Volkswagen : Matthias Müller, un nouveau patron pour sortir de la crise

Volkswagen : Matthias Müller, un nouveau patron pour sortir de la crise Volkswagen tient son nouveau président du directoire. Matthias Müller succède à Martin Winterkorn, qui a présenté sa démission mercredi en plein scandale sur une fraude touchant les moteurs du groupe.

[Mis à jour le 25/09/2015 à 18h48] L'assemblée générale de Volkswagen, réunie ce vendredi au bout d'une semaine folle qui a vu le groupe plonger en bourse après l'annonce et la confirmation d'une fraude sur les contrôles anti-pollution, a livré son verdict ce vendredi. Le nouvel homme fort du groupe se nomme bien Matthias Müller. L'actuel Président du Conseil de Surveillance, Berthold Huber, a confirmé à la presse allemande l'information et a évoqué un "désastre moral" pour décrire la fraude de Volkswagen. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung précise que ce dernier a demandé à Matthias Müller de prendre la direction du groupe et que celui-ci a accepté. Cette nomination n'est pas une surprise. La presse allemande citait déjà son nom en début de semaine alors que le départ de Martin Winterkorn n’était alors qu’une hypothèse. Matthias Müller, qui dirigeait l'une des nombreuses branches du groupe, Porsche a notamment été préféré à Rupert Stadler aujourd’hui à la tête d'une autre filiale : Audi. Âgé de 62 ans, Matthias Müller aura la lourde tâche de gérer l’immense scandale des moteurs truqués, une gigantesque fraude qui toucherait 11 millions de véhicules dans le monde, dont un million en France selon l’estimation de l’agence Inovev pour France Info ce vendredi.

L’homme est un pur produit du groupe Volkswagen et son parcours représente un atout important à l’heure où les critiques s’abattent et les doutes envahissent à la fois les investisseurs mais aussi les salariés. Matthias Müller est en effet un symbole à lui tout seul. Né à Chemnitz en 1953 donc en Allemagne de l'Est mais au sein d'une famille qui émigrera rapidement en RFA (avant la construction du mur de Berlin en 1961), il a débuté chez Audi dans les années 1970 en tant qu’apprenti outilleur dans l’usine historique de la marque aux anneaux à Ingolstadt avant d'entreprendre des études d'informatique puis de connaître de multiples expériences au sein du mastodonte de l’automobile allemande. Chef de produit chez Audi dans les années 1990, il participe au net redressement de la marque notamment en s’occupant de l’Audi A3 lancée en 1996, l’un des modèles les plus vendus par la firme aux anneaux durant la décennie. Il rejoindra ensuite Volkswagen en tant que directeur de la stratégie produits jusqu’en 2010 avant une première consécration : la direction d’une des branches les plus prestigieuses du groupe, Porsche tout juste racheté par Volkswagen. Sous sa direction, la firme de Weissach confirmera sa bonne santé financière (il s’agit de l’une des marques les plus rentables au monde), verra ses ventes bondir de près de 30% tout en retrouvant le succès sur les circuits avec la victoire aux 24 Heures du Mans en juin dernier face au cousin Audi. Mi-septembre, il était encore sur le stand de Porsche au salon de Francfort, visiblement très fier de sa dernière surprise, un concept-car 100% électrique de 600 chevaux à l'autonomie de 500 kilomètres, le Porsche Mission E Concept.

Le plus grand défi de sa longue carrière l’attend désormais : rassurer les investisseurs et les salariés, redresser les comptes du groupe (qui vient de perdre plusieurs milliards de capitalisation boursière), gérer le scandale et les nombreux procès à venir aux Etats-Unis mais aussi la vague de départs annoncée dans l’état-major du groupe tout en s’épargnant une chasse aux sorcières. Il lui faudra aussi composer avec le mode de gouvernance très particulier du groupe avec un capital détenu à majorité par les familles fondatrices Piech et Porsche, les représentants des salariés (qui détiennent la moitié des sièges au conseil de surveillance) et de la région via le Land de Basse-Saxe également actionnaire. Le pouvoir pourrait en effet encore intervenir. La région de Basse-Saxe, fief de l’ancien chancelier Gerhard Schröder, possède en effet 20% des parts de l’entreprise qui emploie près de 80 000 personnes rien que dans la ville de Wolfsburg. Matthias Müller devra donc se démultiplier lors d'une présidence qui ressemblera à un interim avant sans doute un changement de génération à la tête de l'entreprise. Un sacré défi à la hauteur d’un des groupes industriels les plus puissants au monde et l’un des symboles de la manufacture allemande.