Mort de Givenchy : son talent avait séduit Audrey Hepburn... puis le monde

Mort de Givenchy : son talent avait séduit Audrey Hepburn... puis le monde MORT GIVENCHY - Hubert de Givenchy est décédé "dans son sommeil" le 10 mars, à l'âge de 91 ans, a annoncé sa famille. Il restera le symbole d'une forme d'élégance française.

[Mis à jour le 12 mars 2018 à 23h45] "Monsieur de Givenchy s'est éteint dans son sommeil le 10 mars 2018. Ses neveux et nièces et leurs enfants partagent sa douleur. Ses obsèques seront célébrées dans la plus stricte intimité", a indiqué Philippe Venet, le compagnon d'Hubert de Givenchy. Interrogé par Le Figaro, François de Ricqlès, président de Christie's France a réagi ce lundi soir au décès. "Je retiens de ce grand couturier une élégance intemporelle innée que sa grande stature révélait dans l'instant", a-t-il estimé. Et d'assurer : "Hubert de Givenchy fut un ambassadeur de la culture française à travers le monde", évoquant au passage le Japon et l'Amérique, "où il avait une cote extraordinaire pour avoir habillé très jeune Audrey Hepburn". "Cette dernière lui a ouvert de nombreuses portes et l'a propulsé sur le devant de la scène", a par ailleurs constaté François de Ricqlès.

Avant lui, d'autres personnalités ont réagi à la mort d'Hubert de Givenchy ce 12 mars. Ce fut notamment le cas de Bernard Arnault, le patron de LVMH, qui détient la marque créée par le couturier. Il fut d'ailleurs l'un des premiers à s'exprimer en transmettant un communiqué à la presse : "Parmi les créateurs qui ont définitivement installé Paris, à partir des années 1950, au sommet de la mode mondiale, Hubert de Givenchy a donné à sa maison de couture une place à part. Tant dans les robes longues de prestige que dans les tenues de jour, Hubert de Givenchy a su réunir deux qualités rares : être novateur et intemporel".

Le travail et l'oeuvre que laissent derrière lui Hubert de Givenchy est considérable. Dès les années 1950, il apparaît comme un précurseur qui ose s'en prendre aux canons de la mode et impose un style à part, qui surprend et séduit. "Il était très transgressif, et cela, dès 1952 quand il crée la blouse Bettina", disait de lui en 2014 le commissaire de l'exposition qui lui était dédiée, au Musée Thyssen-Bornemisza (voir vidéo ci-dessous). "Il va alors casser les codes de la haute-couture de l'époque. Il était aussi transgressif dans sa façon d'utiliser les matériaux. Il s'est amusé, par exemple, à broder le plastique ou bien le cuir. Il fut également le premier couturier à engager des mannequins de différentes origines dans ses défilés haute-couture", rappelait-il alors pour présenter la rétrospective consacrée au couturier.

En vidéo - Hubert de Givenchy : 40 ans de création du "maître de l'élégance"

"Rétrospective Hubert de Givenchy à Madrid"

Hubert de Givenchy a quitté la maison qu'il avait créée, à l'issue d'une carrière unique, en 1995. Il laisse à l'histoire de nombreuses pièces entrées au panthéon de la mode, comme la robe noire épaules nues portées par l'actrice Audrey Hepburn dans le film "Breakfast at Tiffany's". Le couturier lui offrira plusieurs vêtements qui marqueront les esprits, comme ceux qu'elle porta dans "Drôle de frimousse", "Charade" ou "Comment voler un million de dollars".

Avec Audrey Hepburn, "on s'amusait, on dansait !"

Au Figaro, en 1998, Hubert de Givenchy, avait accepté de se confier au Figaro sur la relation si particulière qu'il entretenait avec la comédienne. "Ma magie était la sienne. Elle apportait aux vêtements la grâce qu'elle avait en elle. À l'époque, j'habillais également Elizabeth Taylor et quelques autres stars de Hollywood. Mais rien n'a été durable comme avec Audrey. C'était une femme extrêmement loyale. Avec elle, le travail devenait un acte de joie. On s'amusait, on dansait ! Il y avait quelque chose d'extraordinaire entre nous, une complicité qui était continuelle", se souvenait-il, avant d'évoquer l'une de leur dernier rendez-vous, avant sa mort en 1993 : "Dans un petit bistrot japonais, elle m'avait alors dit : 'Je veux que ce soit toi qui t'occupes de mes enfants'. C'était une marque de confiance immense et cela m'a bouleversé".