Larossi Abballa : des extraits de son message terrifiant sur Facebook Live

Larossi Abballa : des extraits de son message terrifiant sur Facebook Live LAROSSI ABBALLA - Le terroriste qui a tué un policier et sa femme à Magnanville, dans les Yvelines, a également a diffusé son acte terroriste sur Facebook Live... Les enquêteurs tentent de comprendre ce qui l'a conduit à la radicalisation.

[Mis à jour le 15 juin 2016 à 12h56] Qui était Larossi Abballa, le terroriste qui a assassiné à l'arme blanche un couple de policiers en présence de leur enfant de 3 ans, à leur domicile de Magnanville, dans les Yvelines, ce lundi 13 juin 2016 ? Alors que l'enquête sur l'attentat de Magnanville progresse, on en sait plus sur cet homme, sur son profil, son parcours, mais aussi sur son plan macabre. Larossi Abballa était un jeune homme de 25 ans, résidant à Mantes-la-Jolie. Ce Français, radicalisé depuis plusieurs années, était déjà connu des services de renseignement et était placé sous surveillance depuis quelques semaines. Il était apparu récemment dans l'entourage d'un homme parti en Syrie, indique France Info qui évoque une mise sur écoutes depuis le mois de mars.

Larossi Abballa avait également été condamné en 2013 à 3 ans de prison, dont 6 mois avec sursis et mise à l'épreuve pendant deux ans, pour sa participation à un projet terroriste. Il avait été jugé, avec sept autres prévenus, pour sa participation à un réseau d'acheminement de djihadistes vers des zones tribales situées entre l'Afghanistan et le Pakistan en 2011. Selon des informations du Point, Larossi Abballa aurait suivi à l'époque "des entraînements à caractère militaire dans une forêt du Val-d'Oise" pour se préparer lui-même à un départ éventuel vers le Pakistan. Selon le site de l'hebdomadaire, Abballa et ses compagnons s'entraînaient la nuit en égorgeant des lapins (lire sur le site du Point). L'ancien juge antiterroriste Marc Trevidic a indiqué que c'était lui qui avait mis en examen Larossi Abballa dans un entretien exclusif au Figaro.

Abballa, "un petit jeune de quartier, qui pensait à s'amuser"

L'ex-petite amie de Larossi Abballa s'est confiée ce mercredi matin au micro de France Info. "Quand il est sorti de prison, il s'était beaucoup isolé, il préférait prendre ses distances et il avait changé d'amis", explique-t-elle. Avant cela, Larossi Abballa était, selon la jeune femme, "un petit jeune de quartier, qui pensait à s'amuser, à faire la fête". "A aucun moment je ne l'ai senti se radicaliser", ajoute-t-elle, alors que les enquêteurs cherchent à comprendre comment il s'est résolu à perpétrer un acte terroriste pour le compte de l'organisation EI. "Il me disait juste qu'il aimerait qu'un jour je devienne comme lui, que je porterai le voile. Mais à aucun moment il ne m'a jugée, ni n'a arrêté de parler avec moi parce que je n'étais pas voilée".

Le procureur de la République de Paris François Molins, qui a donné une conférence de presse dans l'après-midi de mardi, a précisé que l'homme était surveillé par les services de renseignement. Selon lui, Larossi Abballa a été "suivi dans le cadre de son sursis avec mise à l'épreuve jusqu'au 30 novembre 2015". Pendant cette période, "aucun incident" n'a été relevé, si ce n'est quelques reports de convocations justifiés par son travail". "Il a toujours justifié de sa résidence et de son activité professionnelle", a assuré François Molins alors que la question des failles du renseignement et des personnes radicalisées est de nouveau posée.

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Le plan machiavélique de Larossi Abballa

Le scénario des événements tragiques de ce lundi soir s'est aussi précisé. Larossi Abballa aurait tendu un véritable guet-apens à ses victimes. Selon le Figaro, qui s'est procuré une note du service de nuit de la police sur le déroulé des événements, l'agresseur attendait sa première victime à l'entrée de sa résidence, dissimulé derrière le portail donnant accès au pavillon, vers 20h30. Il se serait jeté sur Jean-Baptiste S., adjoint au service de Sûreté urbaine et commandant du commissariat des Mureaux, dès son arrivée à son domicile, en lui portant plusieurs coups de couteaux. Ce dernier serait parvenu à se dégager et à prévenir des riverains de la menace, mais aurait été rattrapé par son assassin qui l'a de nouveau poignardé avant de retourner dans le pavillon pour prendre en otage sa compagne, Jessica S. et leur fils de 3 ans. Selon les témoins, Larossi Abballa aurait "distinctement" proclamé qu'il agissait "au nom de l'Etat islamique". Disant disposer d'otages et d'armes, il assurait avoir "préparé une surprise" aux forces de police qui tenteraient de le déloger. D'autres témoins disaient l'avoir entendu crier "Allahou akbar" lors de l'attaque.

Lors des négociations avec les policiers du RAID qui se sont rendus sur place avant 21 heures, Larossi Abballa a assuré avoir "prêté allégeance" à Daesh depuis trois semaines, selon François Molins, le procureur de la République de Paris. Au cours de la prise d'otages, le terroriste a échangé d'autres informations avec les forces du RAID. Il a indiqué être "musulman pratiquant et faire le ramadan". Il a également indiqué avoir "prêté allégeance au commandant des croyants de l'Etat islamique", Al-Baghdadi, et ajouté avoir répondu "à un communiqué de cet émir qui demandait 'de tuer des mécréants chez eux avec leur famille'". Selon François Molins, Larossi Abballa a enfin affirmé qu'il connaissait "la qualité de policier" de sa victime. Il menaçait de se faire sauter si les policiers tentaient de pénétrer dans la maison et assurait leur avoir préparé "une surprise".

Larossi Abballa aurait usurpé Mohamed Ali sur Facebook

Pendant cette prise d'otages, qui s'est soldée par la mort de la mère de famille de 36 ans, Larossi Abballa aurait également posté des photos de ses victimes sur Facebook. Selon plusieurs tweets postés par le journaliste spécialisé David Thomson, expert des réseaux djihadistes, il aurait usurpé le nom du boxeur Mohamed Ali sur le réseau social (voir ci-dessous).

La légende de la boxe décédée et inhumée vendredi aux Etats-Unis, s'était convertie à l'islam à la fin des années 1960. Mais Mohamed Ali, né Cassius Clay, était toujours resté un militant pacifiste. Il fut parmi les premières personnalités à condamner les attentats du 11 septembre 2001. Sur le faux compte désormais suspendu, mais qui reste à authentifier, Larossi Abballa aurait affirmé avoir tué "un policier ainsi que son mari a leur domicile". Invoquant "allah" et "les frères au sham", il "crie haut et fort" son allégeance à Abou Bakr Al Baghdadi, le chef de l'Etat islamique et dit avoir agi selon 'l'appel" du cheikh Adnani, l'un des cadres du groupe terroriste.

Message qui aurait été posté par Larossi Abballa sur un compte au nom de Mohamed Ali. © Capture Facebook

Une mise en scène macabre sur Facebook Live, avec un enfant de 3 ans

Larossi Abballa aurait aussi laissé un message de revendication sur le réseau social, via Facebook Live. La vidéo serait en cours d'analyse par les enquêteurs. Dans ce message, toujours selon David Thomson, il aurait appelé à tuer "les policiers, gardiens de prison, journalistes mais aussi des rappeurs", en citant de nombreux noms. Le procureur François Molins a également apporté des précisions sur ce point, indiquant qu'"une liste de cibles" avait été retrouvée. Les policiers ont également mis la main sur trois téléphones et trois couteaux dont un ensanglanté.

Face caméra, Larossi Abballa s'est également mis en scène avec l'enfant du couple de policiers qu'il venait d'assassiner. "Le bébé est derrière lui, sur le canapé", décrit le journaliste de RFI. "Après avoir tué ses parents il dit : 'je ne sais pas encore ce que je vais faire avec lui'." L'enfant de 3 ans a été sauvé par les forces du RAID qui ont abattu le terroriste peu après minuit. Il est indemne, mais choqué selon les informations du parquet de Paris.

Dans la nuit, Daesh a de son côté revendiqué l'attentat de Magnanville et affirmé que l'auteur des assassinats était un de ses "combattants".