Assurance vie : le déclin des fonds en euros est-il inéluctable ?

Les rendements des fonds en euros d’assurance vie ont continué à s’éroder en 2014. S’ils garantissent toujours une sécurité sans faille du capital investi, il devient quand même préférable d’explorer d’autres voies que ces fonds classiques car ce déclin a toute chance de s’accélérer dans les prochaines années.


















Les contrats d’assurance vie en euros sont parmi les placements préférés des Français pour plusieurs raisons qui se sont révélées valables depuis maintenant de nombreuses années. Ces contrats présentent essentiellement trois avantages :

  1. Un régime fiscal favorable pour les revenus, les plus-values et les droits de succession
  2. Un capital garanti
  3. Un rendement plus attrayant que celui des obligations à l’émission, du moins pendant les périodes où les taux sont orientés à la baisse.

Si les deux premiers de ces atouts ne sont pas actuellement mis en question, le moment paraît venu d’examiner avec lucidité le sort qui attend le troisième.

Le rendement des fonds en euros est impacté par la baisse des taux


Comme on peut le voir sur le graphique, l’évolution des rendements des fonds en euros suit les variations des taux français des OAT à dix ans, avec toutefois un certain décalage. A première vue, il peut sembler magique que ces fonds aient encore eu la possibilité de verser à leurs porteurs un intérêt moyen de 2.4% en 2014 alors que les OAT à l’émission ne rapportaient plus que moins de 1%. C’est en fait le résultat de l’effet d’inertie apporté par des modes de calcul parfois critiqués, mais conformes à  la législation (voir note ci-dessous). Ces Fonds sont en effet autorisés à verser un rendement proche du rendement moyen du stock d’obligations qu’ils détiennent. Ces obligations ont été acquises au fur et à mesure des souscriptions nettes reçues historiquement par le Fonds.

Au cours des dernières décennies, les taux des OAT anciennes ont toujours été nettement supérieurs à leurs taux d’émission récents. Avec la pondération croissante des obligations OAT à taux bas entrées ces dernières années dans l’actif des Fonds en euros, le taux moyen servi à leurs porteurs va néanmoins continuer à baisser inexorablement. Il ne pourra remonter que lorsque deux conditions seront réunies :

  1. Les taux des OAT nouvellement acquises auront remonté suffisamment pour dépasser les rendements servis par les Fonds.
  2. Le mix des obligations détenues par le Fonds sera redevenu favorable. En d’autres termes, leur stock sera de nouveau composé en majorité d’obligations à taux élevés.

Une affaire de longue haleine car les lois de l’inertie, après avoir freiné la baisse du rendement des Fonds en euros, retarderont longtemps leur remontée au cours de cette phase.  Cette évolution inéluctablement prévisible devrait engager les clients des assureurs à se tourner, au moins pour une part de leur épargne, vers les Fonds en unités de compte.  


NOTE

Le Gouverneur de la Banque de France a récemment froncé les sourcils sur ce mode de fonctionnement, mais sans encore prendre aucune mesure. Tant que la grande majorité des souscripteurs d’un contrat y restent assez longtemps, l’effet est simplement de leur faire manger leur pain blanc en premier. Accessoirement, les nouveaux souscripteurs sont avantagés au détriment des anciens. Une distorsion bien utile pour en attirer de nouveaux. Plus grave, certaines compagnies d’assurance pourraient finir par être mises en péril. Mais dans ce cas assez improbable, les fonds de garantie et la solidarité de place protégeraient les petits souscripteurs.