Thierry Marchal-Beck : "brillant", "féministe" et accusé d'agressions sexuelles

Thierry Marchal-Beck : "brillant", "féministe" et accusé d'agressions sexuelles Qui est Thierry Marchal-Beck, surnommé "TMB" au PS, ce jeune homme accusé par huit femmes d'agressions sexuelles ? Ancien patron des Jeunes socialistes, il a été proche de Benoît Hamon avant de quitter la politique.

[Mis à jour le 15 novembre 2017 à 14h02] Huit femmes mettent en cause Thierry Marchal-Beck, celui qui dirigeait le MJS de 2011 à 2013. Libération a obtenu leurs témoignages et le quotidien précise en outre avoir recensé quatre cas supplémentaires. Il s'agit de femmes ayant été militantes ou cadres du Mouvement des Jeunes socialistes. Certaines d'entre elles le sont encore, que ce soit à Paris ou en Province. Celui que les socialistes ont pris l'habitude d'appeler "TMB" s'est dit "sidéré" par l'enquête réalisée par Libération. Le jeune homme de 32 ans a assuré se "réserver le droit d'engager toute procédure" après ces accusations, mais n'a pas souhaité répondre aux interrogations du quotidien, qui voulait lui donner l'occasion de donner sa version des faits. Thierry Marchal-Beck a fait savoir qu'il refusait de se livrer "à un exercice biaisé de questions-réponses".

Des témoignages "d'une extrême gravité"

Les faits racontés par les présumées victimes de harcèlement sexuel sont violents. "J'ai dû le masturber pour m'en débarrasser. Il disait : "Comme tu as dit oui une fois, tu ne peux plus dire non maintenant", raconte une ancienne militante du mouvement. "Ce n'est qu'avec l'affaire Baupin, cinq ans plus tard, que j'ai réalisé ce qui m'était vraiment arrivé : on était clairement dans un abus de pouvoir", explique la jeune femme.

Autre témoignage, celui d'une jeune socialiste qui raconte, comment Thierry Marshal-Beck aurait agi avec elle, dans son bureau de président. Après avoir fermé la porte, il se serait approché de la jeune femme, et ouvert sa braguette. "Il prend ma tête, l'approche de son sexe pour m'obliger à lui faire une fellation. Je le repousse très fort, je l'insulte et je pars en courant", fait savoir aujourd'hui l'ancienne militante.

Une autre membre des instances nationales du Mouvement témoigne de faits de harcèlement répétés et d'agressions sexuelles. "Devant la porte de l'appartement, il me plaque contre le mur, commence à m'embrasser de force", raconte-t-elle. Et la jeune femme d'expliquer : "Pour ne pas que cela aille plus loin, je me sens obligée de lui faire une fellation. Je veux qu'il s'arrête, que son harcèlement s'arrête. Il part tout de suite après". Certains actes sur d'autres membres du MJS auraient même été commis en public.

Une jeune femme rapporte encore d'autres faits survenus dans un bar : "Il m'a plaquée dans un coin, passant ses mains sous mon tee-shirt, sur mes seins, mon ventre, mon dos et m'expliquant que j'avais tellement bu que de toute façon je ne me souviendrai de rien le lendemain". Le même jour, Thierry Marshal-Beck s'en saurait également pris à une autre personne, qui livre une scène surréaliste : "On ne se connaît pas, il arrive et il me pelote vigoureusement. Avec le recul, je me suis dit que ce qu'il avait fait était totalement dingue, il agissait sans se soucier des témoins", raconte-t-elle.

La réaction de la direction du PS ne s'est pas fait attendre. Mardi soir, le parti, qui s'est dit déterminé "à lutter inconditionnellement contre toutes les violences faites aux femmes", a publié un communiqué : "Ces témoignages [...] sont d'une extrême gravité. Ils ne sauraient rester sans suites judiciaires adéquates ". L'actuel président du MJS, Benjamin Lucas, a lui aussi vivement réagi, se disant "révulsé". Il a clairement annoncé "condamner de tels actes". Il s'est en outre engagé sur Facebook à "continuer le travail entrepris (depuis) plusieurs semaines" pour "interroger et transformer nos cadres collectifs, nos pratiques, nos silences".

Qui est Thierry Marchal-Beck ?

Né à Metz, cet homme politique est le fils de l'ancien directeur de cabinet de Michel Dinet, inspecteur de l'Éducation nationale à Nancy. Sa mère est quant à elle proviseure. Après être parti étudier aux États-Unis dans la banlieue de Chicago, il revient en France en 2003 et entre à l'Institut d'études politiques de Lille en 2004. C'est en janvier 2009 que le jeune homme a été nommé membre du bureau national du MJS où il s'occupait alors des questions écologiques. Au moment de la campagne de la primaire socialiste de 2011, il était le responsable des "Jeunes avec Martine Aubry". Il fera campagne pour François Hollande une fois élu président du MJS. Lors de cette campagne, comme l'a repéré Le Lab Europe 1, Thierry Marchal-Beck ne lésine pas sur les formules grandiloquentes et insiste sur son engagement "féministe". "Etre jeune socialiste, c'est être un militant de l'égalité et de l'universalité des droits et c'est pour cela que nous sommes des militants féministes", prononce-t-il ainsi lors d'un meeting à Strasbourg. Dans un portrait qui lui est consacré dans Libération, le jeune homme est décrit par les militants du MJS comme "dur et extrêmement exigeant", mais aussi comme un "homme politique précoce et brillant".

Thierry Marchel-Beck intègre en 2014 le cabinet de Benoît Hamon, alors ministre délégué à l'Economie sociale et solidaire, comme chargé de mission. Il le suivra lorsqu'il sera nommé ministre de l'Education, mais en prenant du galon, puisqu'il devient alors chef de cabinet adjoint et "conseiller développement durable" au ministère. Son avenir politique personnel est, en somme, très lié à celui de l'ancien candidat socialiste à la présidentielle : s'il sera intégré à la campagne, il prendra ses distances avec Benoît Hamon dès sa démission du gouvernement. Il choisira en effet de prendre un nouveau virage dans sa vie professionnelle pour se lancer dans le privé, comme "directeur des affaires publiques" au syndicat du Chocolat, puis comme "délégué général" de l'Union nationale des Associations de tourisme et de plein air.