Manifestation du 14 juin 2016 [IMAGES] : sérieux incidents à Paris

Manifestation du 14 juin 2016 [IMAGES] : sérieux incidents à Paris IMAGES - MANIFESTATION LOI TRAVAIL - Ce mardi 14 juin 2016, la mobilisation à Paris contre la loi travail a été marquée par de nombreux débordements violents, entre Port-Royal, Duroc et Invalides.

[Mis à jour le 14 juin 2016 à 20h03] La 9e journée de mobilisation interprofessionnelle contre la loi Travail, extrêmement tendue à Paris s'est achevée. Le défilé, très compact est parti du sud de la capitale en tout début d'après-midi pour arriver Invalides, où la police s'est rapidement activée pour disperser les manifestants. De sérieux incidents ont marqué cette mobilisation, près de la station de RER Port-Royal, en marge du cortège, puis vers l'hôpital Necker. La préfecture de police de Paris a annoncé que les forces de l'ordre ont procédé à 73 interpellations sur l'ensemble de la France et dénoncé les agissements de "plusieurs centaines de personnes cagoulées". 

Des "individus sont entrés sur un chantier pour prendre des palettes avant de les jeter sur les forces de l'ordre", indiquait également la préfecture, qui a appelé sur Twitter les manifestants à "se désolidariser des casseurs pour faciliter l'intervention des forces de l'ordre". On dénombre au total 26 blessés, 6 manifestants et 20 policiers du fait des violences dans la capitale. Selon les estimations de la CGT, de Force Ouvrière et de Solidaires, un million de personnes auraient défilé lors de la manifestation de ce 14 juin à Paris et 1,3 million dans le pays. Les autorités avancent le chiffre de 125 000 manifestants dans toute la France.

Manifestation du 14 juin : nombreuses violences à Paris

Ce mardi, les CRS sont intervenus à plusieurs reprises pour charger une partie des manifestants, selon témoins et journalistes présents sur place. Des gaz lacrymogènes ont été envoyés en direction d'une partie animée du cortège, ainsi que le canon à eau, pour disperser la foule place Léon-Paul Fargue (Duroc). La préfecture a indiqué qu'il a été utilisé "pour permettre aux forces de l'ordre qui étaient prises à partie depuis plusieurs minutes de se dégager". Une voiture a été renversée, à en croire le compte de l'organisation Paris luttes et des journalistes photographes.

"Manifestation contre la Loi Travail à Paris : la place d'Italie noire de monde"

A l'Assemblée nationale, devant les députés, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, informé des débordements et des heurts à Paris, a appelé "tous ceux qui sont dans la violence à retrouver un peu d'humanité" :

Une mobilisation très tendue, forte mobilisation

À Paris, le départ de la manifestation a eu lieu place d'Italie vers 13h15. Un dispositif de sécurité conséquent avait été mis en place pour encadrer les manifestants et pour palier la présence de casseurs et de hooligans, en cette journée sans match dans la capitale. Une vingtaine de compagnies de CRS et d'escadrons de gendarmes mobiles sont mobilisés pour encadrer le cortège.

La RATP avait fermé la station de métro Les Gobelins (ligne 7), près de la place d'Italie, "jusqu'à nouvel ordre", ainsi que la station Front-Populaire - Mairie d'Issy sur la ligne 12, la station Duroc (ligne 10), les stations Montparnasse-Bienvenue et Vavin (ligne 4), et les stations Saint-François Xavier et Varenne (ligne 13). L'accès à la "fan zone" du champs de Mars sera filtré avec un "périmètre d'isolement".

La mobilisation s'inscrit aujourd'hui dans un contexte politique singulier : après une première lecture à l'Assemblée expédiée par l'usage de l'article 49.3, le Sénat a jusqu'au 24 juin pour retoucher le texte. Les parlementaires comptent rétablir dans le texte la disposition instaurant un plafonnement des indemnités de licenciement et celle permettant de mettre fin aux 35 heures dans les entreprises qui le souhaitent.

Ont participées également au mouvement de gronde aujourd'hui, sept fédérations de taxis. Plus de 400 véhicules se sont lancés ce lundi dans une opération "escargot" sur le périphérique parisien. Les taxis comptaient aussi effectuer des blocages aux abords des stades accueillant les matchs de l'Euro 2016.

​​​​​​Par ailleurs, en raison d'une grève, le château de Versailles ainsi que la Tour Eiffel sont resté fermés au public ce mardi.

Marseille, Rennes, Bayonne, Toulouse, Avignon...

La manifestation de ce 14 juin ne concerne pas seulement la capitale. Dans de nombreuses villes de province, les cortèges sont partis pour la plupart dans la matinée. A Marseille, il y aurait 5 000 manifestants, mais 140 000 selon la CGT... A Lyon, entre 3 800 personnes (chiffre de la préfecture) et 10 000 personnes (chiffres de la CGT) ont manifesté. 

Une "démonstration de force"

Les syndicats, eux, s'attendaient à une vraie démonstration de force alors que le mouvement est souvent décrit comme en phase d'essoufflement. Jean-Claude Mailly (FO) prédisait "une très grande manif", dépassant celle de 2010 contre la réforme des retraites. 450 cars de toute la région parisienne ont été affrétés.

VIDEO. Loi Travail : manifestation le 14 juin, baroud d'honneur de la CGT ?

"Loi Travail : manifestation le 14 juin, baroud d'honneur de la CGT ?"

CGT, FO, FSU, Solidaires et les organisations de jeunesse comme l'Unef ou encore l'UNL et FIDL ont appelé à manifester dans plusieurs villes de France. Ils réclament encore et toujours le retrait du projet de loi El Khomri. Pour le président de la CGPME, François Asselin, la CGT doit indemniser les petites entreprises, "principales victimes" des blocages, "dans l'incapacité économique de supporter une baisse durable de leur activité et beaucoup sont aujourd'hui en grande souffrance". Une lettre publique a été envoyée à Philippe Martinez pour officialiser cette demande.

Cette journée de mobilisation s'ajoute à plusieurs mouvements de grève. Les cheminots ont lancé par exemple leur 14e jour de grève consécutif à la SNCF, contre le projet de loi, mais surtout pour le maintien de leurs conditions de travail. Ce mardi est particulièrement important pour eux. Il s'agit en effet de la date butoir pour la signature par les syndicats du projet d'accord sur l'organisation du temps de travail au sein de la compagnie ferroviaire. 

Sont aussi mobilisés les pilotes d'Air France, les éboueurs et les employés de raffineries. Dans les ports, la CGT a appelé également à la grève, tout comme dans le secteur de l'énergie où les trois fédérations (FNME-CGT, FO et la CFE-CGC) ont appelé à cesser le travail. Par ailleurs, des délégations de syndicats belge (FGTB), espagnols (CCOO et UGT), italien (CGIL) et suisse (USS) ont également été invités à se joindre à la mobilisation.