« Bien vieillir, c'est avant tour accepter son âge »

Les 50-65 ans ne se sont jamais sentis aussi jeunes… C'est l'un des principaux enseignements du premier baromètre réalisé sur cette tranche d’âge. Voici les grandes tendances révélées par ce baromètre.

Une population encore très active

Le baromètre de Vauban-Humanis, de l'institut Harris Interactive et des chercheurs de l'Université Paris Dauphine se concentre sur les 50 ans et plus. Au total, 1 000 seniors actifs et jeunes retraités (60 % actifs, 40 % inactifs) ont été interrogés de la fin juin à la fin juillet 2010, par l'intermédiaire d'une enquête par Internet et d'un blog collaboratif. 50 ans, c'est l'âge des premiers bilans, et le moment où les uns et les autres songent à préparer la « deuxième partie » de leur vie. Dans le cadre du baromètre, la retraite n'a pas été considérée comme un caractère distinctif. Même à la retraite, les 50-65 ans restent très actifs et décidés à profiter de la vie. Si 14 % des sondés seulement déclarent avoir conservé une activité professionnelle -identique ou réduite- au moment de la retraite, ils intensifient nettement les activités extra-professionnelles.

Le critère d'activité ou de non-activité ne change rien à leurs habitudes, qui sont simplement accentuées. Les personnes qui ont coutume de voyager le font davantage, les occasions de sociabilité sont simplement plus nombreuses, et l'engagement associatif plus fréquent. Ces résultats s'expliquent par le besoin de rester utile et de continuer à occuper une place dans la société, mais aussi par la peur de l'isolement ou de la solitude.

Sans surprise, les centres d'intérêt qui sont tout particulièrement partagés entre les actifs et les inactifs sont les découvertes et les sorties, la famille, le bénévolat et les activités culturelles et artistiques. Les "seniors" panachent les loisirs solitaires (télévision, lecture, radio, bricolage...) et les moments d'échange en famille ou entre amis. Lorsqu'ils sont à la retraite, ils ont envie de conserver du temps pour eux et de mener à bien de nouveaux projets.



 

Tiraillés entre plaisir et devoir

A travers cette enquête, j'ai constaté avec étonnement que la tranche d'âge des 50-65 ans est très partagée entre l'envie de profiter de la vie et celle d'aider et de s'occuper de sa descendance.

80 % d'entre eux déclarent garder leurs petits-enfants de façon ponctuelle, en dépannage, et 39 % à l'occasion des vacances scolaires. Mais 20 % déclarent ne jamais les garder ou presque. Ils sont tiraillés entre la sérénité et le bien-être matériel que leur procure leur âge et l'inquiétude dans laquelle les plonge la situation de leurs parents et de leurs enfants, mais aussi les premiers signes de vieillissement qu'ils peuvent ressentir ou observer chez leur conjoint.

Certains des enfants de ces "seniors", s'ils ont quitté la maison, ne sont pas encore tout à fait installés dans la vie. En difficulté financière, ils vivent dans une situation de précarité qui inquiète leurs parents.

De l'autre côté de l'échelle des âges, les parents des 50-65 ans vieillissent et cumulent les ennuis de santé, contribuant à les faire entrer dans la dépendance. Cette proximité avec la maladie les préoccupe et les renvoie à leur propre perception de la vieillesse. Pour 40 % d'entre eux, la dépendance physique marque le passage à la vieillesse, tandis que 14 % des sondés la place plutôt au moment de l'entrée dans une maison de retraite et 12 % des sondés, de la maladie.

Ce n'est d'ailleurs, curieusement, que lorsqu'ils sont confrontés à la dépendance physique de leurs parents que les personnes de cette tranche d'âge acceptent de réfléchir à leur propre dépendance. Ils peuvent alors envisager de mettre en place des solutions de prévoyance pour faire face à ces événements de la vie. De même, l'organisation de la transmission de leur patrimoine à leurs enfants ou leurs petits-enfants n'est abordée qu'au décès de leurs propres parents, comme si une génération devait chasser l'autre. Il semble que, lorsque l'on a encore ses parents, on ne sent pas vieux !

 

Dans leur tête, les "seniors" ont 43,9 ans !

L'ensemble de ces éléments modifie en effet la perception que les seniors ont de leur âge. L'un des enseignements les plus intéressants du baromètre est le concept d'âge subjectif, qui apparaissait déjà dans les travaux menés par Denis Guiot, l'un des chercheurs de l'Université Paris Dauphine. Deux âges subjectifs coexistent dans l'esprit des « seniors » : l'âge subjectif physique et l'âge subjectif intellectuel. Alors qu'en moyenne les sondés ont 56,8 ans, ils se donnent physiquement 51,6 ans. Mais c'est avec l'âge intellectuel que le décalage s'accentue fortement, puisque, dans leur tête, les « seniors » ont 43,9 ans !

Paradoxalement, dans le même temps, 90 % des personnes interrogées estiment que bien vieillir, c'est avant tout accepter son âge.