Attentat déjoué en France : une attaque dans une école fomentée

Attentat déjoué en France : une attaque dans une école fomentée ATTENTAT DÉJOUÉ - Deux hommes ont été mis en examen à Paris, après avoir été interpellés le 25 mars dernier. Lors de leurs auditions, l'un d'eux a admis q'un projet d'attaque contre une école était en préparation.

[Mis à jour le 3 avril 2019 à 14h26] Deux hommes, fichés S, ont été interpellés en Seine-et-Marne, placés en garde à vue le 25 mars 2019, puis mis en examen du chef d'"association de malfaiteurs terroriste criminelle" et écroués, indique le parquet de Paris ce mercredi. Ils sont soupçonnés d'avoir voulu commettre un attentat en France. L'un des deux individus, suivi par des agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), a indiqué lors de son audition devant les policiers qu'il comptait perpétrer une attaque dans une école, prendre en otage enfants et enseignants, pour pouvoir en découdre avec des forces de l'ordre par la suite.

Il aurait par ailleurs, selon BFMTV, reconnu avoir une fascination pour Mohamed Merah, l'auteur des tueries de Toulouse et Montauban. Selon une source proche de l'enquête, cet individu présenterait "une très forte instabilité psychiatrique". L'autre individu, qui est une connaissance du premier prévenu, est suspecté de complicité active, les enquêteurs s'interrogent sur son intention de porter une assistance logistique au projet d'attentat.

EN SAVOIR PLUS SUR LES ATTENTATS DEJOUES


Page spéciale - La France sous la menace terroriste

La France, sous menace terroriste, a été frappée par plusieurs attentats d'envergure ces dernières années, mais les pouvoirs publics ont fait savoir que des dizaines, depuis 3 ans, ont été évités grâce aux enquêtes menées par le renseignement et la police. Plusieurs ont donné lieu à des explications ou à une médiatisation. Retour sur les principaux attentats déjoués sur l'Hexagone.

Attentat contre Macron déjoué

6 personnes ont été interpellées par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), soupçonnées d'avoir préparé une "action violente" aux "contours mal définis" contre le chef de l'Etat, le 6 novembre 2018. Les individus ont été arrêtés en Moselle, en Ille-et-Vilaine et dans le département de l'Isère. Selon les informations de LCI, ce projet d'attaque contre Emmanuel Macron aurait été fomenté par des individus liées à la mouvance de "l'ultradroite". Aucune information concernant les motivations précises ou la nature du projet identifié par la DGSI n'a été communiquée aux médias.

Attentat déjoué : l'AFO ciblée

Dix personnes ont été arrêtées samedi 23 juin par les services antiterroristes, en Île-de-France, en Corse, dans la Vienne, en Charente et dans le sud-ouest de la France, indique l'AFP, qui cite des sources judiciaires proches de l'enquête. Ces individus, présentés comme membres de "l'ultra droite" avaient "un projet de passage à l'acte violent aux contours mal définis à ce stade, ciblant des personnes de confession musulmane".

Ce groupuscule, appelé AFO (pour "Action des forces opérationnelles",) avait l'intention d'agir "en représailles" à la suite d'un prochain attentat islamiste. Selon les informations de France 2, plusieurs membres avaient effectué des repérages autour de mosquées. LCI ajoute qu'ils avaient par ailleurs rédigé une liste de cibles, constituée d'imams radicaux, d'anciens détenus considérés comme islamistes ou encore "des femmes voilées", qui auraient été attaquées "par hasard". Selon France Info, les individus arrêtés et conduits en garde à vue sont âgés d'une trentaine à une soixantaines d'années. Une vingtaine d'armes ont été saisies lors des leur interpellation.

Attentat à la ricine déjoué (mai 2018)

Vendredi 18 mai 2018, Gérard Collomb a fait savoir sur BFMTV qu'un attentat avait été déjoué en France par les services antiterroristes. Deux individus, présentés comme des frères d'origine égyptienne par le ministre de l'Intérieur, ont été interpellés. Ils sont soupçonnés d'avoir eu l'intention de tuer de nombreuses personnes sur le territoire français. "Ils s'apprêtaient à commettre un attentat, avec soit de l'explosif soit à la ricine, ce poison évidemment très très fort", a assuré Gérard Collomb sur la chaîne d'information. "Ils avaient des tutoriels qui indiquaient comment construire des poisons. [... ] Nous avons pu les déceler, déceler ce projet d'attentat et les arrêter", a-t-il ajouté.

L'attaque déjouée était semble-t-il imminente, même si on ignore où elle aurait dû être perpétrée. Les deux suspects sont âgés de 20 ans. Une source proche du dossier indiquait à France Info qu'ils ont été arrêtés dans le 18e arrondissement de Paris vendredi 11 mai. La ricine est une substance extrêmement toxique, qui s'avère mortelle si elle est inhalée de manière concentrée par voie pulmonaire. Elle a été utilisées dans les années 1980 par des services secrets de pays de l'est, pour ses caractéristiques très spécifiques : il s'agit d'un poison aussi nocif qu'indécelable.

Attentat déjoué à Paris

Octobre 2017 - Des mosquées et des politiques visés à Paris et dans le sud de la France

Dix personnes âgées entre 17 et 25 ans ont été arrêtées mardi 17 octobre à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône et en région parisienne. Décrites comme "proches de la mouvance d'ultra-droite", elles sont soupçonnées d'avoir voulu commettre un attentat contre des personnalités politiques et contre des mosquées. D'après les informations du Monde, les attaques devaient avoir lieu dans plusieurs endroits, tels que "le marché aux puces de Marseille, un restaurant indien d'Aix-en-Provence et des personnalités telles que Jean-Luc Mélenchon ou Christophe Castaner".

Les enquêteurs recherchent des liens entre les suspects et Logan Alexandre Nisin, un ex-membre de l'Action française âgé de 21 ans et arrêté fin juin après avoir menacé de s'en prendre à des migrants et des jihadistes. Le jeune homme de 28 ans résidait dans le Vaucluse et avait notamment écrit vouloir passer à l'action contre les "blacks", "racailles", "jihadistes" et les "migrants". L'homme possédait plusieurs armes et avait pratiqué le tir. Selon Le Monde, ce proche du mouvement d'ultra-droite s'était vu proposer un poste au sein du Front national en mars 2017. "Au détour d'une cérémonie de commémoration des 'martyrs' de l'Algérie française au cimetière de Marignane, en mars, un cadre frontiste tente de le débaucher à travers un ami commun. Il aimerait lui confier la section locale du FNJ, la branche 'jeunesse' du parti frontiste", rapporte le journal. Si le jeune homme a refusé, il a soutenu la campagne de Marine Le Pen et les législatives, en se rangeant du côté du candidat FN dans les Bouches-du-Rhône.

Octobre 2017 - Des bouteilles d'essence sous des camions Lafarge

Jeudi 5 octobre 2017, six bouteilles d'essence ont été découvertes sous trois camions du cimentier franco-suisse Lafarge, reliées à "un dispositif d'allumage rudimentaire", à Paris. Les camions, manifestement piégés, se trouvaient dans le XIXe arrondissement de la capitale, selon des "sources proches de l'enquête". Le parquet a d'ouvrir une enquête en flagrance du chef de "tentative de destruction par incendie". Selon les informations de LCI, les enquêteurs disposent d'images de vidéosurveillance montrant deux individus "rôdant vers 3h30 du matin autour des camions qui étaient garés là". LCI indique que le film permet de voir qu'un dispositif a commencé à prendre feu, mais qu'il s'est rapidement éteint. On voit également les deux malfaiteurs prendre la fuite. Les six bouteilles étaient des bouteilles d'eau d'une contenance de 1,5 litre, remplies de carburant. Elles ont été reliées à un dispositif d'allumage très artisanal, constitué d'aluminium et d'allumettes. Ce qui laisse à penser que cet attentat raté n'est pas un acte "terroriste".

Septembre 2017 - Des Bonbonnes de gaz dans l'attentat le XVIe arrondissement

Alertée dans la nuit de vendredi à samedi par un habitant du secteur de la porte d'Auteuil, rue Chanez, la police avait découvert deux bonbonnes dans le hall d'un immeuble et deux autres à l'extérieur, sur le trottoir. L'homme qui a donné l'alerte avait été intrigué par des bruits à l'extérieur et une forte odeur d'essence, avant de découvrir les bonbonnes. Des hydrocarbures avaient en effet été dispersés autour des bonbonnes et un dispositif de mise à feu, confectionné avec un téléphone portable relié à des fils, a également été retrouvé sur place. Selon le Point, qui a révélé l'affaire, il y aurait eu plusieurs tentatives - vaines - de mise à feu. Une information que le ministre n'a en revanche pas confirmée. Le dispositif était "parfaitement confectionné" indique l'hebdo qui cite un enquêteur. Ce dernier estime avoir "évité le pire". "C'est une chance inouïe" que les bonbonnes n'aient pas explosé, a confirmé à l'AFP une voisine de l'immeuble, qui n'a "pas dormi depuis samedi". 

La cible, un immeuble d'habitation dans un quartier calme de la capitale, interroge toutefois les enquêteurs. "Est-ce que faire sauter un immeuble dans un quartier chic de Paris, c'était pas un signe que personne n'est en tranquillité et que cela ne se passe pas simplement dans la banlieue et les quartiers un peu populaires mais que cela peut se passer partout en France ?", s'est demandé Gérard Collomb. Selon le Figaro, "aucune personnalité sensible ne réside dans cet immeuble", mais les terroristes présumés ont pu confondre un homonyme d'"un associatif militant contre l'islamisme radical" habitant l'immeuble... L'affaire n'est en tout cas pas sans rappeler un autre attentat à Paris déjoué lui aussi il y a un an.

On a aussi appris que parmi ces suspects, un homme aurait été en contact avec la Syrie. Il s'agit de l'individu fiché S pour radicalisation évoqué par Gérard Collomb dès mardi. Cet homme, âgé d'une trentaine d'années, et "connu pour sa fréquentation du milieu djihadiste" "ferait partie de la mouvance islamiste radicale", a indiqué un journaliste de France 2. L'homme "aurait établi des contacts avec la Syrie et consulté des sites jihadistes", précise encore la chaîne qui indique que les enquêteurs tentent désormais d'analyser les ordinateurs portables et les éléments perquisitionnés.

Ces informations semblent en tout cas confirmer une fois encore que c'est bien un attentat qui a été déjoué dans le XVIe arrondissement de la capitale. "Parmi les personnes qui ont été arrêtées, l'un était fiché au fichier FSPRT (Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, ndlr), ça veut dire radicalisé", a déclaré le ministre sur France Inter, au lendemain de la révélation de cette enquête antiterroriste. Pour le reste, on sait des auteurs présumés de cet attentat déjoué à Paris qu'elles sont trentenaires et ont été interpellées dans plusieurs communes de l'Essonne, Arpajon, Bretigny-sur-Orge, Draveil, mais aussi Villejuif dans le Val de Marne. Elles seraient  toujours en garde à vue mardi matin, selon une source proche de l'enquête.

Septembre 2016 - Des bonbonnes de gaz près de Notre-Dame de Paris

Le 4 septembre 2016, une voiture avec cinq bonbonnes pleines de gaz, feux de détresse allumés et sans plaque d'immatriculation était découverte en pleine nuit, à quelques centaines de mètres de Notre-Dame-de-Paris. Selon les enquêteurs, elle devait servir à un attentat, manifestement manqué. François Hollande évoquait dans les jours qui ont suivi une attaque "déjouée" et "un groupe annihilé". Trois femmes âgées de 19, 23 et 39 ans ont été interpellées à Boussy-Saint-Antoine, dans l'Essonne. Elles furent alors présentées comme "radicalisées, fanatisées" par le ministre de l'Intérieur de l'époque, Bernard Cazeneuve. Elles "préparaient vraisemblablement de nouvelles actions violentes, et de surcroît imminentes", avait-il ajouté. Vendredi 9 septembre, le procureur de Paris, François Molins, a fait savoir que les trois jeunes femmes étaient "téléguidées depuis la Syrie par le groupe Etat islamique.Inès Madani, 19 ans, Sarah H., 23 ans, et Amel S., 39 ans, formaient alors un "commando de femmes", dont les deux plus jeunes étaient connues des services pour leur radicalisation. Elles avaient évoqué des gares de l'Essonne et de Paris, ainsi que des policiers comme cibles potentielles et envisageaient de se procurer des ceintures explosives ou de lancer des voitures contre des bâtiments, selon des sources proches de l'enquête.

Attentat déjoué à Clermont (février 2017)

Trois individus suspectés de vouloir commettre un attentat en France ont été interpellés le 21 février 2017 à Clemont-Ferrand, Marseille et en région parisienne. L'AFP écrivait à l'époque, via une source proche du dossier, que "les suspects avaient un projet et ils étaient suffisamment avancés pour que les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure décident de leur interpellation". Ils ont été arrêtés dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte par la section antiterroriste du parquet de Paris. Si un individu, âgé de 31 ans, a été libéré à l'issue de sa garde à vue, deux autres hommes de 19 et 27 ans, connus des services de renseignement et soupçonnés de projeter un attentat, avaient été présentés à la justice antiterroriste en vue d'une mise en examen. Le jeune homme de 19 ans, domicilié à Marseille, était notamment en lien avec Malik Hammami, rencontré sur les réseaux sociaux. Avec son compagnon de 27 ans, dont il avait fait également connaissance sur internet, ils avaient fait part de leur volonté "de partir en Syrie ou à défaut de commettre une attaque en France".

Attentat déjoué à Montpellier (février 2017)

Quelques jours avant les arrestations à Clermont et Marseille, mi-février, quatre personnes dont une adolescente de 16 ans, ont été soupçonnées de vouloir commettre un attentat "imminent" en France, d'après le ministre de l'Intérieur, Bruno Le Roux. Elles avaient été arrêtés à Montpellier et à Sète. Les perquisitions avaient révélé que Thomas Sauret, sa compagne Sarah et Malik Hammami, suspecté d'avoir joué un rôle de "mentor" auprès des deux jeunes gens, avaient acquis et manipulé des dizaines de grammes de TATP, un explosif artisanal puissant, prisé des jihadistes, et du matériel utilisé pour la fabrication d'engins explosifs.  Un projet d'attentat "contre un lieu touristique parisien ou un lieu de fête montpelliérain", avait alors été évoqué.

Attentat déjoué à Marseille (avril 2017)

Le 18 avril 2017, à cinq jours du premier tour de la présidentielle, deux hommes soupçonnés de préparer un attentat ont été arrêtés à Marseille par la DGSI. Les deux individus, Clément Baur, 23 ans, et Mahiedine Merabet, 29 ans, de nationalité française, avaient l'intention de passer à l'acte "dans les tout prochains jours", a indiqué alors le ministre de l'Intérieur, Matthias Fekl. Les photos des deux suspects, radicalisés et fichés S depuis 2016 et 2015, avaient été distribuées la semaine précédente aux services de sécurité des candidats. Les suspects avaient effectué sur Internet "un certain nombre de recherches tous azimuts", "notamment en lien avec le Front national". Lors d'une perquisition dans un "appartement conspiratif" du IIIe arrondissement de Marseille, les enquêteurs sont tombés sur un impressionnant arsenal : "un fusil-mitrailleur Uzi 9 mm" et deux armes de poing, "des boîtes de munitions", "un sac de boulons" a détaillé le procureur. Ils ont aussi découvert dans ce "petit appartement d'étudiant" "3 kilos de TATP", un explosif instable prisé des jihadistes du groupe EI, ainsi qu'"une grenade artisanale constituée de 250 grammes de TATP". Au mur de l'appartement, étaient accrochés un plan de Marseille et des photos d'"enfants morts, victimes de guerre, de bombardements ou d'exactions". Selon une source proche de l'enquête, "ils cherchaient à impacter la période" de campagne électorale.

Attentat déjoué à Nice (novembre 2017)

Plusieurs individus, âgés de 18 à 65 ans, ont été arrêtés mardi 7 novembre en Île-de-France et dans les Alpes-Maritimes, dans un vaste coup de filet préparé par le RAID, avec l'assistance de la Sous direction antiterroriste (SDAT), la Direction interrégionale de la police judiciaire de Marseille et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Selon les informations du Parisien, un "projet d'attentat pourrait avoir été déjoué", puisque les suspects auraient eu l'intention de passer à l'acte pour mettre en oeuvre une "intention matérialisée". Cette opération décrite comme "antiterroriste" s'inscrit dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte en mai 2017, par le parquet de Paris, pour "association de malfaiteurs en vue d'une entreprise terroriste". Selon les informations du parisien, le groupe de suspects aurait mis sur pied un projet d'attentat dans la ville de Nice. Le journal s'appuie sur les dires d'enquêteurs qui ont évoqué des "conversations inquiétantes" sur les réseaux sociaux à ce sujet. Nice Matin indique que, selon ses informations, les suspects avaient l'intention de "tuer un policier et des civils".