Dalaï-Lama : la langue "à sucer"... après plusieurs polémiques

Dalaï-Lama : la langue "à sucer"... après plusieurs polémiques Le dalaï-lama vient de publier ses excuses à un enfant indien après la fuite d'une vidéo où le leader tibétain lui demande de lui "sucer la langue". L'homme n'en est pas à son premier geste déplacé.

Plus d'un mois après les faits, une vidéo du Dalaï-Lama devient virale. Le 28 février dernier, le chef spirituel tibétain a proposé à un enfant de lui "sucer la langue". Cela s'est passé à Dharamsala, en Inde, lieu d'exil depuis 1959. Face au tollé des réactions sur les réseaux sociaux, le compte Twitter du prix Nobel de la paix en 1989 demande pardon au jeune garçons pour "la peine que ses paroles ont pu lui causer" durant cette audience organisée par la Fondation M3M, branche philanthropique du groupe immobilier du même nom.

Lors de cette audience où de nombreux jeunes sont présents, un garçon demande au dalaï-lama de pouvoir lui faire un câlin. En échange, le moine l'incite à recevoir un bisou. Il lui relève alors le menton pour embrasser la bouche de l'enfant. La scène fait rire l'assemblée, il sort alors sa langue en s'adressant ainsi au garçon déboussolé : "Suce ma langue"; lui dit-il. Le communiqué du dalaï-lama explique que "sa Sainteté taquine souvent les gens qu'il rencontre de manière innocente et ludique, même en public et devant les caméras. Il regrette l'incident."  Ce message ne mentionne qu'un "câlin" comme geste ayant pu affecter l'enfant.

Une liste de propos déplacés qui s'allongent

Cette vidéo s'inscrit dans un contexte délicat pour le dalaï-lama. Celui qui incarne universellement le mouvement pour l'autonomie du Tibet s'était déjà signalé en 2019 en estimant que seule une femme "très séduisante" pourrait lui succéder lors d'une interview avec la BBC. Le leader tibétain avançait que "les femmes, biologiquement, ont plus de potentiel pour montrer de l'affection et de la compassion".

Relancé par le journaliste Clive Myrie sur le sérieux de ses propos, le moine bouddhiste insistait : "Non c'est vrai ! Si survient une femme dalaï-lama, elle doit être très séduisante. Sinon ça ne sert pas à grand chose". Son service de communication tente alors de rétropédaler en affirmant que "sa Sainteté s'est opposée à ce que la femme soit traitée comme un objet et a constamment mis l'accent sur la nécessité pour les gens de se lier à un niveau plus profond, plutôt que d'être otages".

En 2013, c'est au micro de CBS qu'il fait part de son goût pour "les femmes séduisantes" et constate que "pour les maris, une large partie de l'argent est utilisée par les épouses". Selon Marion Dapsance, docteur en anthropologie des religions, "en 1996, il a été question d'établir une 'charte de bonne conduite' pour les lamas qui enseignent le bouddhisme en Occident. Il a refusé de la signer. Il ne veut sans doute pas donner l'image d'une communauté désunie". Le dalaï-lama refuse ainsi de réguler les actes des moines.

Une influence en perte de vitesse

Le Dalaï-Lama est un ennemi politique de la Chine. Il est le chef de la branche tibétaine du bouddhisme. Le terme "dalaï-lama" se traduit par "océan de sagesse". Suite à l'invasion du Tibet en 1951 par l 'armée chinoise et les révoltes populaires qui ont suivi, le leader spirituel vit en exil en Inde depuis 1959. Les autorités chinoises le considèrent comme un leader séparatiste  menaçant la sécurité au Tibet.

En 2011, Tenzin Gyatso, de son nom civil, a renoncé à son rôle politique de chef suprême en favorisant un pouvoir démocratique mais il reste la figure majeure du peuple tibétain en exil. Son aura s'est largement ternie depuis une dizaine d'années. Cela s'explique par l'influence chinoise de plus en plus puissante qui force certains pays à ne plus inviter le Dalaï-Lama sur leurs territoires. Ces déclarations sur les femmes ainsi que ce geste déplacé sur un enfant participent également à cette croissante disparition à l'international.

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