Gérard Collomb :

Gérard Collomb : COLLOMB - Un cadre LREM a confié au Parisien que Gérard Collomb était "à bout". L'ancien ministre de l'Intérieur ne se plaisait manifestement pas dans ses fonctions place Beauvau.

[Mis à jour le 3 octobre 2018 à 15h26] Comment expliquer qu'un homme si proche d'Emmanuel Macron, qui a tellement oeuvré à l'émergence d'En Marche, puisse à ce point mettre en difficulté son ancien poulain, celui qui l'a installé à Beauvau ? Gérard Collomb, l'homme de confiance, celui qui déjeunait avec le chef de l'Etat tous les lundis, a tenu tête. Il a quitté ses fonctions alors qu'Emmanuel Macron le sommait de servir l'Etat. "Gérard est triplement sous pression : extrêmement fatigué, dépressif et poussé par sa femme à partir. Il est en mode : J'envoie tout balader. Il est à bout", analyse un "ponte de la Macronie" auprès du Parisien.

Un conseiller du ministre démissionnaire ajoute, auprès du Monde : "Cela fait des années que Collomb n'a pas de patron. A Lyon, il n'a jamais eu personne pour lui donner des directives, et voilà qu'il a désormais un président de 40 ans et un Premier ministre de 48 ans au-dessus de lui". Un autre pilier de la place Beauvau confie que Gérard Collomb n'est jamais parvenu à imprimer son ton et son rythme à Paris. "La technostructure résiste souvent aux politiques, le ministère est traversé par différents réseaux et Gérard Collomb ne les maîtrisait pas tous", dit-il au quotidien du soir.

Quel remplaçant à Gérard Collomb ?

Désormais, Emmanuel Macron et Edouard Philippe doivent trouver un remplaçant à leur ministre d'Etat démissionnaire, quelques mois après le départ surprise d'un autre ministre d'Etat, Nicolas Hulot. Le président de la République et son Premier ministre sont de plus en plus exposés à cette critique qui commence à s'installer : l'exécutif apparaît incapable de tenir son équipe. Force est de constater que l'autorité et la fermeté du président sont mises en cause avec le départ de Gérard Collomb dont ne voulait pas le chef de l'Etat. Il faut donc désormais, pour Emmanuel Macron, démontrer qu'il tient encore la barre. Le choix de l'homme qui succédera au maire de Lyon est dans cette perspective cruciale. Il faut à ce poste une femme ou un homme de confiance, qui accepte de servir l'Etat quelques soient ses ambitions personnelles. Quelqu'un qui soit aussi crédible et reconnu comme capable de tenir un ministère aussi exigeant.

Plusieurs noms circulent pour remplacer Gérard Collomb. Ça et là, dans la presse, on évoque Frédéric Péchenard, l'ancien patron de la police nationale, mais aussi l'actuel procureur de Paris, François Molins, qui doit quitter son poste dans quelques semaines pour la Cour de Cassation. Emmanuel Macron pourrait aussi choisir un actuel membre du gouvernement : le nom de Jean-Yves Le Drian, actuellement ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, est cité, tout comme celui du très jeune Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics. Le chef de l'Etat et son Premier ministre pourraient prendre leur temps et même procéder à un vaste remaniement, pour reprendre la main et impulser une nouvelle séquence. Cela permettrait à Emmanuel Macron de faire montre d'autorité. Le temps de la réflexion est de toute manière assurée, Edouard Philippe étant depuis ce mercredi matin ministre de l'Intérieur par intérim.