Salah Abdeslam a parlé : une audition pleine de mensonges

Salah Abdeslam a parlé : une audition pleine de mensonges La version qu'a livrée Salah Abdeslam lors de son audition devant les enquêteurs, le 20 mars, est remplie d'incohérences.

Incarcéré à Bruges, Salah Abdeslam souhaite s'expliquer devant la justice française, il le fera début avril. Mais celui qui a fait partie de l'opération terroriste du 13 novembre a déjà parlé aux enquêteurs belges, le lendemain de son arrestation. Le Monde a pu consulter le rapport de son audition, assez sommaire, essentiellement consacrée aux attentats de Paris. On y découvre une version des faits truffée de mensonges manifestes. D'abord au sujet d'Abdelhamid Abaaoud, considéré comme l'organisateur principal des attaques. Abdeslam assure n'avoir rencontré cet homme qu'"une seule fois de sa vie", alors qu'en 2010, la police les avait interpellés ensemble pour un braquage.

Abdeslam a bien indiqué qu'il avait pour mission de se faire exploser dans le stade de France. Il déclare avoir fait machine arrière : "J'ai renoncé lorsque j'ai stationné le véhicule. J'ai déposé mes trois passagers, puis j'ai redémarré. J'ai roulé au hasard, je me suis stationné quelque part, j'ignore où. J'ai fermé mon véhicule, j'ai pris la clé avec moi et je suis rentré dans la station Montrouge". La juge d'instruction s'interroge sur ses réelles intentions, sur la version du renoncement. Selon les informations du Monde, il semblerait qu'il n'ait pas pu commettre son attentat à cause d'un problème technique, et non à cause d'un soudain examen de conscience. Abid Aberkan, le cousin chez qui il s'était réfugié à Molenbeek, arrêté le 19 mars, a clairement expliqué que sa ceinture explosive "manquait de liquide".

Abdeslam a menti sur les frères El Bakraoui

Les enquêteurs interrogeront également Salah Abdeslam sur Ibrahim et Khalid El Bakraoui, deux des kamikazes s'étant fait exploser l'un à l'aéroport de Zaventem, l'autre dans le métro de Bruxelles, le 22 mars. "Je ne les connais pas", assure-t-il lorsqu'on lui montre des photographies des deux suspects. Or, des enregistrements trouvés dans un ordinateur appartenant à Ibrahim El Bakraoui démontrent qu'il existe des liens manifestes entre les trois hommes.

Le vendredi 13 novembre, après s'être détourné du Stade de France, Salah Abdeslam a erré dans le métro. "J'ai fait quelques arrêts, un ou deux. Je suis ensuite descendu du métro. J'ai marché jusqu'à un magasin de téléphone, j'ai acheté un téléphone et j'ai contacté une seule personne : Mohamed Amri". L'enquête a pourtant révélé que le jeune homme de 26 ans a utilisé son téléphone pour contacter d'autres individus, il a au moins tenté d'appeler une de ses tantes qui vit actuellement à Paris.

Interrogé sur les financements de ses trajets, notamment sur la location d'une Mercedes en septembre 2015 pour un déplacement en Allemagne, il minimise ses responsabilités : "L'argent de la location venait de mon frère Brahim. J'ignore la provenance de cet argent, mais je sais que ça n'était pas le sien. Chaque fois que j'ai dû payer des choses pour préparer ces attentats, l'argent venait de Brahim".

En vidéo - Abdeslam veut désormais rentrer en France et parler à la justice de son pays :

"Bruxelles : que cache le revirement de Salah Abdeslam ?"