Gérard Collomb : "son" candidat battu à Lyon, fiasco pour l'ancien maire

Gérard Collomb : "son" candidat battu à Lyon, fiasco pour l'ancien maire Gérard Collomb a manqué son pari. S'il a laissé sa place à la métropole au candidat LR, Gérard Collomb avait misé sur Yann Cucherat pour les municipales à Lyon. Pari manqué puisque le candidat EELV Grégory Doucet l'a devancé.

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Gérard Collomb n'aura pas réussi à placer son candidat Yann Cucherat à la mairie de Lyon. Le candidat divers centre LR semble nettement battu avec 30,5% des voix contre 53,5% pour Grégory Doucet selon une première estimation d'Ipsos Sopra Steria. Qui l'eût cru il y a quelques mois ? Gérard Collomb, maire sortant de Lyon et ex-ministre, proche d'Emmanuel Macron, a totalement manqué son pari. Il avait déjà obtenu au premier tour des résultats décevants, se trouvant à la quatrième position des élections métropolitaines et le maire sortant de Lyon s'est alors allié avec Les Républicains après s'être retiré de la course à la métropole... Il misait alors tout sur Yann Cucherat, son poulain qu'il soutenait coûte que coûte dans sa course aux municipales mais, confronté à la montée des écologistes à Lyon, Gérard Collomb a tenté le tout pour le tout pour leur faire barrage à l'occasion de ces municipales 2020, quitte à s'allier avec la droite alors que le maire sortant est issu de la gauche.

Cette situation, Gérard Collomb la subit, mais il s'en estime responsable. Dans une interview accordée à Lyon Capitale, l'ancien ministre affirme qu'après avoir tant bonifié la capitale des Gaules, de nombreux étudiants sont venus s'y installer. Ces derniers seraient aujourd'hui, toujours selon Collomb, le cœur de l'électorat de l'écologisme lyonnais. "En tirant la ville vers le haut, nous avons pris des risques politiques. Mais je ne le regrette pas. C'est vrai par exemple que l'attractivité de nos universités et l'arrivée d'un grand nombre d'étudiants ont pu favoriser un vote vert extrême gauche", estime l'édile, comparant volontiers le vote marxiste au vote vert.

Quoi qu'il en soit, Gérard Collomb s'apprête à laisser sa place de maire après avoir été élu pour la première fois en 2001. "Ce n'est pas un effacement de la vie politique, je continuerai à siéger, mais il y aura un président de la métropole qui je l'espère sera François-Noël Buffet et un maire de Lyon qui sera Yann Cucherat. Je serai à leurs côtés évidemment de toutes mes forces", a-t-il confié récemment à Franceinfo. Une sortie jugée par certains comme ratée avec ces élections municipales, comme Yannick Jadot, l'une des figures des Verts, favoris à la succession de Gérard Collomb. "Johnny Hallyday disait 'le plus important, c'est l'entrée sur scène et la sortie de scène. Le reste, on fait ce qu'on peut'. Gérard Collomb, il rate sa sortie de scène", tranche l'eurodéputé, toujours auprès de Franceinfo. 

Retrouvez les résultats détaillés du scrutin du premier tour à Lyon (ville et métropole) :

Les résultats des municipales à Lyon

En attendant les résultat du second tour, retour sur les résultats du premier tour. C'est un lourd revers qu'a essuyé Gérard Collomb, maire sortant de Lyon : les Verts décrochent huit des neufs arrondissements de la ville, dont le 9e, fief de l'ancien ministre de l'Intérieur. Grégory Doucet arrive en tête de ce premier tour avec sa liste Europe Ecologie-Les Verts (EELV), qui a rassemblé 27,76% des suffrages, devançant ainsi largement Etienne Blanc pour Les Républicains (LR), second avec 16,6% des votes, puis, troisième, Gérard Collomb, qui peine à rassembler 14,55% des suffrages, soit 20 points de moins que le score qu'il avait réalisé au premier tour des municipales de 2014. 

  • Lyon : EELV 27,76% ; LR 16,6% ; LREM 14,55% ; LREM dissident 11,68% ; Lyon en commun 9,81% ; RN 5,29%.
  • 1er arrondissement : Sylvain Godinot (EELV) 31,87% ; Nathalie Perrin-Gilbert (Lyon en commun) 27,07% ; Myriam Fogel-Jedidi (LR) 9,73%.
  • 2e arrondissement : Valentin Lungenstrass (EELV) 23,52% ; Pierre Olivier (LR) 22,68% ; Denis Broliquier (Positivons Lyon) 18,71%. 
  • 3e arrondissement : Grégory Doucet (EELV) 30,86% ; Béatrice de Montille (LR) 17,74% ; Carole Burillon (LREM) 15,26%.
  • 4e arrondissement : Rémi Zinck (EELV) 30,37% ; Sylvie Palomino (LREM dissident) 18,61% ; Alexandre Chevalier (Lyon en commun) 14,54%.
  • 5e arrondissement : Nadine Georgel (EELV) 22,72 % ; Yann Cucherat (LREM) 19,85% ; Anne Prost (LR) 18,12%.
  • 6e arrondissement : Pascal Blache (LR) 35,60% ; Florence Delaunay (EELV) 21,88% ; Anne Brugnera (LREM dissident) 11,09%.
  • 7e arrondissement : Fanny Dubot (EELV) 33,97% ; Jean-Yves Sécheresse (LREM) 13,94% ; Loïc Graber (LREM dissident) 11,78%.
  • 8e arrondissement : Sonia Zdorovtzoff (EELV) 26,88% ; Charles-Franck Lévy (LREM) 19,10% ; Stéphane Guilland (LR) 13%.

Les résultats des élections métropolitaines

Ce premier tour des élections 2020 était donc inédit pour les Lyonnais, puisque divisé en deux scrutins : d'un côté, les élections municipales, de l'autre, le premier scrutin direct pour les quatorze circonscriptions de la métropole. Pour les élections métropolitaines, les listes EELV, comme à la ville, ont réalisé une grande moisson en arrivant en tête dans les cinq circonscriptions de Lyon, avec un score d'ensemble de 22,5%. Voici le détail, zone par zone :

  • Métropolitaines Lyon Ouest : Bertrand Artigny (EELV) 25,37% ; Gérard Collomb (LREM) 23,29% ; Thomas Rudigoz (LREM dissident) 19,26%.
  • Lyon Sud : Thomas Dossus (EELV) 32,68% ; Myriam Picot (LREM) 15,89% ; Nathalie Perrin -Gilbert (Lyon en commun) 12,14%.
  • Lyon Centre : Fabien Bagnon (EELV) 27,07% ; David Kimelfeld (LREM dissident) 20,76% ; Pierre Chambon (LREM) 13,23%.
  • Lyon Est : Isabelle Petiot (EELV) 28,80% ; Carole Burillon (LREM) 20,19% ; Guy Corazzol (LREM Dissident) 14,66%.
  • Lyon Nord : Florence Delaunay (EELV) 24,63% ; Pascal Blache (LR) 22,39% ; Richard Brumm (LREM) 17,77%. 
  • Lyon Sud-Est : Nathalie Dehan (EELV) 26,39% ; Louis Pelaez (LREM) 23,18% ; Michel Le Faou (LREM dissident) 12,91%.

Qui est Gérard Collomb ? Biographie

Agrégé de lettres classiques en 1970, Gérard Collomb s'engage dans une carrière de professeur mais n'en oublie pas moins ses convictions politiques qu'il exprimait déjà lors de son parcours d'étudiant. Dans la lignée des progressistes réformistes du parti socialiste, le jeune professeur veut redonner un second souffle au parti socialiste dans la région du Rhône, largement divisé à l'époque.

Dès 1974, ses efforts s'avèrent payants puisqu'il est élu à la tête de la section du 9ème arrondissement de Lyon. Sa carrière politique est lancée. A l'âge de 30 ans, en 1977, Gérard Collomb fait son entrée au conseil municipal de Lyon et devient quatre années plus tard le plus jeune député du Rhône, de 1981 à 1988. C'est à cette époque qu'il est nommé responsable des relations avec les autres mouvements politiques et les syndicats, avant de devenir secrétaire national du parti socialiste, en 1986. De 1989 à 1994, il siège au conseil économique et social. De 1992 à 1999, Gérard Collomb siège au conseil régional de Rhône-Alpes et c'est en 1995 qu'il est élu maire du 9ème arrondissement de Lyon grâce à une association avec le parti des Verts. Il devient ainsi le premier à expérimenter ce que l'on nommera plus tard la gauche plurielle.

En 1999, il ajoute à cette longue liste de mandats, celui de sénateur du Rhône qu'il confirme en 2004, puis en 2014. Mais son plus grand succès électoral, Gérard Collomb le réalise en 2001 lorsqu'il succède à Raymond Barre à la mairie de Lyon, contre ses deux adversaires d'alors, Charles Millon et Jean-Michel Dubernard. En 2008, il conforte cet exploit en étant réélu maire de Lyon dès le premier tour, gagnant par la même occasion six arrondissements supplémentaires. Lors de l'élection présidentielle de 2007, Gérard Collomb est l'un des rares à afficher son soutien à Ségolène Royal. Pour la présidentielle de 2012, il a soutenu la candidature de François Hollande dont il a intégré l'équipe de campagne comme responsable des relations avec les entreprises et les grandes métropoles.

En 2001, il est élu pour la première fois maire de Lyon, poste qu'il occupera jusqu'en 2017. Parallèlement, Gérard Collomb a été président de la métropole de 2015 à 2017. Cette année-là, il apporte son soutien à Emmanuel Macron lors de l'élection présidentielle et rejoint le parti La République en marche. De 2017 à 2018, il est nommé ministre de l'Intérieur au sein des premier et second gouvernements d'Edouard Philippe. Après quelques mois passés place Beauvau, il redevient maire de Lyon. Jusqu'à cet ultime rebondissement, au premier tour des élections municipales de Lyon, dimanche 15 mars 2020.

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