Pour arrêter de travailler avant 60 ans, il faut se constituer un capital mais aussi le sécuriser, faute de quoi, vos projets pourraient être fortement contrariés. Gilles Vasse, directeur de la Banque Privée Barclays, et Thierry Augier, directeur général de Fortis Epargne Retraite, vous apportent leurs conseils.

 

Sur quoi repose la sécurisation d'un capital ?

Gilles Vasse : On doit en premier lieu conjuguer le risque et le rendement avec son âge et ses objectifs. Il arrive parfois que les clients, bien qu'âgés, restent prêts à prendre des risques. Ce n'est pas prudent. Le souci permanent doit être de faire évoluer la répartition des actifs investis et de sécuriser de plus en plus le capital, à mesure que l'on avance dans l'âge.

 

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Thierry Augier, directeur général de Fortis Epargne Retraite
© Fortis
 
"Avec l'épargne salariale, le risque est mutualisé et mieux contrôlé"

Thierry Augier : Le temps est déterminant sur le risque pris, quelle que soit la gestion. Ce qui n'est pas risqué à court terme, peut l'être à long terme. Et vice-versa. A long terme, il faut chercher la performance contre le risque d'inflation. Les actions - et tous les actifs réels comme l'immobilier - constituent un bon rempart. Sur un horizon à trois ans, il y a un vrai risque de perdre une partie de son capital. Or ce n'est pas l'objectif recherché. Sur un terme plus long, il y a peu de risque. Un individu a le temps pour lui mais il ne s'en rend pas compte. Il supporte mal de voir baisser son capital au-delà de 5% à un moment donné, contrairement à un institutionnel. Mieux vaut mettre le capital sur un placement monétaire ou garanti s'il n'a pas le temps devant lui.

 

Comment moduler son risque en fonction de son âge ?

Gilles Vasse : Une personne de trente ans peut se permettre d'avoir une gestion plus dynamique et plus risquée qu'une personne s'approchant de l'âge de la retraite. Au-delà de cette période, il faut se poser la question du niveau de risque pris. Et si on le maintien ou pas.

Au-delà de 55 ans, il est souhaitable d'alléger les positions risquées et de se réorienter en partie vers des supports tels que les fonds à formule, par exemple dont la performance dépend d'une formule mathématique. Ces placements sécurisent partiellement le capital mais ne le garantissent pas. Ils proposent des rendements élevés de l'ordre de 7 à 8 %, contre 4 à 4,7 % pour un fonds en euros.

De manière générale à quelques mois de la cessation d'activité, il est préférable que l'allocation des actifs bascule vers des produits sécurisés pour progressivement atteindre 70 % sécurisés, contre 30 % sur des produits risqués. Cette dernière part devant être considérée comme jamais perçue au final.

 

Quel produit financier convient le mieux selon l'âge auquel on investit ?

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Gilles Vasse, directeur de la Banque Privée Barclays
© Elise Severe
 
"Conjuguer le risque et le rendement avec son âge et ses objectifs"

Gilles Vasse : Quand on a trente ans, le PEA apporte tous les avantages pour investir sur des supports dynamiques que sont les actions et les fonds. A tout moment, il est toujours possible de réorienter ses actifs avec des supports plus sécurisés.

Jusqu'à 45 ans, on peut investir totalement en actions. Au-delà, il faut réduire la voilure et s'orienter vers des produits investis en taux par exemple. Je conseille aussi de souscrire le plus tôt possible à une assurance-vie, même en parallèle de son PEA. C'est un placement sur une longue période. Or, nous ne savons pas si les avantages, dont on bénéficie en souscrivant aujourd'hui, seront toujours d'actualité demain.

 

Que pensez-vous de l'immobilier ?

Gilles Vasse : L'immobilier est le sujet d'investissement préféré des français, et à juste titre. C'est un placement qui rapporte à très long terme, mais il faut être très attentif à la qualité du bien (localisation, prestation, etc.). D'ailleurs, la résidence principale est, en soit, le premier investissement en prévision de la retraite. A court terme, il est possible de réduire son imposition grâce à des dispositifs comme Robien ou Borloo. Et à l'âge de la retraite, le loyer assure une partie des revenus. Dès la cessation d'activité il faut éviter d'être endetté. Passés 50 ans et dans tous les cas à 60 ans, il vaut mieux éviter l'endettement pour investir dans l'immobilier à moins que cet investissement soit aussi un outil de défiscalisation, et que la ressource utilisée pour le remboursement de l'emprunt n'ampute pas le budget.

 

Quels sont les risques pris avec l'épargne salariale ?

Thierry Augier : L'épargne salariale est plus complexe que l'épargne individuelle. Elle est co-négociée par l'employeur et les responsables syndicaux. Il faut que les directions en ressources humaines expliquent bien la prise de risque et accompagnent les salariés.

L'épargne salariale ne manque pas d'atouts. Ce placement collectif permet d'obtenir des frais d'entrée et de gestion plus faibles qu'un placement individuel comme l'assurance-vie. L'économie peut atteindre généralement 1% par an et plus. Sur 20 ans, cela représente une somme conséquente.

De plus, tout le monde est dans le même bateau. Ce qui permet de profiter d'une expertise et d'un contrôle collectif. Contrairement à un placement individuel, l'ensemble des salariés, qui ont un PEE, regardent l'évolution des placements et peuvent mettre en lumière des dérives. Ainsi, le risque pris est mutualisé et mieux contrôlé.

 

Entre le PEE, le PERP et le PERCO, quel produit conseillez-vous de privilégier ?

Thierry Augier : Il faut faire attention aux unités de compte dans le PERP. Là contrairement au PEE, le choix est individuel. Il faut l'appui d'un conseiller patrimonial pour ce produit qui ne s'adresse pas à tout le monde… S'il fallait faire un choix, j'opterai pour le PERCO, un outil efficace.



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