André Gide : biographie de l'auteur des Faux-monnayeurs

André Gide : biographie de l'auteur des Faux-monnayeurs BIOGRAPHIE ANDRÉ GIDE - Écrivain français, André Gide s'est engagé contre les abus des sociétés coloniales et le totalitarisme. Il est connu pour avoir remis en cause les codes du roman traditionnel avec "Les Faux-monnayeurs".

Biographie courte d'André Gide - Né en 1869 à Paris, André Gide grandit dans une famille aisée. Il est confronté très jeune à la mort de son père et est élevé par une mère pieuse et très protectrice. Il connaît une scolarité agitée : changements d'établissement, maladies, cours particuliers… Il se lie d'amitié avec Pierre Louÿs au lycée. Après ses études, il fréquente les salons littéraires parisiens. Avec la publication des Cahiers d'André Walter en 1891, Gide se fait connaître des milieux intellectuels de la Capitale. Il fait la connaissance de Stéphane Mallarmé et entame une correspondance épistolaire avec Paul Valery. L'influence du mouvement littéraire symboliste se fait ressentir dans ses premiers ouvrages, bien qu'il s'en détachera par la suite. Ses nombreux voyages ainsi que le décès de sa mère en 1895 permettent à Gide de s'ouvrir au monde. Sa rencontre avec l'écrivain Oscar Wilde est déterminante dans sa construction personnelle et lui permet d'assumer son homosexualité. Il se marie malgré tout avec sa cousine Madeleine en 1895.

André Gide écrit des chroniques pour des revues à partir de 1898. La même année, il apporte son soutien à Alfred Dreyfus, accusé d'espionnage lors de l'affaire éponyme. Il participe à la création de la NRF, la Nouvelle Revue Française (1908), et en devient le directeur entre 1909 et 1914. Il entame une liaison avec Marc Allégret, de 31 ans son cadet, et s'éloigne de ses obligations conjugales. Les années 1920 marquent l'apogée de sa carrière d'écrivain, avec entre-autres La Symphonie pastorale (1919) et Les Faux-monnayeurs (1925). Son voyage au Congo entre 1926 et 1927 l'incite à dénoncer les pratiques coloniales perpétrées par les occidentaux. D'abord partiellement séduit par l'idéologie communiste, il fait part de son animosité pour le régime stalinien après un voyage en URSS en 1936. Il se montre tout aussi virulent devant la montée du fascisme en Europe dès le début des années 1930. Il refuse de s'associer au régime collaborationniste de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale et se retire jusqu'à la Libération. Pour récompenser sa carrière d'écrivain, André Gide se voit décerner le prix Nobel de littérature en 1947. Il s'éteint en 1951, à l'âge de 81 ans.

Les Faux-monnayeurs : l'ouvrage majeur d'André Gide

André Gide portrait
Portrait d'André Gide, croquis de Théo Van Rysselberghe © MARY EVANS/SIPA

Les Faux-monnayeurs est le livre le plus influent écrit par André Gide. Publié en 1925, le roman est difficile à appréhender au premier abord. En effet, Gide mélange plusieurs intrigues et fait intervenir de nombreux protagonistes aux destins qui s'entremêlent. Le titre s'explique pour différentes raisons. D'abord parce qu'il est effectivement question d'une affaire de trafic de fausse monnaie parmi l'une des trames narratives. Mais aussi parce que le romancier Edouard, l'un des personnages principaux, est lui-même en train d'écrire un livre intitulé Les Faux-monnayeurs. Cela crée une mise en abyme et une difficulté supplémentaire pour le lecteur. Edouard est en quelque sorte un alter ego de Gide, en proie au doute lors de l'écriture de son roman.

Plusieurs thèmes sont abordés dans le livre. D'abord la construction de l'identité, le passage de l'adolescence à l'âge adulte et l'amitié entre Bernard Profitendieu et Olivier Molinier. Les deux amis vont, au fil du récit, prendre des routes opposées, en accord avec leur personnalité et leur façon d'appréhender le monde. Ensuite, la complexité des relations amoureuses, que ce soit entre le frère aîné d'Olivier et Laura ou bien entre Olivier et son oncle Edouard. Enfin, la prédominance des incompréhensions, des non-dits et du mensonge entre les protagonistes est centrale. C'est d'ailleurs cette difficulté de s'exprimer qui est à l'origine des différentes intrigues. Avec Les Faux-monnayeurs, André Gide s'impose véritablement comme un auteur majeur. Il rompt avec les codes traditionnels du genre romanesque, comme le montre la discursivité du schéma de narration et la mise en abyme. Il est possible que ce livre ait posé les prémices du Nouveau Roman, un mouvement littéraire initié par des écrivains comme Alain Robbe-Grillet et Nathalie Sarraute. Les Faux-monnayeurs a été adapté en téléfilm par Benoît Jacquot.

L’œuvre littéraire d'André Gide : ses livres

André Gide Les nourritures terrestres
Edition originale des "Nourritures terrestres", gravure sur bois, Louis Jour © MARY EVANS/SIPA

La carrière d'André Gide, longue d'une cinquantaine d'années, est particulièrement prolifique. Son livre Les Faux-monnayeurs (1925) lui a permis de s'affirmer en tant que romanciers. Mais en dehors de cet ouvrage, Gide a publié d'autres titres ayant rencontré un certain succès. Parmi les plus notables, Les Nourritures terrestres (1897), il s'agit d'un poème en prose sur l'exaltation des sens et un retour à l'état de nature. Dans L'Immoraliste (1902), Gide narre le récit d'un homme qui change radicalement de comportement après avoir failli mourir lors de son voyage de noces, en tentant de s'affranchir des conventions sociales établies et de toute morale. Il décide dans La Porte étroite (1909) de prendre le contre pied de L'Immoraliste en mettant en scène un triangle amoureux et un récit centré autour de la résignation et du rejet des pulsions amoureuses. Les prémices des Faux-monnayeurs se font ressentir dans Les Caves du Vatican (1914). Il s'agit d'une sotie moderne qui mêle plusieurs intrigues tout en interrogeant le lecteur sur des concepts d'ordre religieux ou philosophique, par exemple sur la gratuité d'un acte. Dans La Symphonie pastorale (1919), André Gide raconte l'histoire d'un pasteur qui recueille et tombe amoureux d'une jeune fille aveugle, qui après une opération recouvre la vue et sombre dans la folie. Il dresse un portrait critique de l'amour, de la non-compatibilité de la religion avec les sentiments et d'une éducation biaisée par la volonté de ne montrer que les côtés positifs du monde.

André Gide est également à l'origine d'ouvrages plus personnels. Dans son essai intitulé Corydon (1924), il livre sa vision de l'amour, sur son rapport aux actes homosexuels. Il raconte une partie de sa vie dans son récit autobiographique Si le grain ne meurt (1926), de sa jeunesse jusqu'à son mariage à Madeleine. Récit qu'il poursuivra dans Et nunc manet in te (1938), peu de temps après la mort de son épouse et où il y décrit en particulier sa vie conjugale. Enfin, dans Voyage au Congo (1927) et Retour de l'URSS (1936), il effectue les critiques respectives, suite à ses voyages, des abus du colonialisme au Congo et du communisme sous Staline. Gide a également écrit plusieurs pièces de théâtre, avec moins de succès que ses livres. Parmi les plus notables : Philoctète (1899), Le Roi Candaule (1901), Oedipe (1931) et Perséphone (1934).

André Gide : dates clés

22 novembre 1869 : Naissance d'André Gide
André Paul Guillaume Gide naît le 22 novembre 1869 dans le 6e arrondissement de Paris. Il est fils unique. Son père Paul Gide, originaire du Gard, est professeur de droit à la faculté de Paris (actuelle Université Panthéon-Sorbonne). Le jeune garçon est profondément marqué par la mort de son père. Il est par la suite élevé par sa mère Juliette Rondeaux, d'origine normande et éduquée dans la foi protestante. Il est très proche de sa cousine Madeleine Rondeaux, qu'il épouse en 1895. Gide commence sa scolarité à l’École alsacienne, avant d'être renvoyé pour des troubles psychologiques. Il alterne ensuite entre les établissements et les professeurs particuliers, avant de retourner à l’École alsacienne et d'obtenir un baccalauréat de philosophie en 1889.
13 novembre 1947 : André Gide obtient le prix Nobel de littérature
L'écrivain français André Gide se voit décerner le prix Nobel de littérature. Il est le 7ème écrivain français à le recevoir depuis la création du prix.
19 février 1951 : Mort d'André Gide
André Gide décède le 19 février 1951 à son domicile parisien des suites d'une congestion pulmonaire. L'écrivain français n'a pas eu de descendance de son épouse Madeleine, mais il est le père de Catherine Gide, qui deviendra par la suite écrivaine comme lui. Elle est issue d'une relation adultère avec Élisabeth Van Rysselberghe, la fille de Théo Van Rysselberghe, un peintre belge de ses amis. Le corps de Gide repose aux côtés de celui de Madeleine dans le cimetière de Cuverville, en Normandie. C'est dans cette ville que l'auteur des Faux-monnayeurs s'est marié, et a passé une partie de sa vie. Il avait élu domicile au château de Cuverville, appartenant à la famille de son épouse depuis 1835.

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