Avez-vous été piégé par la dette grecque dans votre contrat d'assurance-vie ? L'assurance-vie tombe de son piédestal

La décision que viennent de prendre les chefs d'Etat des vingt-sept pays européens, en particulier les dix-sept qui ont choisi l'euro comme monnaie nationale, est un cas d'école qui n'aurait jamais dû arriver. Un Etat ne pouvait pas être en défaut de paiement. Ce qui donnait aux obligations d'Etat un profil de placement sécurisé. A présent ce n'est plus le cas avec l'effacement de la moitié de la dette grecque et du refinancement de l'autre moitié à des taux moins élevés. Le mouvement de décollecte opéré en septembre sur l'assurance-vie à hauteur de 1,8 milliard d'euros montre que les épargnants Français ont déjà anticipé. A tort ? La question se pose.

l'assurance-vie est fortement ébranlée par la crise autour de la dette
L'assurance-vie est fortement ébranlée par la crise autour de la dette souveraine. © Andreas Mueller - Fotolia

Les rachats de contrat d'assurance-vie s'expliquent peut être plus par la montée des difficultés des ménages à boucler leur fin de mois. "Nous notons une progression des rachats partiels d'un montant de 2 000 à 3 000 euros, indique Bernard Le Bras, directeur exécutif de Suravenir, filiale du Crédit mutuel Arkea. Ce qui correspond aux montants que les ménages auraient pu obtenir par un crédit à la consommation, mais ils ont préféré puiser dans leur épargne plutôt que s'endetter." Ce qui s'apparente à un acte de bonne gestion face à un avenir incertain et une anticipation d'une éventuelle baisse de revenu. De son côté, Gisèle Cuniot, directrice du pilotage des risques actuariels, juridiques et financiers de Mutavie, filiale spécialisée dans l'épargne assurance-vie de la Macif, souligne que "le taux de sortie est conforme aux prévisions liées à l'arrivée régulière de contrats à maturité, mais constate une baisse du montant des versements".

Une communication en temps réel

Dans le même temps, il y a ceux qui viennent de comprendre bien malgré eux que la dette d'Etat n'était pas sans risque et qu'il existait un risque de perdre leur capital. Or ils ont été friands des fonds euros, qui leur permettaient de dormir sur leurs deux oreilles. Réaction immédiate : sortir d'un produit avec lequel ils ont l'amère impression de s'être fait avoir. Et ce sentiment va peser lourd dans la perception de l'utilité de détenir ou pas un contrat d'assurance-vie dans les mois à venir. Il y a là un vrai défi de communication pour le monde bancaire et de l'assurance. L'image du produit financier choyé par les Français est écornée mais difficile pour le moment d'en mesurer la réelle ampleur.

Depuis juillet 2011, les assureurs ont mis en place une communication de crise à destination de leurs clients.

"Nous avons une volonté d'échange forte avec les clients, notamment via les conseillers en agences, souligne la direction du Crédit agricole. Notre groupe leur envoie régulièrement des argumentaires, au fil de la crise que nous traversons, pour répondre aux questions des clients. Nous avons aussi des réunions d'actionnaires clients que nous avons faites avec l'implication de la direction générale en régions : Lorient, Marseille, Clermont en septembre et octobre, Nantes en novembre prochain. Un mail et un numéro vert sont également mis à leur disposition."

Les assureurs n'ont pas attendu le mois de septembre 2011 pour rassurer et éclairer leurs clients. "Nous faisons beaucoup de communication depuis 2008, signale Marcel Kahn, directeur général de la MASCF. Il est important de communiquer clairement et souvent sur ce qui se passe." Sans surprise le premier outil utilisé est Internet : tous les assureurs ont mis en ligne des contenus pour expliquer, informer et tenter de rassurer leurs clients. Cette communication de crise est particulièrement active depuis le début de l'été et la première décote de 21 % de la dette grecque. Et elle va s'accélèrer tout au long du mois de novembre et au moment de l'annonce des taux de rendement versés pour 2011 et garantis pour 2012.