Quand Marine Le Pen insultait Gérald Darmanin en pleine Assemblée

Quand Marine Le Pen insultait Gérald Darmanin en pleine Assemblée Le ministre de l'Action et des Comptes publics est l'invité de l'Emission politique sur France 2 ce jeudi pour porter la contradiction à Marine Le Pen. Les deux s'étaient déjà frottés à l'Assemblée, en juillet dernier...

[Mis à jour le 19 octobre 2017 à 23h48] Il est souvent considéré comme le ministre qui n'a peur de rien. L'ex maire LR de Tourcoing a grimpé les échelons pour se faire une place au sein du gouvernement de la République en Marche, à seulement 35 ans. Depuis le 17 mai dernier et sa nomination au poste de ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin est devenu l'un des visages clés du gouvernement. C'est sans doute ce qui a poussé France 2 à l'inviter pour débattre avec Marine Le Pen ce jeudi soir, lors de l'Emission politique. Dès le début du débat, les deux politiques se sont affrontés sur un sujet de discorde : les quartiers populaires. Il a directement interpellé la chef de file du FN sur la réforme qui prévoit de doubler les classes des réseaux d'éducation prioritaire. Le ministre a également interrogé Marine Le Pen sur la taxe d'habitation, la fiscalité, ou encore la précarité en France. Marine Le Pen reproche notamment au gouvernement actuel d'engendrer de la "precarité" et un "déracinement" à cause de la réforme du Code du travail. Le ministre a également profité de ce rendez-vous pour évoquer presque directement le rapprochement politique entre Marine Le Pen et Laurent Wauquiez, pressenti pour être président des Républicains : "Je vous pose des questions. Quand madame Salamé m'invitera, peut-être un jour dans son émission, vous ou monsieur Wauquiez me poserez des questions, y'aura aucun problème'", s'est amusé Gérald Darmanin.

Les deux personnalités politiques se sont récemment illustrées dans l'Hémicycle pour une joute verbale particulièrement virulente. C'était le 13 juillet dernier. Gérald Darmanin, qui défendait alors le report du prélèvement de l'impôt à la source à 2019, avait peu goûté les applaudissement des députés frontistes après l'intervention d'un élu de droite. "Il était un temps où, quand on siégeait sur ces bancs [de l'Assemblée], c'était une honte de se faire applaudir par le Front National", avait lancé le ministre en direction des élus. De quoi faire sortir Marine Le Pen de ses gonds : "Pas de leçon de morale, Judas !", avait crié l'ancienne candidate à la présidentielle, en référence à ces Républicains qui avaient rejoint Emmanuel Macron pour un maroquin. "A la différence de vous madame Le Pen, Judas restera dans l'histoire", avait alors sèchement rétorqué l'intéressé. Le natif de Valenciennes est un anti-Front National pur et dur et il n'hésite pas à mettre la langue de bois de côté pour l'assumer. "Moi, face à Le Pen, j'aurais voté pour Hollande, voire pour Mélenchon", avait-il déclaré.

Espoir de la droite devenu ministre de Macron

Avant de devenir ministre, Gérald Darmanin avait une carrière toute tracée chez les Républicains. Celui qui a vite gagné la confiance d'Emmanuel Macron a longtemps été considéré comme l'une des étoiles montantes de la droite républicaine. D'abord proche de Xavier Bertrand puis de Nicolas Sarkozy, ce fils d'un tenancier de bar et d'une femme de ménage a enchaîné les campagnes électorales au sein du parti de droite. Il a successivement dirigé les campagnes de Christian Vanneste pour les élections législatives de 2007, et les municipales de 2008, puis s'est engagé auprès de David Douillet lors de la campagne législative de 2009. Un an plus tard, il est élu Conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais. Il est alors âgé de 27 ans. En 2012, il remporte l'élection législative dans la 10e circonscription du Nord, après que l'UMP a décidé de retirer son investiture à Christian Vanneste, son ancien chef.

Le député cumulera ce poste durant deux ans avec celui de maire de Tourcoing, avant de laisser sa place pour se concentrer sur sa région, pour laquelle il est élu vice-président du conseil régional, le 13 décembre 2015. Avec Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, il est donc l'un des quatre transfuges de la droite républicaine à se placer au sein du gouvernement d'Edouard Philippe au printemps 2017. Il était d'ailleurs à l'origine de l'appel lancé à tous les représentants des familles de la droite et du centre à "répondre à la main tendue par le président de la République".

Une initiative payante puisque non seulement il fait partie du gouvernement, mais il en est devenu un pion essentiel. Dans un portrait que lui consacre Le Figaro, son aisance et sa tonicité sont mises en avant selon les dires de députés qui le côtoient à l'Assemblée nationale. De gauche à droite, en passant par le centre, Darmanin a su se faire respecter. "On n'est pas d'accord sur le fond, mais Gérald Darmanin porte un discours politique sur les questions budgétaires. Il ne débite pas une sauce technocratique, il ne lit pas des fiches comme tant d'autres", déclare Valérie Rabault, députée Nouvelle Gauche, dans Le Figaro. C'est sans doute cette "aisance" et ce discours anti-techo  qui ont séduit les dirigeants de France 2, et qui pourrait le révéler ce soir face à Marine Le Pen.