information et l'analyse du terrorisme et de l'extrémisme" et qui dans les faits diffuse les messages de plusieurs groupuscules djihadistes, puis "Gulfup.com", mystérieux site en langue arabe. En une demi-heure à peine, l'information circule : Hervé Gourdel a été assassiné et la vidéo commence à être mentionnée par plusieurs journalistes spécialisés, à commencer par le journaliste de RFI David Thomson sur Twitter.

La vidéo a ensuite été diffusée sur les réseaux sociaux comme Twitter et YouTube, avant d'être rapidement supprimée de ces plateformes par leurs administrateurs. Tôt dans la soirée, l'AFP indiquait qu'elle ne diffuserait pas les images de l'exécution, comme pour les autres otages assassinés ces dernières semaines. L'ensemble des médias français (dont Linternaute.com) décide alors de concert de ne pas montrer la barbarie des djihadistes et de ne pas ainsi participer à la promotion de la terreur. Une "responsabilité" saluée ce matin par la ministre de la Culture et de la Communication Fleur Pellerin.

"L'œil du web : l'assassinat de l'otage français"

La vidéo toujours en ligne

La vidéo de l'exécution d'Hervé Gourdel sert à ses ravisseurs de revendication officielle mais aussi de preuve d'allégeance à l'Etat islamique. Elle reprend en effet tous les codes des précédentes, réalisées lors des assassinats des journalistes américains James Foley et Steven Sotloff ou de l'humanitaire britannique David Haines. Pour de nombreux journalistes, la diffuser reviendrait donc à participer à la campagne de communication du califat et donc faire le jeu des djihadistes.

Seuls quelques sites ont décidé d'afficher la vidéo dans leurs pages comme le site identitaire Fdesouche.com, dont l'un des principaux animateurs se vantait dans la soirée sur son compte Twitter d'avoir réuni des milliers d'internautes. "9326 connectés, j'espère que le serveur va tenir le coup", a-t-il d'abord tweeté avant d'annoncer d'autres chiffres : "11591 connectés", "13520"...

Interpellé par des internautes, l'intéressé s'est défendu, estimant que les Français devaient voir "la réalité en face". Il a même publié un sondage dans lequel 68 % des votants donnaient raison à Fdesouche. Devant la protestation, il a fini par indiquer qu'il devrait se "faire appeler Merah pour avoir la paix".

Ce matin, la vidéo était bloquée sur le site Fdesouche, mais restait visible sur des plateformes aussi obscures que confidentielles.