Epargne et générosité peuvent-ils faire bon ménage ?

Epargne et générosité peuvent-ils faire bon ménage ? Livret d'épargne, assurance-vie, Sicav... Au fil des années des initiatives se développent pour associer épargne et générosité. Effet marketing ou démarche philanthrope ? Réponses

Début septembre 2014, La Française Asset Management marquait un nouveau tournant dans les offres d'épargne associées à une démarche de générosité. Pour la première fois, selon ses dirigeants, les épargnants font pouvoir être généreux sans rogner sur leurs gains. Comment ? En association avec Ornay Finance, la société de gestion a transformé le fonds Orfi en un fonds de partage nourricier de son fonds de fonds LFP Patrimoine flexible sous l'appellation "Orfi Colors". Dit autrement, ce sont des "fonds jumeaux" : les caractéristiques sont strictement les même pour les souscripteurs de l'un ou l'autre. Ils obtiendront la même performance. En revanche, en faisant le choix du fonds Orfi Colors au lieu de LFP Patrimoine, ils permettent à l'association AIDES de recevoir la moitié des frais de gestion perçus par La Française AM pour financer l'acquisition de kits de dépistage rapide du VIH. Pour un encours de 5 millions d'euros, la société de gestion d'actifs évalue son reversement à 20 000 euros par an, soit l'équivalent d'un peu plus de 2 800 kits.

Reverser une partie des gains

Cette démarche bouscule l'approche qui s'était imposée jusqu'à présent. Ainsi, les souscripteurs du contrat d'assurance-vie "Solid'R Vie" de Fapès Diffusion s'engagent à reverser au moins 50 euros à l'une des associations ou fondations présélectionnés. Ceux de la Sicav "Choix solidaire" du Crédit coopératif reverse la moitié des revenus annuels distribuables à la Fondation pour la recherche médicale. A la Société Générale, le client peut adhérer à un service d'épargne solidaire : il choisit le placement de son choix et la part des intérêts à laquelle il renonce pour la verser à une ou jusqu'à trois associations parmi une liste de trente-six sélectionnées par la banque. On retrouve ce principe pour l'ensemble des livrets d'épargne "solidaires" commercialisées par les banques.

Les revenus imposables peuvent être réduits de 66 % du montant reversé, voire 75 % selon la mission sociale de l'association bénéficiaire.

Vu la baisse des taux d'intérêts, ces placements voient leur rémunération devenir peu ou pas attractives pour les épargnants mais aussi les associations bénéficiaires de cette manne financière. Et ce bien qu'il soit possible d'obtenir deux avantages fiscaux. Ce qui n'est pas le cas avec le fonds "Orfi Colors". D'un côté, le prélèvement libératoire à titre d'acompte passe de 24 % à 5% pour les intérêts reversés à une association. De l'autre, les revenus imposables peuvent être réduits de 66 % du montant donné, voire 75 % selon la mission sociale de l'association bénéficiaire, dans la limite du plafond en vigueur pour l'ensemble des avantages fiscaux obtenus pour une année donnée.

Léguer son patrimoine à une association

L'autre alternative concerne l'assurance-vie ou les assurances-décès. Rien n'interdit le souscripteur de désigner une ou des associations de son choix comme bénéficiaire du capital. Il doit juste veiller à ce que le montant accordé ne dépasse pas la part de son patrimoine qu'il peut librement légué, la quotité disponible. Enfin, des formules de cartes bancaires prévoient un reversement à chaque utilisation . Pour être plus précis, vous payez en carte un achat de 47,23 euros, selon la règle que vous avez définie vous reverserez soit 0,77 euros soit 2,77 euros. Dans ces deux cas, la somme versée n'est pas dépendante de la performance. Au final, il y a belle et bien au moins une formule qui puisse convenir à un épargnant en fonction de ses enjeux personnels et le sens qu'il souhaite donner à son acte de générosité.